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Regards sur les programmes 2015 : construction de repères temporels et sensibilisation aux durées

temps mesures 2 Cet article se propose d'apporter quelques éléments d'éclairage sur les programmes pour l'école maternelle, à propos du domaine « Explorer le monde », plus particulièrement sur le chapitre « Se repérer dans le temps ».

Publié en juin 2015 par Danièle Perruchon, de la Mission Académique

Les programmes 2015 précisent que l’école maternelle est une école « qui organise des modalités spécifiques d’apprentissage : apprendre en jouant, en réfléchissant et en résolvant des problèmes, en s’exerçant, en se remémorant et en mémorisant. C’est une école où les enfants vont apprendre ensemble et vivre ensemble. »

Le domaine intitulé « Explorer le monde » (et non plus « Découvrir le monde ») y répond particulièrement bien. Il comprend deux parties : d’une part, « se repérer dans le temps et dans l’espace » et d’autre part « explorer le monde du vivant, des objets et de la matière ».

Dans cet article, nous nous intéressons à la construction des repères temporels et à la sensibilisation aux durées. Nous donnerons quelques pistes afin de répondre aux objectifs visés, inscrits dans les programmes : stabiliser les premiers repères temporels, introduire les repères sociaux, consolider la notion de chronologie, sensibiliser à la notion de durée.

Nous verrons que ces objectifs font aussi appel à d’autres domaines d’apprentissage comme « Construire les premiers outils pour structurer sa pensée » (découvrir les nombres et leurs utilisations ; construire des premiers savoirs et savoir-faire avec rigueur) et surtout « Mobiliser le langage dans toutes ses dimensions » en privilégiant l’oral (oser entrer en communication, comprendre et apprendre, échanger et réfléchir avec les autres) mais sans oublier l’écrit (écouter de l’écrit et comprendre, découvrir la fonction de l’écrit, commencer à produire des écrits et en découvrir le fonctionnement, commencer à écrire tout seul).

Par ailleurs, ces programmes parlent de « parcours » ; il est important que le texte pointe la différence entre la petite section et les moyenne et grande sections dans tous les domaines du développement social, affectif, moteur, cognitif, culturel et donc dans leurs besoins. Les attendus de fin de cycle ne peuvent inspirer la pédagogie de la section des petits ni pour la nature des activités et ni pour le niveau d’exigence attendu. Il est souvent évoqué un tournant « vers 3/4ans ».

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Quelques extraits des programmes : se repérer dans le temps  

 

Définition générale
Dès leur naissance, par leurs activités exploratoires, les enfants perçoivent intuitivement certaines
dimensions spatiales et temporelles de leur environnement immédiat. Ces perceptions leur permettent d’acquérir, au sein de leurs milieux de vie, une première série de repères, de développer des attentes et des souvenirs d’un passé récent, souvent organisés autour des rythmes de vie ou d’activités émotionnellement fortes. Ces connaissances demeurent toutefois implicites et limitées : les enfants ne comprennent pas encore, par exemple, que deux actions puissent avoir la même durée ou qu’une durée puisse être reproduite. L’un des objectifs de l’école maternelle est précisément de les amener progressivement à considérer le temps et l’espace comme des dimensions relativement indépendantes des activités en cours, et à commencer à les traiter comme telles. Elle cherche également à les amener à dépasser peu à peu leur propre point de vue et à adopter celui d’autrui.
….
De nouveaux repères, de nouvelles attentes, de nouveaux souvenirs s’établissent et sont partagés au cours des activités que la classe engage, nombre d’entre elles étant nouvelles. L’école conduit ainsi les enfants, y compris par le biais du langage auquel ces activités sont associées, à la construction de
connaissances partagées, voire conventionnelles.

Eléments de progressivité
L’école maternelle vise la construction de repères temporels et la sensibilisation aux durées : temps
court  (activité avec son avant et son après, journée) et temps long (succession des jours dans la semaine et le mois, succession du rythme des saisons). L’appréhension du temps très long (temps historique) est plus difficile notamment en ce qui concerne la distinction entre passé proche et passé lointain. L’objectif est d’engager les enfants à identifier progressivement des évènements récurrents et à les évoquer en les dissociant du moment où ils se produisent pour leur permettre d’en construire une trame de déroulement et de la mémoriser, par exemple tout ce que recouvre « aller à la piscine » ou « manger à la cantine ». Ils apprennent à maitriser les cycles de la vie quotidienne en les anticipant ou en se les remémorant.

Dans la classe, la mise en place de l’emploi du temps quotidien et hebdomadaire est l’occasion de s’interroger sur ce que représente « le temps » pour les jeunes enfants.

A la question « Qu’est-ce que c’est « le temps » pour toi ? », les représentations données en réponse sont les suivantes : un déplacement, la croissance d’une plante ou d’un animal, les stades de vieillissement de l’homme ou bien l’alternance jour/nuit figurée par l’alternance soleil/lune.

D’où la nécessité d’une première différenciation entre temps « météorologique », concernant les phénomènes atmosphériques qui se produisent dans le ciel et le temps « qui passe » pour caractériser le déroulement des phénomènes dans la durée.

En ce qui concerne le temps social de l’école, trois domaines peuvent être abordés : le temps vécu, temps de l’action ou de l’observation et action du temps ; le temps représenté, temps de la mémoire et de la narration ; le temps mesuré, temps de la construction et de l’utilisation d’outils de mesure.

Le temps vécu

« La notion de chronologie se consolide à partir d’évènements familiers de la vie sociale de l’enfant et de la vie de la classe. Dans le cadre de la dynamique de projet, l’anticipation des évènements et des tâches ainsi que leur planification amènent les élèves à concevoir des étapes possibles et à imaginer leur succession. Le codage des évènements et le langage utilisé permettent d’évoquer, de reconstituer ou de prévoir de telles successions. » (Extrait des programmes 2015)

Le temps biologique est le premier temps vécu et perçu au travers du développement et la croissance des plantes ou des animaux,  ou  encore de sa propre croissance. Les plantations, les élevages faits en classe sont autant d’occasion de constater et de mesurer la croissance, d’observer, de repérer et d’ordonner les phases du cycle de vie d’une espèce.

Bombix Eri adulte                                     Bombix Eri adulte                              

Cycle de vie du Bombix Eri (GS)Cycle de vie du Bombix Eri (GS)

Des élevages faciles tels que les papillons, les vers de farine (ténébrions), les escargots, permettent d’aborder la notion de cycle de vie, de repérer  la durée de chaque phase de développement et de les comparer ; d’observer la croissance des insectes à développement direct (mues) ou indirect (métamorphose) ; d’apprendre à reconnaître les insectes,  même s’ils ont des formes différentes, ils sont tous faits de la même manière lorsqu'ils sont adultes (6 pattes, 1 paire d’antennes, 4 ailes le plus souvent) ; de les différencier des autres « petites bêtes à pattes » (Arachnides, Mille-pattes et Crustacés) qui ne sont pas des insectes car elles ont trop de pattes ou pas d'antennes et elles n'ont jamais d'ailes !

Une des difficultés est de comprendre qu’il ne s’agit pas du même individu qui renait à chaque fois : il est donc nécessaire de se poser la question de la disparition, d’évoquer la mort de la plante qui fane mais se perpétue au travers des graines ou de celle d’un papillon qui, après la ponte, donnera naissance à de nouveaux individus perpétuant l’espèce.

De même pour l’homme, individu dont la vie a un début, la naissance, et une fin, la mort.

En classe, on insistera sur ce qui est observable au cours d’une année : par exemple, la croissance comparée des enfants, mesurable au cours du temps qui passe. Pour des durées plus longues, la perception des échelles de temps est une autre grande difficulté. L’histoire familiale par le biais de la généalogie peut faire le lien avec des évènements ou des objets caractéristiques de l’Histoire contemporaine. Mais pour les plus jeunes, les temps historiques et géologiques ne peuvent être repérés. Ils ne peuvent qu’être imaginés, comme dans la science fiction.

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Un exemple en grande section : l'élevage de papillon Bombix Eri

 

D’entretien facile,l’élevage de ce papillon de nuitpermet  l’observationde toutes les étapes de sa vie par la métamorphose complète de la larve en adulte (développement indirect).

 

Les larves (chenilles) ne ressemblent pas aux adultes et ont des besoins différents.Toutes les chenilles font une chrysalide dans laquelle le corps se métamorphose entièrement.  La chenille s’enferme dans un cocon de soie avant de se transformer en chrysalide. Mais toutes les chenilles de papillon ne font pas de cocons, le cocon ne concerne que certains papillons de nuit.

 

Vie de la chenille

Vie de la chenille

 

 

 

La chrysalide dans le cocon

La chrysalide dans le cocon

 

 

 

L’observation de la naissance de l’adulte puis de l’accouplement suivi de la ponte  et de la mort des adultes, permet le repérage de certaines caractéristiques morphologiques  des papillons (quatre ailes recouvertes d’écailles bien visibles, « poudre »),  la différence d'aspect entre les mâles et les femelles (dimorphisme sexuel), le développement indirect caractérisé parla métamorphose complète des insectes. Leur aspect général est très différent selon les 4 états que présente un individu au cours de sa vie : œuf, larve,  nymphe, adulte.

 

naissance de l'adulte

Naissance de l'adulte

 

 

 

Après incubation, les œufs éclosent pour donner de nouvelles petites chenilles. Seules les larves grandissent. Une fois adultes, les insectes ne grandissent plus du tout et se reconnaissent grâce à leurs ailes.

 

accouplement-ponte-mort des adultes

Accouplement - Ponte - Mort des adultes

 

 

 

incubation des oeufs

Incubation des oeufs

 

 

 

Ainsi apparaît la notion de cycle de vie. On repère et compare la durée de chaque phase de développement  à l’aide d’une réglette étalonnée (lien avec les mathématiques).

 

cycle de reproduction du Bombix Eri

Cycle de reproduction du Bombix Eri

 

 Il est intéressant de mener en parallèle 2 élevages  à développement différent car après l’œuf, il y a une 2e façon de devenir adulte. Dans le cas du développement direct : les jeunes (larves) ressemblent beaucoup aux adultes et il n’y a pas de grande transformation du corps. Pour grandir, la larve mue(elle change de "peau") plusieurs fois jusqu’à ce qu’elle soit adulte avec des ailes. C’est le cas des Phasmes,  ou des Grillons, autres élevages courant dans les classes.

Les insectes vivent souvent beaucoup plus longtemps sous forme de larves.

L’important aussi est d’apprendre à reconnaître les insectes : même si les insectes ont des formes différentes, ils sont tous fait de la même manière lorsqu'ils sont adultes : 6 pattes, 1 paire d’antennes, 4 ailes le plus souvent (quelquefois une seule paire) mais certains insectes n'ont pas d'ailes... Il est difficile de les reconnaître lorsqu'ils sont jeunes (larves) car ils n'ont pas d'ailes et parfois pas de pattes (asticots...).


Les autres « petites bêtes à pattes » (Arachnides, Mille-pattes et Crustacés) ne sont pas des insectes car elles ont trop de pattes ou pas d'antennes et elles n'ont jamais d'ailes !

Le temps représenté

Reprenons l’exemple de l’élevage de papillons. La mise en lien avec un album comme «La chenille qui fait des trous » (Eric Carl) va permettre non seulement des activités collectives autour de l’album (analyse de la couverture et du titre, lecture de l’album par l’enseignant) mais surtout la mise en parallèle avec l’observation de l’élevage réel du papillon, l’apprentissage de la comptine numérique jusqu’à 7 et l’apprentissage des noms des jours de la semaine.

Album

Album

Livre dépliant en accordéon (GS)

Livre dépliant en accordéon (GS)

On peut ensuite réaliser son propre album dépliant sous forme de frise chronologique du développement du papillon permettant la comparaison avec hier, avant-hier, la semaine dernière… de découvrir et retenir les 4 étapes du développement,  d’apprendre qu’il se métamorphose (observer, décrire, représenter) ; de matérialiser une ébauche de chronologie (suite logique des évènements), de structurer le temps (comptine des jours).

 En outre, cela permet aussi de structurer l’espace du livre, de mobiliser différents gestes et techniques en arts plastiques pour l’illustration de l’album ; de respecter le sens de l’écriture et de la lecture, de réinvestir le vocabulaire et les nombres utilisés dans l’album original ;  de reformuler avec ses propres mots un album lu (sous forme de dictée à l’adulte) en s’appuyant sur l’album réalisé ; de lire son album et de le présenter à d’autres élèves ou adultes (évaluation de l’oral).

Le temps mesuré

« L’utilisation d’objets sociaux (calendriers, horloges, sabliers…) vise à sensibiliser les enfants à leur usage et ne sera systématisée qu’à l’école élémentaire.» (Extrait des programmes 2015)

L’emploi du temps concerne l’organisation de la journée à l’école : repérage des temps de travail et des temps de récréation, de déjeuner à la cantine, de goûter pour les enfants qui restent en fin d’après-midi  et surtout de « l’heure des mamans », temps affectif essentiel pour la socialisation du jeune enfant par anticipation du retour dans sa famille.

Il indique aussi les évènements récurrents au cours de la semaine : l’emploi du temps structure donc la journée et la semaine en donnant des repères récurrents fixes.

Le repérage de la date sur le calendrier fait partie des rituels de l’école maternelle.  Un éphéméride est affiché dans la classe : que faire de ses feuilles enlevées chaque jour ? En premier lieu, observer et lire ce qui est écrit dessus : le nom du jour, des chiffres représentant la date et le nom du mois.

calendrier  GS - 1

calendrier GS - 2Différents calendriers réalisés au cours de l’année (GS)

 

Pourquoi ne pas fabriquer d’autres types de calendriers à partir des feuilles de l’éphéméride ?

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La fabrication de calendriers tout au long de l’année en grande section

 

En septembre la représentation du temps « linéaire » est déjà orientée chronologiquement de gauche à droite, ce qui permet aussi de travailler sur la file numérique et l’ordre des nombres.

 

calendrier - 3

 

Le repérage d’évènements marquants de temps collectifs (sorties, fêtes) permet de les situer relativement les uns par rapport aux autres, de les anticiper puis d’en garder la mémoire.

 

Le temps individuel et personnel est introduit avec les dates des anniversaires.

 

Le repérage de la récurrence des noms des jours entraîne une organisation du calendrier différente pour les mois suivants. En octobre,sous forme de 7 colonnes, chacune rassemblant les feuilles portant le même nom de jour, la semaine est ainsi repérée. On remarque que le mois comporte 4 semaines figurées par les 4 bandes de feuilles recollées.

 

La semaine

La semaine

 

Le décade

La décade

 

En novembre, la structure de la semaine en tableau à double entrée est conservée mais disposée cette fois en 7 lignes. Autre repérage mathématique : les nombres à 1 chiffre ou 2 chiffres.

Fin novembre, anticipation sur la fabrication d’un calendrier « à surprises » sur le modèle des calendriers de l’Avent de décembre : la structure du semainier est conservée. Cette fois, pour la décoration, les arts visuels et la technologie prennent le pas sur les mathématiques (mise en place des dessins faits par les enfants pour chaque jour du mois par correspondance terme à terme ; fabrication des volets à ouvrir chaque jour pour découvrir un dessin ; sur le volet ouvert, collage de la feuille correspondante de l’éphéméride).

 

Calendrier à surprises

Calendrier "à surprises"

 

En janvier, c’est l’occasion de parler de l’année nouvelle, sans expliquer toutefois le phénomène astronomique, beaucoup trop complexe pour des enfants de cet âge. Dans la classe, les enfants prennent conscience que tous ne fêtent pas le nouvel an en même temps. Dans le monde, par exemple, dans d’autres cultures comme en Chine, l’année ne commence pas à la même date. On  manipule toutes sortes de calendriers afin de comparer leur organisation : éphéméride, agenda, semainier…

 

En février, une organisation en « soleil » est proposée par un enfant, chaque rayon comportera la date avec répétition du nom du mois. Est-ce une ébauche de l’organisation « cyclique » du temps ? Non, plutôt une organisation décorative !

 

Calendrier soleilCalendrier "soleil"

 

Est évoquée aussi la question du nombre de jours différents dont la réponse est différée car « cela est en relation avec le déplacement du Soleil et de la Terre mais c’est difficile à expliquer ; quand vous serez plus grands, vous pourrez mieux le comprendre ».

 

Le calendrier de mars est axé sur l’écriture du nom des jours en 3 graphies et se présente sous forme d’un livre-agenda. Celui d’avril, combine deux structures pour donner un « semainier-soleil » où sur chaque rayon sera écrit le nom du jour.

 

Livre agenda

 Livre-agenda

 

Calendrier mensuel à roue mobile

Calendrier mensuel à roue mobile

 

L’introduction d’une roue mobile, utilisée par ailleurs pour réaliser des cartes animées, met en place une représentation « cyclique » du temps : toutes les dates seront inscrites sur plusieurs rangées au bord de la roue avec affichage devant le nom du jour correspondant.

 

En mai, on constate que le calendrier du mois d’avril fonctionne toujours, il devient donc un calendrier mensuel. Les enfants comprennent qu’il suffira donc de changer seulement le nom du mois.

 

Et en juin, le calendrier devient perpétuel avec trois sortes d’étiquettes sous forme de volets à soulever : les noms des jours superposés ainsi que les noms des mois et les années ; une roue avec cache, percé d’une fenêtre pour une meilleure lisibilité, est intercalée entre la série des jours et celle du mois afin d’afficher la date du jour.

 

Calendrier perpétuel

Calendrier perpétuel

 

Ce calendrier est utilisé pour anticiper sur la date d’évènements futurs, vérifiée par comparaison avec les calendriers de référence de la classe.

 

Au cours de l’étude de certains calendriers, en lien avec l’astronomie, l’observation des signes inscrits à côté de certaines dates, peut conduire à l’observation des phases de la Lune. Ces signesvite identifiés comme des représentations de la Lune sont mis en lien avec une des représentations du temps qui s’écoule initialement données par les enfants.

Représentation des phases de la Lune (GS)

Représentation des phases de la Lune (GS)

La supposition faite par les enfants que ces signes correspondraient à la forme visible de la Lune peut être vérifiée par l’observation directe du changement de sa forme apparenteLa lune n’étant pas toujours visible pendant le temps scolaire, les familles sont invitées à participer à ces relevés. On repère en même temps les durées de chaque phase.

De même le repérage des saisons peut s’effectuer par l’observation des changements qui s’opèrent sur les arbres et les plantes de la cour tout au long de l’année. 

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tilleul 3tilleul 4

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 Photos du tilleul au fil de l'année

 

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représentation tilleul 3représentation tilleul 4

 

 

 

 

 

Représentations du tilleul au fil de l'année (MS/GS)

 

Pour avoir une perception cyclique du temps, il est nécessaire de renouveler ces observations de la petite section jusqu’à la grande section. La valeur du temps n’est pas toujours perçue de la même manière : les durées longues apparaissent comme du temps « dilaté ». Il sera intéressant ultérieurement, à l’école élémentaire, d’étudier toutes les expressions utilisées à ce propos dans le langage courant.

Par les échanges de correspondance avec d’autres classes dans le monde, on peut aussi faire le lien avec la géographie et savoir si c’est la même saison dans un autre pays. 

Le temps structuré peut-on le mesurer ?

Dans combien de temps, c’est l’heure des mamans ? Pendant combien de temps va-t-on courir dans la cour pour s’entraîner ? Combien de temps pour ranger les ateliers ?

Autant de situations dont les objectifs seraient d’utiliser des objets techniques simples, des techniques de fabrication élémentaires ; de s'initier à quelques savoir-faire techniques ; de découvrir et fabriquer des objets de mesure (sabliers, horloge solaire) ; de se familiariser avec la mesure de temps ; d’appréhender le principe de l'écoulement.

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C’est l’occasion de s’initier à la démarche scientifique, d’essayer de construire un protocole d'expérimentation pour résoudre un questionnement.

 

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Construction d’un sablier en grande section

On commence par l’observation d’un sablier dans le but d’en donner une définition.

Comment fonctionne-t-il ?  Est-ce qu’il sert à quelque chose ?  Ça sert à faire « couler le temps », à montrer le temps qui passe.

Le sablier n’est plus un objet familier : utilisé autrefois pour mesurer la durée du temps de cuisson des œufs à la coque, il est maintenant remplacé par le minuteur et les enfants n’en connaissent donc pas la fonction exacte. D’où une première définition : « C’est un objet qui sert à montrer le temps qui passe, le temps qui s’écoule » (précision et reprise du vocabulaire exact).

Puis nous abordons la construction d’un sablier à l’aide de matériel de récupération (petites bouteilles en plastique et sable) mais ça coule trop vite, ça ne dure pas assez longtemps : c’est ainsi qu’arrive la notion de durée d’écoulement et que l’on recherche comment augmenter cette durée.

Les facteurs de variation sont très vite trouvés : taille du trou, grosseur du sable.

Mais si cela marche, est-ce à cause du sable fin ou du trou moyen ? L’intervention de l’adulte est nécessaire car pour pouvoir comparer, il ne faut faire varier qu’un seul paramètre. Mais intervient aussi un 3ème paramètre, la quantité de sable.

On arrive à la construction de sabliers de durées différentes, puis de « sabliers-pièges » car si on anticipe sur la durée selon la quantité de sable, à quantité de sable égale, suivant la taille du trou, les durées peuvent être très différentes.

 

sabliers étalonnés 1sabliers étalonnés 2

 Sabliers étalonnés

 

 Comment fabriquer un sablier d’une durée déterminée ? Par observation et comparaison d’autres instruments connus pour mesurer le temps : sablier, horloge, montre, réveil, chronomètre, on va fabriquer un sablier d’une minute. En vérifiant plusieurs fois, en regardant le tour de trotteuse de l’horloge, la précision n’est pas excellente mais on peut considérer que le sablier a une durée d’écoulement d’une minute.

 

L’étape suivante est l’utilisation de ces sabliers étalonnés pour la mesure de durées : comparaison relative des durées d’écoulement ; classement du plus « rapide » au plus « lent », vérifié par retournement simultané de tous les sabliers ; utilisation en situation, en motricité, pour faire une action pendant une minute (marcher, courir, sauter, remplir une corbeille avec des ballons…), chanter pendant une minute (lien avec le rythme), évaluer le temps mis à faire une action en comptant le nombre de retournement, limiter le temps imparti au rangement de la classe…

 

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Construction d’une « horloge solaire » en grande section

L’observation du déplacement de l’ombre portée sur le sol et les murs de la cour est le point de départ du projet de construction d’une horloge solaire : observation ludique de sa propre ombre, de celle des autres, de celle des objets.

 

ombre portée d'un enfant

Ombre portée d’un enfant

 

ombre portée d'un objet

Ombre portée d’un objet

 

L’observation quotidienne toutes les heures, sur la durée d’une semaine, du tracé de l’ombre portée d’un même enfant ou de celle d’un bâton permet le constat de la permanence des tracés. Cette« horloge solaire » est un outil de mesure du temps valable pour une durée d’une semaine. On l’utilise  pour repérer l’heure approximative des sorties dans la cour et la durée des récréations… Elle représente les prémisses de la construction du cadran solaire (Cycle 3).

 

Conclusions

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Attendus de fin de cycle

 

Le temps

‐ Situer des évènements vécus par le groupe les uns par rapport aux autres et portant sur la journée, la semaine, le mois.

‐ Reconnaitre le caractère cyclique de certains phénomènes, utiliser les repères relatifs aux rythmes de la journée, de la semaine, de l’année.

‐ Anticiper, planifier une réalisation en identifiant les étapes nécessaires et en imaginant leur succession ou leur simultanéité.

‐ Concevoir et ordonner un déroulement à partir de suites de photographies.

‐ Évaluer approximativement la durée d’un événement en le comparant à d’autres.

‐ Narrer des évènements réels ou fictifs à l’oral ou en dictée à l’adulte en utilisant des marqueurs

temporels.

‐ Comprendre la situation temporelle des évènements dans un récit et leur situation relative

(antériorité, postériorité, simultanéité).

 

(Extrait des programmes 2015)

Au travers de ces questionnements, observations, manipulations, constructions et utilisations d’outils de mesure du temps, les enfants ont pu acquérir une certaine curiosité et développer leurs compétences pour l’observation et l’expérimentation.

Les explications qu’ils donnent les amènent à formuler des prévisions et à les vérifier par de nouvelles manipulations, à réinvestir des connaissances nouvelles.

Ensuite, dans un cahier d’expériences, ils essaient d’en donner une représentation graphique légendée plus ou moins aboutie, accompagnée d’un texte explicatif dicté à l’adulte. Les photos sont aussi des traces servant de mémoire au groupe de travail mais aussi à communiquer ce que l’on a fait à un autre groupe non initié.

Tout ceci est bien la base d’un enseignement fondé sur le questionnement et  l’investigation et le raisonnement.

Diverses compétences et attitudes sont développées : disciplinaires, transversales (sciences, technologie, mathématiques, arts visuels…), comportementales.

« L’utilisation à bon escient des marques temporelles dans le langage s’acquiert au cours des étapes des activités réalisées en classe (descriptions, narrations d’évènements réels ou fictifs, repérage de

formulations dans des textes…) : situer un propos par rapport au moment de la parole (hier,

aujourd’hui, maintenant, demain, plus tard…) ; s’en servir pour raconter une histoire ; utiliser les formes des verbes correspondantes. » (Extrait des programmes 2015)

Nous constatons le lien très important avec le langage oral et écrit. Ces activités développent différents types de discours : descriptif, explicatif mais surtout argumentatif. La nécessité de justifier ses choix oblige à être précis, à utiliser un vocabulaire spécifique si l’on veut être compris par les autres, oblige aussi à l’utilisation des marqueurs de la chronologie et simultanéité en lien avec le langage, les temps des verbes, le récit, l’observation, l’histoire.

De même, il faut être à l’écoute de l’autre et respecter sa parole, coopérer si l‘on veut faire un travail d’équipe.

La confrontation temps collectif / temps individuel fonde la construction de l’identité.

 « Les mots mis par l’adulte sur des ressentis conduisent à une distanciation puis à une conscience des enchaînements. [Ceci] devient ensuite un moyen de compréhension du monde et un outil de maîtrise de sa vie face aux évènements vécus dans le passé, dans l’instant de la classe comme dans le futur à anticiper » (Bruner).

 

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Quelques éléments de bibliographie

 

  • HS « La classe », n° L17652, 8 projets scientifiques pour l’EM
  • « La classe maternelle », n° 165 ombres et lumière
  • « La physique est un jeu d’enfant », Mireille Hartmann, Le Pommier
  • « L’astronomie est un jeu d’enfant »,Mireille Hartmann, Le Pommier
  • « Calendriers, miroir du ciel et des cultures », Lamap, Le Pommier (cycle 3)
  • « Les tactiques de Chronos », Etienne Klein, Flammarion
  • « Temps et temporalité » Mireille Brigaudiot, Benoit Falaize, Scérén Doubles pages pour l’EM
  • « Arts visuels et Temps », Michèle Mazalto, Scérén, C1, 2, 3 et collèges
  • « L’odyssée du temps en maternelle » CRDP de Lyon (vol 1 et 2)
  • « Observer pour comprendre les sciences de la vie et de la terre », Jack Guichard, Hachette
  • « Comprendre le vivant », Jack Guichard, Hachette
  • « L’enseignement scientifique à l’Ecole Maternelle », Maryline Coquidé, André Giodan, Z’Editions
  • « Comment les enfants apprennent les sciences », Jean-Pierre Astolfi, Brigitte Peterfalvi, Anne Vérin, Retz

 

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La météorologie TDC n°1026
Calendriers et fêtes TDC n° 766