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Vignette prince roi

Du Prince de la Renaissance au roi absolu, 5e

 Cette séquence a pour but d’appréhender l’évolution du pouvoir royal avec des élèves de 5e. L’idée est de montrer que l’apogée du pouvoir absolu sous Louis XIV est le résultat d’une longue évolution portée par ses prédécesseurs et que Louis XIV s’inscrit donc dans une continuité. La question s’organise autour de l’étude de la figure royale à travers trois souverains : François Ier, Henri IV et Louis XIV. Ce travail a été réalisé par Nicolas Ivanoff, professeur au collège Courteline, Paris (XIIe arr.) et au lycée Racine, Paris (VIIIe arr.) et Marie-Pierre Jolly, professeure à la cité scolaire Montaigne, Paris (VIe arr.), sous le pilotage de Rachid Azzouz, Véronique Grandpierre et Jacqueline Jalta, IA-IPR. Il a été présenté en mars 2016 lors des animations consacrées aux programmes d’histoire et de géographie applicables à la rentrée 2016.

Objectifs

Place dans les programmes

  • Cycle 4, 5e, histoire, thème 3 : transformations de l’Europe et ouverture sur le monde aux XVIe et XVIIe siècles.
  • Sous-thème 3 : du Prince de la Renaissance au roi absolu (François Ier, Henri IV, Louis XIV).
  • Démarches et contenus d’enseignement : à travers l’exemple français, on approfondit l’étude de l’évolution de la figure royale du XVIe au XVIIe siècles, déjà abordée au cycle 3.

Objectifs de contenu

Durant deux siècles (1515-1715), on assiste à la construction du souverain moderne, « absolu » en 1715. Si François Ier est à la transition du souverain médiéval et moderne, Henri IV peut être perçu comme un souverain pacificateur et Louis XIV fait la synthèse de l’évolution.
L’étude de l’évolution de la figure royale donne l’occasion :

  • de porter un nouveau regard sur l’histoire de la monarchie absolue qui tient compte de la recherche historique des vingt dernières années ;
  • d’appréhender un pouvoir royal bien moins abstrait qu’à travers des édits et des ordonnances et donc de privilégier une approche humanisée du pouvoir.

L’idée est de s’attacher à la personne du roi (à son corps physique) et non plus seulement à sa seule fonction. La monarchie n’est pas pour autant que spectacle et représentation. Il faut aussi éviter une approche globale de l’évolution de la figure royale : tout en mettant en avant leur inscription dans la continuité, on doit souligner la singularité des monarques étudiés car ils apportent chacun une touche personnelle au pouvoir qui se construit. On rejettera toutefois l’étude successive des trois monarques.

Problématique :

En quoi l’évolution de la figure royale à travers François Ier, Henri IV et Louis XIV permet-elle de rendre compte de la construction d’un pouvoir royal qui tend à devenir absolu ?

Objectifs de compétences

Du prince au roi Compétences

Description

Organisation de la séquence

Durée : 3 heures

Du prince au roi Déroulé

Outils et ressources mobilisés

Corpus documentaire

Pour étudier la monarchie en représentation

- deux portraits officiels de François Ier :

- deux objets du quotidien :

- ou des documents sur le rituel funéraire royal :

  • un extrait (cinq premières minutes) de 1715 : la mort du roi, documentaire radiophonique d'Anne Fleury et Emmanuel Laurentin pour l'émission La Fabrique de l'histoire d'Emmanuel Laurentin sur France-Culture ;
  • une gravure du cortège funèbre de Louis XIV (1715), sur le site Le roi est mort du château de Versailles ;
  • les dernières paroles de Louis XIV à Louis XV sur son lit de mort d’après le Journal historique des Frères Antoine, 1720 ;
  • le portrait funéraire d'Henri IV, cire polychrome (1610) par Michel Bourdin, musée Carnavalet, Paris.

Pour étudier une monarchie qui s'organise et se renforce

- sur le système curial :

- sur l'évolution du pouvoir royal :

Pour étudier les permanences du pouvoir monarchique

- sur le roi de guerre :

- sur le « Roi Très Chrétien » :

- sur le roi et les arts :

Outils numériques

Utilisation d'un TNI ou d'une suite ordinateur-vidéoprojecteur pour projeter les documents.

Déroulement de la séquence

1re heure

I. Une monarchie en représentation

1er temps : monarchie en représentation à destination de l’élite.

À partir d’un questionnement oral portant sur une description de l’enluminure de Jean du Tillet, faire identifier le personnage ; insister sur la manière dont il est représenté et mettre en évidence les symboles attachés à sa fonction : portrait officiel de la monarchie, très classique, ancré dans la tradition. La fonction royale est ici soulignée plus que la personne du souverain.

François Ier du Tillet Enluminure de Jean du Tillet (BnF)

Comparer ensuite ce portrait au portrait officiel de François Ier, par Jean Clouet, grâce à une question ouverte posée à la classe : quels éléments du tableau tranchent avec la précédente représentation de la monarchie ? Faire constater l’absence des regalia, le physique démesuré du roi, la richesse des vêtements, l’éclat des bijoux et insister sur la très forte identification du roi et de l’État.
Interpeler les élèves sur le pourquoi d’une telle représentation : rappeler alors le contexte dans lequel ce tableau a été réalisé (après la défaite de Pavie, après l’humiliation de la captivité du roi par l’empereur Charles Quint et le déshonorant traité de Madrid). Faire comprendre aux élèves que le tableau doit permettre de raffermir l’autorité royale et d’inscrire le roi dans son époque ; le roi est présenté comme un homme de son temps, habillé comme un courtisan qui jouit d’une autorité naturelle.

2e temps :  monarchie en représentation à destination des sujets du roi

1re proposition : à travers des objets du quotidien
À partir d’une approche comparative d’un teston de François Ier et d’un almanach représentant Louis XIV, faire comprendre aux élèves que de simples objets du quotidien permettent au souverain de se faire connaître auprès des sujets et de mettre en scène l’actualité du règne. Demander aux élèves de relever les points communs et les différences concernant la figure royale. Rebondir sur ce qui a été précédemment dit : le roi incarne l’État.

Teston François IerTeston de François Ier, BnF

2e proposition : le rituel royal
Rappeler au préalable que le rituel royal des funérailles est un moment particulièrement important pour l’époque : occasion pour le monarque de s’inscrire dans le temps court, de rassembler les sujets, de susciter de l’émotion, des cris de joie ou des pleurs et de s’inscrire aussi dans une continuité monarchique française ; il permet en effet de montrer que la monarchie survit à la mort du roi.
Faire écouter en classe les cinq premières minutes de l’émission radiophonique de France Culture : la mort du roi. Demander ensuite aux élèves de retracer le trajet emprunté par le cortège funèbre : le point de départ et d’arrivée, les heures choisies, le cérémonial, les participants.
Confronter cette écoute à la gravure du cortège funèbre : faire souligner l’importance des participants, le tracé sinueux et infini du cortège qui fait le lien entre les deux corps du roi : le corps naturel (la personne du roi) qui est mortel et le corps politique (la fonction royale) qui est immortelle. Faire rappeler le poids religieux du monarque, considéré comme sacré, ce qui rend la fonction royale immortelle dans les croyances.
Possibilité de présenter l’évolution du rituel de l’effigie royale.

3e temps

Construire avec les élèves une trace écrite intégrant les dates de règne des souverains étudiés ; insister sur des éléments de continuité et de rupture dans la représentation monarchique, sur une maîtrise de l’image royale plus aboutie sous Louis XIV et sur les moyens pour les souverains de se faire connaître et d’imprégner l’espace et le temps des sujets.

2e heure

II. Une monarchie qui s’organise et se renforce

1er temps : le système curial

Mettre en évidence les relations de dépendance et de soumission entre le roi Louis XIV et sa cour.

Confronter une peinture de la cour purement descriptive à une source littéraire plus analytique, voire agiographique (extrait des Mémoires de Saint Simon). Faire relever les éléments du tableau permettant d’identifier le roi parmi les courtisans puis faire définir les relations que le souverain entretient avec la cour à partir des deux documents. Enrichir ce premier constat par la lecture d’un document administratif qui souligne à nouveau la dépendance de la noblesse mais aussi sa domestication et sa sédentarisation à Versailles.

Cour Louis XIVLouis XIV et sa cour, L'Histoire par l'image

Nuancer pourtant l’image de cette soumission de la noblesse au pouvoir royal : la noblesse est indispensable pour financer la guerre. Les relations entre la cour et le roi sont moins « inégales » qu’elles ne paraissent. 

Réactiver la mise à distance voulue par le pouvoir royal et la cour. À partir d’un second extrait des Mémoires de Saint-Simon, questionner les élèves sur le rituel du lever du roi ; mettre alors en évidence l’étiquette. Décrire la chambre du roi en insistant sur l’importance du lieu (grandeur, décor) et faire réagir les élèves sur l’objectif de la balustrade dans le système curial.

Construire avec les élèves une trace écrite à mi-parcours soulignant que le système curial permet au souverain de renforcer son autorité, de domestiquer la noblesse pour éviter des révoltes et de la rendre dépendante. Insister sur les enjeux de l’étiquette (très stricte à Versailles) qui crée volontairement une mise à distance entre le roi et la cour. Souligner le passage d’une cour nomade (celle de François Ier) à une cour sédentaire (Louis XIV à Versailles).

2nd temps : le durcissement de l’autorité royale à travers des actes forts

Expliquer aux élèves l’importance de l’ordonnance de Villers-Cotterêts de1539, acte royal qui illustre le rôle central du roi dans l’administration du royaume. Le document est ici purement illustratif.

Faire décrire la scène illustrant la signature de l’édit de Nantes en 1598 : décor, disposition des participants, objet central de la scène ; faire identifier le roi Henri IV, faire décrire son geste. Indiquer aux élèves les groupes présents autour de la table. Réactiver les connaissances des élèves sur les guerres de religion. Leur indiquer que si les protestants sont au centre de la gravure, c’est qu’elle date de la révocation de l’édit et que son auteur est un ardent défenseur de la religion protestante. Amener les élèves à présenter Henri IV comme un roi pacificateur, rassembleur et garant de la paix religieuse dans le royaume.

edit de nantes

Signature de l'édit de Nantes par Jan Luyken, Metropolitan Museum of Art, New York

Ensuite, en autonomie, les élèves rédigent un court texte intégrant les éléments de deux documents (tableau et texte) présentant  le mode de gouvernement de Louis XIV. Au préalable faire souligner l’importance de la mise en scène.  

Construire une trace écrite insistant sur l’action de chacun des trois souverains dans le domaine étudié. Rappeler que l’autorité royale qui se durcit doit se plier aux Lois Fondamentales du royaume.

3e heure

III. Les permanences du pouvoir monarchique

1er temps : avant tout un roi de guerre

Approche comparative de trois documents iconographiques (un détail de la frise du soubassement du tombeau de François Ier représentant la victoire de Marignan, la peinture d'Henri IV à la bataille d'Arques, le Portrait équestre de Louis XIV devant Cassel) pour mesurer l’évolution de la représentation du roi de guerre, évolution qui rend compte d’un exercice du pouvoir militaire de plus en plus autoritaire.
En amont du cours, un tableau de prise d'information est distribué aux élèves. Les deux premières parties essentiellement descriptives sont renseignées à la maison par les élèves à partir des supports iconographiques indiqués. La partie concernant l’évolution de l’armement ainsi que la synthèse sont réalisées en classe après reprise du travail à la maison.

Henri IV à la bataille dArquesHenri IV à la bataille d'Arques, musée de l'Histoire de France

2e temps : le « Roi Très Chrétien »

À partir de deux textes d’époque (les dernières paroles de Louis XIV à Louis XV et un extrait de La Politique tirée des propres paroles de l’Écriture sainte de Bossuet), réactiver la croyance dans le caractère divin de la monarchie française et insister sur le caractère absolu de ce droit divin. Un questionnement simple sur les liens unissant, dans les croyances, le roi à Dieu permet d’y aboutir.

3e temps : le roi et les arts, l’exemple du Louvre et de l’urbanisme à Paris 

Travail mené par le professeur sous une forme magistrale. L'urbanisme est un moyen pour les souverains de s'inscrire dans le temps et dans l'espace, de valoriser leur règne et leur gloire. Le professeur montre des documents sur l'évolution du Louvre, espace commun aux trois souverains. L'aile Lescot ordonnée par François Ier, qui fait détruire la forteresse médiévale, donne l'image d'un souverain puissant et moderne (bâtiment représentatif de la Renaissance, inspiré de l'Antiquité et des influences italienne et latine) et qui sollicite les grandes artistes de l'époque (Pierre Lescot, Jean Goujon). Le "Grand Dessein" commandé par Henri IV a pour but de relier le Louvre aux Tuileries. Henri IV veut faire du Louvre une résidence moderne pour les souverains et inscrit son projet royal dans une réorganisation de la ville-capitale. Louis XIV rejette les propositions du Bernin, l'artiste du moment, qui ne correspond pas à son goût et lui préfère le projet français de Claude Perrault, occasion de mettre en scène le pouvoir royal.

Grand Dessein Henri IVLe Grand Dessein, site Culture.fr

Construire une trace écrite synthétisant les trois moyens pour les rois de France étudiés d’affirmer leur pouvoir.

Sitographie et bibliographie

CORNETTE Joël, La Documentation photographique n° 8057, mai-juin 20017, « La monarchie absolue : de la Renaissance aux Lumières »

Des numéros de la revue L’Histoire :

Des catalogues d’exposition :

Sitographie :

Déroulé complet de la séquence

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