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Le nouveau musée de la Libération de Paris–musée du général Leclerc-musée Jean Moulin.

Rachid Azzouz, IA-IPR histoire-géographie de l'académie de Paris, délégué académique à la mémoire, l'histoire et à la citoyenneté, interroge Yann Simon professeur relais dans l'actuel musée de la Libération de Paris-Musée du général Leclerc-Musée Jean Moulin

Professeur relais depuis 3 ans au sein du musée, quelles actions menez-vous en direction du public scolaire ?


Le premier rôle d’un professeur relais est de favoriser l’accès des élèves de l’académie aux collections permanentes du musée ainsi qu’aux expositions temporaires. Il s’agit d’un travail de médiation spécifiquement destiné au public scolaire. Il consiste à créer des parcours de visites adaptés, qui permettent aux élèves de profiter au mieux de leur venue au musée. Ces visites peuvent être guidées ou bien effectuées en autonomie. Les collections entrent particulièrement en résonance avec les programme de la classe de CM2, de 3e du collège ainsi qu’avec le nouveau programme de la classe de terminale du lycée.

J’ai également pour mission d’accompagner les élèves désireux de participer au concours National de la Résistance et de la Déportation dans leurs travaux de recherche et de documentation. Le musée de la Libération de Paris-Musée du général Leclerc-Musée Jean Moulin met ses ressources à la disposition des classes de collège et de lycée. Il accueille les élèves en salle de documentation et organise des cycles de conférences en lien avec le thème annuel du CNRD.

Cette année scolaire 2018-2019, le musée étant fermé pour préparer son déménagement, nous avons mis sur pied une offre de « Musée hors les murs » adressée aux élèves de CM2 et de 3e. Des conférencières de la ville de Paris, habituées à travailler au musée, interviennent dans les classes sur plusieurs thèmes : Paris dans la guerre, la vie quotidienne pendant la Seconde Guerre mondiale, la guerre à travers les chansons de l’époque. Equipées de mallettes pédagogiques, elles abordent ces différents thèmes en s’appuyant sur les collections du musée.

A quelques semaines du déménagement du musée, pouvez-vous nous indiquer le calendrier des prochaines échéances ?

Le musée de la Libération de Paris-Musée du général Leclerc-Musée Jean Moulin inaugurera son nouveau site le 25 août 2019 au moment des commémorations du 75e anniversaire de la Libération de Paris. C’est un moment important dans l’histoire de ce musée créé en 1994 à la suite d’un legs d’Antoinette Sasse, amie proche de Jean Moulin, ainsi que d’une donation de la Fondation du Maréchal Leclerc de Hauteclocque. Situé sur la place Denfert Rochereau, il occupera un ancien bâtiment d’octroi construit par l’architecte Nicolas Ledoux au XVIIIe siècle. Ce bâtiment se trouve au-dessus d’un ancien abri de la Défense passive qui a servi de quartier général au colonel Rol Tanguy, chef des FFI de la région parisienne au moment des combats de la Libération. Nous sommes également sur le trajet suivi par les chars de la 2e DB après leur entrée dans Paris par la Porte d’Orléans.

Le chantier a duré près de trois années. Les finitions sont en passe d’être terminées, les vitrines sont montées. Le transfert des collections doit se faire progressivement dans le courant du mois de juin pour que leur accrochage puisse commencer début juin.

Le Musée ouvrira ses portes le mardi 27 août 2019.

Quelle muséographie sera proposée au sein de ce « nouveau musée » ? Quelle sera la programmation au cours de l’année scolaire 2019-2020 ?


La muséographie s’est adaptée aux caractéristiques, atouts et contraintes du nouveau lieu. Le parti pris est de découvrir la période de la Seconde Guerre mondiale en se plaçant dans les pas du général Leclerc et de Jean Moulin, deux exemples d’engagement pour la France. Le visiteur fait leur connaissance alors qu’ils sont jeunes hommes dans les années 1920-1930, et les suit tout au long de leur parcours. Les portraits de nombreux compagnons de route (hommes et femmes), de célèbres acteurs du conflit mais également de gens peu connus, apparaissent au fil des salles. Ils aident à comprendre combien la résistance à l’oppression nazie a d’abord été une affaire d’engagements individuels. Certaines salles proposent un dispositif particulier. Celle de l’exode, dans le pavillon Ledoux, est constituée d’écrans posés à même le sol, sur lesquels défilent des images de Français sur les routes : c’est la France à terre. Dans le grand atrium central, disposant d’une belle hauteur sous verrière, le visiteur rencontrera des murs d’images des célébrations du 26 août 1944. C’est la France libérée et redressée.


Le parcours permet également de découvrir l’histoire de Paris et le quotidien des Parisiens entre le 14 juin 1940, date de l’entrée des troupes allemandes, et la fin du mois d’août 1944, les journées de la Libération. Il éclaire la manière dont l’occupant s’approprie l’espace urbain, déploie une politique de persécution et de répression, aborde la résistance parisienne, ainsi que les conséquences sur la vie quotidienne d’une politique d’occupation toujours plus dure.

La visite pourra se poursuivre dans l’abri de la Défense passive après avoir descendu une centaine de marches. On y propose des informations sur les bombardements dont ont été victimes les Parisiens, sur les circonstances dans lesquelles le commandement des FFI de la région parisienne en fait son quartier général. Le visiteur y découvrira le bureau de Rol-Tanguy et de Cécile son épouse, qui fut son assistante, le standard téléphonique ainsi qu’un cyclo-pédaleur destiné à produire de l’électricité.

Le musée proposera au premier semestre 2020 une exposition consacrée aux parisiens dans l’exode de 1940. En mai et juin, plus de huit millions de français se sont retrouvés sur les routes pour fuir l’avance des troupes allemandes. Paris s’est vidée des trois quarts de sa population. Au-delà de ce phénomène de panique collective, ce sont toutes les structures administratives et politiques du pays qui s’écroulent. L’exposition sera l’occasion d’une réflexion sur la fragilité de ce qui peut nous sembler acquis dans nos modes de vie, notre système de valeurs, nos institutions politiques.


Comment seront organisés les parcours pédagogiques au sein de ce « nouveau » musée ?


La future offre pédagogique comprendra des parcours de visite thématiques ainsi que des ateliers. Des parcours seront bien sûr consacrés au général Leclerc, à Jean Moulin, ainsi qu’à Paris pendant la guerre. D’autres tisseront des liens entre les collections du musée et certaines pratiques artistiques et culturelles afin de favoriser des approches interdisciplinaires. Un professeur-relais ne doit pas s’adresser aux enseignants de sa seule discipline. Le musée proposera un parcours intitulé « La guerre des mots et les mots de la guerre » consacré à la place de l’écrit dans cette guerre totale : écrits pour combattre, pour témoigner, pour dénoncer… Nous envisageons également de faire découvrir les collections à travers les chansons de l’époque.

Tous ces parcours peuvent être guidés ou bien être effectués en autonomie à l’aide d’une fiche d’aide à la visite. L’ensemble de l’offre sera consultable sur le site internet à compter de la fin du mois d’août, avec précisions des niveaux de classe auxquels les différentes propositions s’adressent.

Le site internet entièrement repensé et reconfiguré comprendra une partie « ressources pour le public scolaire », avec des dossiers thématiques et une partie consacrée au thème annuel du CNRD.

Nous souhaitons enfin proposer une offre inter-musées qui permette aux élèves de s’inscrire dans un véritable parcours de découverte. Une offre conjointe existe déjà avec le mémoriel de la Shoah ; une autre est en cours d’élaboration avec le musée de l’Ordre de la Libération.

 

Muslijm

 

MJMLCLIBLe nouveau musée dans son écrin de verdure place Denfert-Rochereau