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L'erreur, levier d'apprentissage et d'enseignement différencié.

vignette travail erreur

« On apprend avec ses erreurs et non simplement contre elles et c’est avec elles en les faisant et en les pensant qu’on se donne le moyen de les éviter. » Yves  Reuter

« Apprendre, c’est toujours prendre le risque de se tromper. Quand l’école l’oublie, le bon sens le rappelle, qui dit que seul celui qui ne fait rien ne commet jamais d’erreurs. Partis de la faute comme un « raté » de l’apprentissage, nous voilà en train de la considérer, dans certains cas, comme le témoin des processus intellectuels en cours, comme le signal de ce à quoi s’affronte la pensée de l’élève aux prises avec la résolution d’un problème. Il arrive même, dans cette perspective, que ce qu’on appelle erreur ne soit qu’apparence et cache en réalité un progrès en cours d’obtention. » Jean Pierre Astolfi

Parties intégrantes de la différenciation pédagogique, le repérage, l’identification et le traitement des blocages et des erreurs constituent à la fois pour l’élève un levier pour progresser dans ses apprentissages et pour le professeur une matière pour organiser et réguler son enseignement. L’atteinte de ce double objectif est cependant conditionnée par la perception du statut que l’un et l’autre (élève et professeur) accordent à l’erreur.

Si elle est perçue comme une faute de l’élève (qui aura mal écouté, mal retenu ou mal appliqué ce qui lui a été enseigné)et donc un échec personnel, le professeur pourra être tenté de la corriger rapidement afin d’apporter une  réponse exacte sans gage complet de consolidations des savoirs.

Au contraire, si elle est intégrée comme inhérent à l’apprentissage, l’enseignant développera des stratégies d’enseignement adaptées et diversifiées permettant d’en faire un véritable levier de progrès et de métacognition selon les obstacles rencontrés par les élèves, leurs conceptions erronées et leurs besoins identifiés.

Yves Reuter redéfinit l’erreur en lui préférant le terme de «dysfonctionnement» défini comme un essai , une imperfection qui se font « signes des apprentissages des élèves »  dans un processus non linéaire, parsemé de régressions, de déséquilibres et d’obstacles,  qui permet de mieux saisir :

  • le fonctionnement des élèves en révélant la construction des connaissances, les manières de penser et de faire, les représentations ainsi que le sens donné aux apprentissages;
  • le fonctionnement de l’enseignement en interrogeant les modes de travail pédagogique, les stratégies déployées, les consignes et le manque de clarté;
  • les fonctionnements disciplinaires en rappelant la complexité des contenus, les étapes du cursus, les pratiques langagières (entendre l’écart entre le langage courant et disciplinaire), le contrat didactique et les malentendus communicationnels.

 Ce dysfonctionnement revêt une valeur didactique fondamentale en orientant les objectifs, les démarches, les  dispositifs et les  situations pédagogiques .

 Jean Pierre Astolfi étudie le statut de l’erreur scolaire ,ses répercussions sur les ressentis des élèves et envisage deux perspectives:

  • l'erreur peut être considérée comme une faute dans un modèle d’apprentissage dit transmissif. Cette faute est mise à la charge de l’élève qui ne se serait pas assez investi, qui n’aurait pas mis en œuvre toutes ses compétences. Dans ce contexte, l’erreur doit être sanctionnée lors d’une évaluation finale.
  • elle peut également être considérée comme un bogue dont l’origine serait une mauvaise adaptation de l’enseignant au niveau réel de ses élèves. Dans ce cas, l’erreur induit chez l’enseignant un effort de réécriture de la progression, en décomposant les difficultés en étapes élémentaires beaucoup plus simple. Il s’agit du modèle comportementaliste, inspiré de la psychologie behavioriste (James Watson et B. Skinner), dans laquelle l’activité de l’élève est guidée pas à pas afin de contourner les erreurs.

 Jean Pierre Astolfi tente de sérier les erreurs commises par les élèves selon leur diversité de causes et d’origines ,de créer une typologie (que nous présentons en document joint) afin de s'y appuyer  pour renouveler l'analyse de ce qui se joue dans la classe et pour mieux fonder une intervention pédagogique différenciée et individualisée.