Étudier les figures de femmes dans l'Antiquité, au collège au lycée : Journée internationale des droits des femmes et Égalité filles/garçons

Dans Façons tragiques de tuer une femme (Paris, Hachette, 1985), Nicole Loraux constate que l’histoire officielle des cités grecques ne manque pas d’évoquer les héros morts sur les champs de bataille, en leur conférant une gloire immortelle, tandis que pour les femmes « leur gloire est de ne pas en avoir ». Anonymes, comme ces femmes de Troie qui tentent de protéger leurs enfants massacrés par les guerriers sortis du cheval de bois : figées dans une ronde macabre sur la panse d’une très ancienne jarre en terre cuite (675 avant J.-C.) découverte dans l’île de Mykonos, elles incarnent le malheur des vaincues - celui de toutes les femmes prises dans les guerres, qu’elles soient d’hier ou d’aujourd’hui - dont Euripide fait un thrène ininterrompu dans ses Troyennes.

À l’exception de Sapphô, la première femme à dire « je » - cela dans des temps presque aussi anciens (VIIe-VIe siècle avant J.-C) - le devoir d’une femme est de mourir en silence. Dans son livre magistral, Nicole Loraux donne ainsi à comprendre que la tragédie, depuis Eschyle jusqu’à Euripide, s’est substituée pour une part à l’histoire, afin de faire entendre aux citoyens d’Athènes, sur la scène de la fiction théâtrale, les récits des morts illustres de leurs héroïnes. 

Et ce n’est pas un des moindres paradoxes de voir que celles qui sont exclues de la vie politique et du récit historique se mettent à exister au théâtre et se voient accorder, par Euripide notamment, une gloire immortelle semblable à celle que l’on attribue au héros mort à la guerre. Il suffit d’écouter dans Hécube le récit de la mort de Polyxène par Talthybios : la tension extrême qui naît de la violence des mots et de la difficulté à les proférer brise le silence de l’histoire. La mort de l’héroïque Polyxène fige en un instant ce que la vie pouvait offrir de plus achevé - beauté, grâce, arétè. Si la gloire reste, pour les Grecs de ce temps, par essence masculine, dans nos mémoires aujourd’hui le théâtre fait cependant résonner toujours plus fortement les noms fameux de ces héroïnes comme Antigone, Alceste, Iphigénie, Électre, Polyxène, …

Aussi, pour la journée des femmes, Odysseum entend-il rendre hommage à ces héroïnes et à ces femmes de l’Antiquité en les donnant à voir et à entendre dans les classes des collèges et des lycées : qu’elles soient mythiques comme Psychè, les Amazones, Penthésilée, qu’elles soient humbles et anonymes ou bien célèbres comme Sappho la poétesse, Hypatia, l’astronome et mathématicienne, assassinée pour son savoir, Théodora, l’impératrice. Toutes peuplent encore notre imaginaire et toutes, à leur façon, s’adressent à nous pour nous parler de notre présent et de notre futur. Pour nous rappeler qu’il ne faut jamais céder ou reculer sur la question de l’égalité entre filles et garçons, car si dans le mot "humanité", l’on peut déjà entendre la même appartenance à la condition humaine, les "Humanités" au pluriel expriment, quant à elles, la réverbération totale, unique et égale de l’humain.

Le comité éditorial d'Odysseum

 

Femmes célèbres et anonymes

carte

 

 

La place des femmes dans la société antique 

carte

Les héroïnes

Les femmes au théâtre

Les personnages historiques 

La place des femmes dans la société antique

 

Besoin d'aide ?
sur