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loogo esclaves

Projet pédagogique :

Cet article présente le travail interdisciplinaire sur la mémoire de l’esclavage réalisé par des élèves de quatrième du collège Gustave Flaubert, encadrés par Mme Lagrange et M. Chabane, professeurs d’arts plastiques et d’histoire géographie.

Place dans les programmes :

HISTOIRE:

Thème 1 : Le XVIIIe siècle. Expansions, Lumières et révolution-chapitre 1 « Bourgeoisies marchandes, négoces internationaux et traites négrières au XVIIIe siècle ».

EMC :

Thème « respecter autrui » : Le travail de l’année porte sur la question du droit et sur son rapport à l’éthique. Sont approfondis les notions de droits et de devoirs pour un individu dans son rapport à l’autre.

Thème « construire une culture civique » : Le programme d’histoire favorise la contextualisation de la conquête des droits et des formes de représentation des citoyens.

ARTS PLASTIQUES:

Questionnements « La représentation; images, réalité et fiction » et «  l’œuvre, l’espace l’auteur et le spectateur » « Les arts plastiques trouvent un cadre renouvelé dans les enseignements pratiques interdisciplinaires pour travailler des objectifs et des contenus du programme comme pour les prolonger dans des associations fructueuses avec d’autres domaines artistiques ou d’autres disciplines »

 

esclav illus 

Des élèves acteurs dans une démarche qui associe l’histoire, la mémoire et la citoyenneté

Des élèves du collège Gustave Flaubert à Paris ont suivi en 2018-2020 un parcours pédagogique interdisciplinaire (Histoire, EMC-Arts plastiques) qui leur a permis d’effectuer un réel travail d’histoire et de mémoire à l’issu duquel ils ont souhaité concrétiser leur acquis par la réalisation d’une fresque consacrée à l’esclavage colonial sur un mur du collège pour sensibiliser le plus grand nombre de personnes à cette question.

Ces élèves de 4e ont voulu poursuivre leur réalisation mémorielle l’année suivante après avoir étudié la Shoah et la colonisation/décolonisation en produisant un triptyque. La fresque sur la Shoah a bien été réalisée mais celle portant sur les mémoires de la colonisation a été reportée pour finalement être terminée cette année en raison de la crise sanitaire.

Les élèves ont donc décidé de mener, grâce à leurs acquis artistiques, une véritable politique mémorielle au sein de l’établissement pour inviter tous les membres de la communauté éducative à prendre conscience de l’importance de certaines questions encore socialement vives aujourd’hui.

La recherche documentaire

En lien avec le programme d’histoire, ce travail d’histoire et de mémoire a débuté par un parcours pédagogique sur l’esclavage colonial et ses abolitions grâce à l’étude de supports documentaires riches et variés : textes comportant des récits d’esclaves et d’abolitionnistes mais aussi des témoignages d’armateurs négriers,  images de différentes natures (gravures, peintures, BD), films (12 years a slave, 2013 ou Queimada, 1969).    

 Elaboration et présentation de la fresque

Pour la réalisation de cette fresque, nous avons travaillé avec la professeure d’Arts Plastiques du collège. Nous avons produit ensemble une composition avec les différents croquis des élèves afin de planifier une réalisation plastique cohérente. Une fois ce travail préparatoire accompli, les élèves se sont lancés dans la réalisation. Un des enjeux du projet a été notamment de choisir et d'investir un lieu de passage, un lieu commun et visible du collège pour produire, faire, éprouver et réfléchir ensemble à la question de la mémoire. Les élèves ont fait le choix de la forme de l'arche, du demi-cercle, englobant leur composition, permettant de guider le regard du spectateur de façon circulaire. Le travail de cette composition et le fourmillement d'éléments a été réalisé de façon à permettre différentes lectures de la part du spectateur, comme autant de façon de se remémorer qu'il y a d'individualité.

Les représentations figuratives (mains, bateau, poteau, crâne...) sont incluses dans des cercles, des bulles, qui encadrent et suivent la forme de l'arche, symboles de fragments, souvenirs, mémoires d'instants de cette douloureuse histoire.

Le choix explicite a dû être fait de ce que l'élève devait montrer au spectateur et ce qu'il devait laisser à l'imagination, à la mémoire de celui-ci. Cet enjeu est traduit par exemple par le choix de la cage d'oiseau, du gros plan sur les mains liées.

Les deux éléments centraux dans la composition sont la figuration de poings cassant des chaines, et au-dessus un champ de coton dans lequel on peut distinguer des yeux. Entre ces deux éléments se trouve la citation de Condorcet, dont le portrait apparaît également dans les bulles qui encadrent la fresque.

Développer la sensibilité et l’engagement des élèves

En utilisant des moyens de créations bidimensionnels, champs d'expression symbolique et non verbal, à l'exception de la citation dont la lecture arrive dans un deuxième temps pour le spectateur, cette fresque a également permis la formation des élèves par les dimensions culturelles, sensibles et intellectuelles qu'elle articule.

Par cette fresque, les élèves ont pu travailler leur démarche. Celle-ci leur a permis à la fois de se découvrir singulier et solidaire, dans un enseignement mémoriel formant des citoyens conscients et responsables capables de s’emparer de questions artistiques pour figurer leurs acquis en histoire et d’inviter les membres de la communauté éducative au souvenir témoignant ainsi d’un véritable engagement moral et civique pour la construction d’une mémoire commune. C’est pour cela que les élèves ont décidé au final d’inscrire le titre à l’intérieur du drapeau national et de faire en sorte que le message y figurant ne soit pas une injonction au souvenir dans le cadre du travail de mémoire mais plutôt une invitation à prendre conscience de l’importance de ces questions mémorielles aujourd’hui.

 

fresque esclavage 

 

Le rayonnement de la fresque dans le collège 

 La fresque fait désormais partie de l’environnement des élèves au sein de l’établissement et elle a un rôle important en invitant à la réflexion et au souvenir concernant une question essentielle de notre mémoire commune. Sur le mur qui se trouve en face, les élèves ont même décidé de réaliser la fresque sur la colonisation, constituant ainsi un ensemble mémoriel et artistique tout à fait remarquable dans le même couloir particulièrement emprunté lors des circulations aux intercours.

Les parents ont constamment adhéré à cette pédagogie de projet dans laquelle leurs enfants se sont investis pour concrétiser leur travail d’histoire et de mémoire en réalisant des productions artistiques de qualité. Les parents ont ainsi été invités avec leurs enfants à participer à l’inauguration de la fresque le 13 décembre 2019

Madame Lagrange et Monsieur Chabane, respectivement professeurs d’Arts plastiques et d’histoire-géographie au collège Gustave Flaubert à Paris dans le XIII e arrondissement.