Cette communication répondra aux questions suivantes : quelles sont les stratégies d’adaptation déployées par les ménages de travailleurs pauvres et modestes de la France contemporaine pour se maintenir dans un parcours ascendant ? Dans quelle mesure les conduites qu’ils développent permettent-elles d’appréhender les modalités du « halo » de la pauvreté ? Et en quoi la Stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté (SNPLP) vise-t-elle à favoriser les capacités de résilience de ces personnes ?
Cette communication répondra aux questions suivantes : quelles sont les stratégies d’adaptation déployées par les ménages de travailleurs pauvres et modestes de la France contemporaine pour se maintenir dans un parcours ascendant ? Dans quelle mesure les conduites qu’ils développent permettent-elles d’appréhender les modalités du « halo » de la pauvreté ? Et en quoi la Stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté (SNPLP) vise-t-elle à favoriser les capacités de résilience de ces personnes ?
Pour répondre au questionnement, nous nous appuierons sur les résultats d’un travail de thèse en sociologie qui a porté sur les trajectoires de sortie de la pauvreté d’individus et de ménages vivant en milieu urbain (Auzuret, 2017) et sur une enquête post-doctorale étudiant la gouvernance multiniveaux de la SNPLP (Projet de recherche gouvernance multi-niveaux et SNPLP, 2020).
En premier lieu, nous présenterons les différentes stratégies qu’élaborent les ménages rencontrés pour supporter l’incertitude et la faiblesse de leurs revenus. Nous verrons que certaines de ces pratiques visent à l’économie, que d’autres sont en rapport avec des dépenses difficilement négociables à court terme (Lelièvre, Rémila, 2018) et que d’autres encore reposent sur des formes de soutien familial et/ou institutionnel. En outre, ces pratiques s’affirment et s’intensifient selon le type de parcours de pauvreté dans lequel s’inscrivent les personnes.
En second lieu, nous nous intéresserons au « halo » de la pauvreté (Outin, 2018), c’est-à-dire aux écarts existants entre les approches monétaires et subjectives de la pauvreté. Ce « halo » se compose de deux modalités : la 1ère renvoie aux individus non pauvres au sens monétaire du terme qui s’estiment pauvres et la 2ème à ceux qui bien qu’objectivement pauvres ne se considèrent pas comme tels. Nous verrons que cette seconde modalité du « halo » de pauvreté souligne la capacité de résilience dont font preuve certains ménages.
En troisième lieu, nous nous interrogerons sur les relations entre les composantes de la perspective d’investissement social (peIS) prônée par la SNPLP et la notion de résilience. Nous montrerons que cette perspective comprend une dimension préventive. En cela, elle s’inscrit en partie dans la lignée des travaux d’Amartya Sen (1985, 2000) sur le développement des capacités. Ensuite nous verrons que, selon cette perspective, l’ensemble des difficultés rencontrées par les personnes à un instant T doivent être prises en compte, dans l’optique d’enrayer un phénomène de causalité circulaire, en cherchant à soutenir les capacités de résilience des individus face aux épreuves de la vie (Rosanvallon, 2021).
Claire Auzuret est Docteure en sociologie de l’Université de Nantes et membre du CENS (UMR 6025).