Le phénomène des ultras, groupes de supporters des équipes de football, s’est développé dans |
le monde arabe dans les années 2000. Or, à partir de 2011, année des premiers mouvements du « printemps arabe », on observe une mutation au niveau des objectifs communicationnels des différents membres, visible à travers les paroles des chants de soutien. Pour Saïd Bennis (2019), on assiste à une politisation du discours des ultras dans les pays arabes. Les messages se sont mis à dépasser le cadre strictement sportif pour exprimer des revendications qui font écho à celles scandées dans les rues. Les destinataires ne sont plus seulement les joueurs, le |
public sportif, mais la société civile dans son ensemble, appelée à résister, à lutter contre |
l’injustice et à conquérir sa liberté. D’autre part, les autorités sont apostrophées, directement ou indirectement. Sur le plan stylistique, le lyrisme est très présent pour dire les souffrances du peuple et faire passer des émotions (« shams al-ḥurriyya », Le soleil de la liberté, Ultras White Knights, supporters du club égyptien Zamalek ; « f blād-i ḍəlmū-ni», On m’a opprimé dans mon pays, supporters du club marocain Raja,...). Ainsi pourrait-on dire que les chants des Ultras dans les pays arabes sont devenus le lieu d’une résistance à une situation de vulnérabilité. Dans un contexte de réduction des dispositifs publics d’action et d’engagement |
sociaux, l’adhésion à un groupe d’ultras pourrait même être la manifestation d’une forme de |
résilience. |
Amine Srifi Alami est étudiant en 2ème année de classes préparatoires commerciales, option |
technologique, à l’École Nationale de Commerce. Ahmed Zitouni est étudiant en 2ème année de classes préparatoires commerciales, option technologique, à l’École Nationale de Commerce. |
Karima Ziamari est professeure et chercheure à la faculté des Lettres et des Sciences humaines de Meknès (Maroc) dans les domaines de la sociolinguistique, de la dialectologie arabe et des Gender Studies. Elle est responsable du groupe de recherche Art, langues et littérature (GRALL) et membre du Laboratoire de recherche Communication, Interculturel, Genres, Arts, Langues et Sociétés.