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Exposition Metropolis

Fritz Lang réalise en 1927 Metropolis un film mythique, reflet d'une période troublée de l'entre-deux guerre. L'industrialisation modifie les rapports sociaux qui s'exacerbent dans un contexte d'expansion et d'intensification urbaine. L'expressionnisme allemand, l'architecture urbaine, les inégalités sociaux-économiques, l'histoire du cinéma sont quelques uns des thèmes abordés autour des six séquences de l'exposition : La Cité des Fils ; la Ville ouvrière ; la ville Haute ; Le Laboratoire Rotwang ; Les Catacombes ; La Cathédrale.

Cité futuriste, Metropolis nous interroge sur les rapports sociaux nés de l'industrialisation exprimés au travers de la Ville Ouvrière en sous-sol et de la Ville Haute. Cette cité s'inscrit à la fois dans le futur de Fritz Lang tout comme dans des problématiques urbaines qui demeurent encore les nôtres.

Un film révélateur des débats urbanistiques de son temps

Fritz Lang est influencé par le travail d'Erich Mendelshon (architecte expressionniste allemand) ; en octobre 1924, les deux hommes se rendent ensemble à New York alors vitrine du monde urbain de ce début XXème siècle. A l'approche de la ville, tous deux restent fascinés par cette "forêt verticale" de gratte-ciels. A cette date, si le thème principal de Metropolis est déjà fixé, son scénario n'est pas encore définitif. Le cinéaste reste marqué par les lumières de la nuit et la métamorphose qui s'opère. Son voyage conforte son projet de film mettant en scène les "nouveaux" matériaux employés à l'époque : verre, beton, acier.

 Les politiques nouvelles nées de l'industrie, la lutte des classes et les espaces séparés de la ville sont au coeur de Metropolis.

Erich Mendelshon est "l'auteur" de la tour Einstein à Potsdam qui préfigure les tours du film. A la fois, elle émerge d'une sorte de grotte et ses fenêtres courbes illustrent le temps et l'espace. Un second bâtiment de l'architecte inspire Fritz Lang, le Mossehaus, immeuble de bureau dont l'angle réaménagé est remarquable.

Le concours d'urbanisme du Grand Berlin (1909-1910) ouvre la capitale à la planification. De nouvelles préoccupations s'y exposent conduisant à la critique sociale des Mitskasernen (casernes à loyer) : la poussée démographique remet en cause ces espaces. De même, les transports sont au coeur des projets et reprennent le principe de l'intermodalité (déjà appliquée à Chicago et New-York avec des gares à plusieurs niveaux). Fritz Lang est fortement marqué par ces projets.

Le Corbusier présente une réorganisation du centre de Paris par le Plan Voisin en 1925. Il affirme que "l'urbanisme est brutal". L'espace est structuré, aménagé selon les logiques industrielles. La ville de l'avenir est "une ville machine". Fritz Lang répond en quelque sorte à Le Corbusier dans Metropolis en dénonçant ce modèle. 

Ce film, âgé de presque un siècle, préfigure les débats urbanistiques de notre temps alors qu'ils étaient déjà en germe à l'époque de Fritz Lang.

Mémoires et Metropolis

Metropolis réactive les anciens mythes fondateurs de notre culture (la tour de Babel ou encore Utopia de Thomas More). Il interroge ainsi notre mémoire et nos mémoires culturelles.

Depuis 2001, le film est inscrit au registre de la Mémoire du monde de l'UNESCO. Référence toujours revisitée par les cinéastes de science fiction, Metropolis oeuvre dans notre présent. 

Sa version actuelle révèle une autre histoire, celle des images du XX° s. En effet, l'exposition présente le travail de restauration du film et celle d'une histoire vivante des images.

En 1925, la Paramount et la MGM avaient signé un accord avec la UFA pour diffuser cette production aux Etats-Unis, dans une version expurgée de plusieurs scènes, considérées comme secondaires. Cette version courte fut pendant longtemps la seule version disponible du film : le Septième Art n'étant pas considéré comme Art, de nombreux négatifs avaient été détruits. En 1927, un cinéphile argentin en commande une copie 35 mn en nitrate (moins coûteuse mais fragile et hautement inflammable) dans sa version non expurgée. Cette copie nitrate fut léguée par Manuel Pena Rodriguez à la cinémathèque de Buenos Aires qui, la considérant trop dangereuse, la copia en 16 mn (mauvaise conservation mais bon marché dans les années 70). Salvador Samaritano, critique de film, se rappellant avoir eu la chance de participer à une projection de la version longue du film en retrouve une copie en 2008. Afin de remonter le film dans sa version originale, il s'appuie sur la partition de Gottfried Huppertz, composée pour le film, mentionnant les indications du réalisateur. Musique imprégnée d'un siècle finissant, le XIX°s, sur une dramaturgie de Gottried Huppertz, très moderne pour l'époque, Metropolis exprime un quotidien rêvé et craint.

Fritz Lang et le nazisme

En 1933, Gobbels propose à Fritz Lang d'être cinéaste du IIIe Reich. Lors d'une interview, il affirme "avoir été invité" c'est à dire "obligé" de participer à l'édification de la culture d'une nation allemande nazie. Hitler, particulièrement sensible aux Nibelungen, même si Le testament du Docteur Mabuse avait été censuré, considéré comme subversif, espère la participation du cinéaste au projet nazi. Feignant d'accepter, F. Lang préfère la fuite, la journée même de cette proposition, en quittant précipitamment l'Allemagne par le train par la Belgique pour gagner les Etats-Unis.

Expressionisme allemand, "art dégénéré" et nazisme

Les thèmes développés dans le film - la peur de l'avenir, l'homme face à son destin, la lutte pour la survie -   sont à contre-courant du cinéma hollywoodien (où seule l'intrigue guide le cinéphile) et du nazime. Le film peut servir de fil conducteur dans les thèmes 2 et 3 d'histoire en classe de Première. Des artistes allemands, pacifistes, épris de liberté furent dénoncés lors de l'exposition sur "l'art dégénéré" à Berlin en 1937 (Otto Dix, Paul Hindemith par exemple).

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