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Anatomie politique de la domination, B. Hibou

Ed. La Découverte, Avril 2011

Qu’est-ce que la domination ? Comment s’exerce-t-elle ? Par quels mécanismes se reproduit-elle ? Quels sont les critères et les pratiques qui permettent aux pouvoirs de se légitimer ? De quelles manières y participons-nous ? Telles sont quelques unes des questions auxquelles l’auteure apporte un certain nombre de réponses, d’abord, en se référant à la pensée de quelques philosophes : Marx, Weber, Gramsci et, plus près de nous, Bourdieu ou Foucault ; ensuite, en utilisant une approche alliant comparatisme, analyse du quotidien et économie politique. Elle met ainsi en évidence les dispositions, les pratiques qui sont susceptibles de rendre la domination concevable, supportable, acceptable voire appréciée !

Pour mener à bien son travail d’investigation, elle s’est appuyée sur une analyse de situations autoritaires ou totalitaires, en particulier sur les cas « paradigmatiques » du fascisme, du national-socialisme et du socialisme soviétique. Mais, « l’efficacité » de la domination dans ces situations politiques « extrêmes » est relativement facile à expliquer (encore que l’auteure prenne quelques distances avec certaines explications habituellement proposées), compte tenu des caractéristiques spécifiques des régimes politiques concernés.

Autrement plus complexe est l’identification des ressorts de la domination en démocratie : certains de ces ressorts étant identiques à ceux qui s’observent dans les régimes autoritaires ou totalitaires mais certains autres étant propres aux régimes démocratiques (sans doute, en raison de libertés publiques qu’ils sont censés garantir). C’est ici, en disciple de M. Foucault, que l’auteure pointe et critique les dérives du politique dans l’exercice de la domination, dans les démocraties actuelles.

Un ouvrage assez difficile d’accès, demandant une certaine culture philosophique mais développant une approche originale. Peut être utilisé en ECJS.