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Gabriel Tarde, R. Leroux

Coll. Les grands théoriciens, Ed. Ellipses, Juin 2011

Ce sociologue français de la seconde moitié du XIXe siècle était salué, de son vivant, comme l’un des plus grands penseurs de l’époque mais quelques années après sa mort (au début du XXe siècle), il va connaître une longue période d’oubli dont il ne sortira, et encore que partiellement, dans les années 1960.

L’auteur évoque, pour expliquer l’occultation de l’œuvre de Tarde, son style « lourd, inutilement compliqué », une tendance à « de fâcheuses digressions » et enfin une architecture de l’œuvre pas toujours précise. Il ajoute que son étoile a fortement pâli à partir du moment où il a été systématiquement comparé à son contemporain, Durkheim, dont les thèses « étaient plus compatibles avec le contexte socio-politique » de la première moitié du XXe siècle ; en outre, si Durkheim avait fait école, Tarde n’a jamais eu de disciples, ce qui a réduit sensiblement son influence posthume.

Comme toujours dans cette collection, une biographie sommaire est d’abord proposée, suivie d’une présentation (et d’un résumé) des principales œuvres de Tarde ; il apparaît alors que son œuvre ne saurait être réduite aux seules Lois de l’imitation (voir, par exemple, ses ouvrages de criminologie, de psychologie sociale et économique, de sociologie politique et économique).

Ensuite, sont étudiés les concepts fondamentaux qu’il a explorés. Il est, à cet égard, intéressant de noter que certaines de ses idées (notamment en psychologie sociale) ont influencé l’interactionnisme symbolique de l’Ecole de Chicago et  qu’il fournit des « munitions », encore partiellement utilisables aujourd’hui, pour critiquer l’utilitarisme trop étroit de certains économistes et sociologues.

Un glossaire spécifique et une bibliographie sélective complètent cet ouvrage très lisible et dont la lecture est tout à fait recommandée