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Le vote, P. Lehingue

Coll. Grands Repères, Ed. La Découverte, Octobre 2011

L’auteur part d’un constat peu discutable : le vote serait frappé d’un double déclassement : d’abord, « discrédit d’une pratique sociale lourdement affectée par la progression, depuis le début de la décennie 1980, des conduites d’exit (participation de plus en plus intermittente) et…par la concurrence d’autres formes de voice (expériences de démocratie délibérative ou participative » ; ensuite, « déclassement parallèle d’un objet d’investigation jugé poussiéreux (usé à force d’être labouré) et d’une discipline académique perçue comme légitimiste ».

Il commence par se demander à quoi sert le vote et distingue deux fonctions manifestes (l’expression de convictions politiques et la sélection de représentants) et quelques autres fonctions « subsidiaires ».

Puis, il rappelle les grandes traditions d’analyse sociologique du vote, après s’être interrogé sur « ce qu’interpréter des votes veut dire ». Il pointe l’opposition entre ceux qui mettent en évidence les déterminismes qui influencent les votes et les tenants du choix rationnel.

Ce qui le conduit à évoquer les explications des comportements électoraux qui prennent en compte le degré de compétence des électeurs et celles qui insistent sur le processus d’individualisation des votes (lequel s’accompagnerait de la disparition du « vote de classe ». L’auteur penche pour une explication des votes qui prendrait en compte les trajectoires biographique et sociale des individus mais aussi le « contexte » (au sens large) dans lequel ceux-ci pensent et agissent (famille, amis, voisins, collègues de travail…).

Seule lacune (?) : l’analyse de l’influence exercée par les médias.

Ouvrage souvent passionnant et certainement exploitable en ECJS.