Bandeau

Bibliographies. L'esprit- La technique. 2011

Académie de Paris- Préparation aux concours de la session 2011

Hadi Rizk

Agrégation interne - Remarques  et indications bibliographiques sur le thème de l’explication de texte : l’esprit.

Il est important  de souligner que cette épreuve est d’abord une explication de texte, portant sur deux auteurs, au choix, du programme des classes terminales.

Il ne s’agit en aucun cas d’une réflexion générale sur le thème proposé, avec une explication de texte qui tourne au commentaire ou à la réflexion sur l’objet mis au programme. Le thème doit être considéré comme une  forme de présélection d’un texte, dont le propos pourra coïncider avec la notion d’esprit. Il convient, par conséquent,  de préparer l’épreuve comme une explication de texte et de se soucier prioritairement du savoir-faire et de la patience nécessaires pour expliquer, avec distance et sang-froid, un texte d’Aristote, de Locke ou de Bergson, sans se préoccuper de ramener a priori le texte aux grandes articulations de la problématique de l’esprit.

Comme nous pouvons le constater, la notion d’esprit est fort ample.

On se rappellera, pour commencer, l’Ecriture sainte, et son insistance sur  l’esprit de Dieu qui souffle, vivifie l’âme du point de vue du salut, en forçant les limites du seul intellect. Il s’agit d’une puissance qui se manifeste en éveillant toutes les facultés de l’individu ainsi transformé — imagination, sensibilité, affectivité, intelligence. L’esprit conduit aussi à prophétiser, c’est-à-dire à ressentir les desseins de Dieu, bien au-delà des ressources du langage ordinaire et de l’entendement. L’illumination conduit à la conversion, corps et âme réunis, à une vie de l’esprit qui est bien plus efficace que celle qui se conforme à la seule lettre de la Loi.

Cet élan en même temps affectif et intellectuel se retrouve dans l’emportement poétique.

De même, la relation de l’esprit et de la vie permet de comprendre la puissance d’inventer le nouveau, la mémoire créatrice ainsi que le dépassement vers l’avenir, que l’on retrouve dans L’Evolution créatrice ou dans Matière et mémoire, de Bergson. L’esprit exprime la vie même, en son sens ontologique et pas seulement scientifique : avec la capacité d’auto-organisation et la spontanéité, l’esprit se distingue de la répétition, de l’extériorité mécanique et de l’inertie propres à la matière. Il est par excellence fonction du temps qui lie et sépare en même temps, d’un temps qui conserve le passé et qui est gros de l’avenir. Plus encore, l’esprit entretient un rapport à l’éternité tout en permettant d’ordonner et de mesurer le temps : l’esprit agit comme à rebours de la dispersion et de l’instantanéité de la matière.

On devra étudier les couples de notions esprit/vie, esprit/lettre ou encore esprit/chair : d’où vient cette puissance d’activité et, pour ainsi dire, d’émancipation par rapport à la matière et au réel, que l’on prête à l’esprit ? Ne s’agit-il que d’une image suscitée par le vécu de la réflexion, par le retour de la pensée sur sa propre activité ? Y a-t-il une continuité d’existence, voire une substantialité intrinsèques de l’esprit ?

Cette question peut être reformulée ainsi : peut-on renoncer à toute réalité du mental et essayer de pénétrer dans une conscience comme dans un moulin parfaitement objectivable, où il y aurait d’une part les structures neurologiques du cerveau et, d’autre part, les représentations suscitées par les actes de langage ? Nous verrons que l’on ne peut pas mettre l’esprit entre parenthèses, ni le déduire à partir d’autres choses parce que l’esprit se présuppose lui-même dans son activité comme dans ses œuvres, même si sa puissance se laisse oublier au profit de ses produits. Nous veillerons surtout à ne pas lui prêter le mode d’existence d’une chose, mais celle d’un acte.

S’il est indispensable de lier la position de l’objet à un acte de jugement, et l’unité du perçu à une synthèse des représentations inséparable de l’activité d’un Je pense, est-ce à dire que la transcendance de la pensée réside en une chose mentale, que l’on appelle l’esprit ? Enfin, l’on se demandera si les caractères de la vie de l’esprit, comme unité d’une cogitatio (acte de penser) qui rapporte  à elle-même la diversité et de ses propres cogitationes (les diverses idées qu’elle forme), ou encore comme pouvoir de penser l’altérité en supprimant la différence entre la pensée et ce qu’elle pense, ne conduisent pas à remanier les séparations schématiques dans lesquelles s’enferme le préjugé, qui oppose l’esprit et le  réel. L’esprit est-il au fond toute la réalité et, dans ce cas, est-il pertinent d’isoler l’esprit de son auto-mouvement, en tant que puissance de réalisation du réel, pour en faire une instance fixe, isolée — morte­ ?

Dans ces conditions, la meilleure préparation consiste à tenter  de faire une explication, en réfléchissant sur un texte précis et en rédigeant au moins  quelques notes, même si l’exercice complet n’est pas effectué. Il est souhaitable aussi de profiter de la préparation d’un texte pour lire ou relire quelques parties substantielles de l’ouvrage dont il est tiré. Au cours de l’année, on privilégiera la préparation du plus grand nombre de textes possibles, en essayant de diversifier les thèmes et les modes d’écriture et d’analyse.

Voici quelques pistes de lecture, dans une liste qui ne se veut pas exhaustive :

Platon : Phèdre.

Aristote : De l’âme.

Descartes : Méditations métaphysiquesRéponses aux objectionsPrincipes de la Philosophie I et partie IV, à partir du § 188.

Spinoza : EthiqueTraité théologico-politique, chapitres 1 à 7.

Locke : Essai sur l’entendement humain, parties 1 et 2.

Leibniz : Nouveaux Essais sur l’entendement humain (Préface, livres I et II), Principes de la nature et de la grâceMonadologie.

Hume : Enquête sur l’entendement humain.

Kant : Critique de la raison pure.

Hegel : Phénoménologie de l’espritEncyclopédie, III — l’Esprit.

Bergson : Matière et mémoireL’Evolution créatrice.

Agrégation interne - Remarques et indications bibliographiques sur le thème de la dissertation : la technique.

Sur une telle notion, il convient d’éviter les lieux communs et les simplifications abusives sur les « moyens sans sagesse » de la technique, ou encore sur la violence de la technique à l’égard de la nature. On veillera à décrire la technique comme une stratégie de la vie, dans son rapport normatif au monde. Seul l’organisme vivant, doué d’auto-organisation est capable d’inventer, comme prolongement de son être, des individus techniques : ceux-ci partagent avec lui une forme d’autorégulation.

La machine, assurément, n’est pas un être vivant mais elle simule la forme de totalité propre au vivant. Le fonctionnement de la machine  relève d’une forme inventée par l’homme et déposée dans la matière : cette forme se maintient dans la matière inorganique par l’intermédiaire des lois de l’extériorité physique. En ce sens, la machine ne travaille pas mais elle fonctionne, dans la mesure où la finalité qui règle le rapport entre ses parties lui permet, jusqu’à un certain point, une certaine autonomie ainsi qu’une insertion efficace dans le monde ambiant.

Nous analyserons le sens du concret, du système et du progrès, relativement aux objets techniques saisis dans le milieu technique auquel ils participent. En définitive, la technique n’est pas une activité vassale ou subalterne dans la mesure où elle constitue une dimension essentielle de l’être-au-monde de la réalité humaine.

Les indications bibliographiques concernant ce sujet coulent de source.

D’abord, lire intégralement ou lire au moins la première partie et la conclusion de l’ouvrage de Simondon : Du mode d’existence des objets techniques, Aubier.

Il faut s’approprier aussi l’analyse de Heidegger,  La question de la technique, dans les Essais et conférences (Tel/Gallimard). On  complètera cette lecture avec celle du Principe de raison, cours et conférence (Tel/Gallimard).

On ne négligera pas de reprendre la deuxième partie de L’Evolution créatrice, de Bergson (Puf/quadrige), ainsi que Descartes, Discours de la méthode, parties 5 et 6. Il y a d’autres indications précieuses à la fin de la partie IV des Principes de la philosophie.

Du point de vue des catégories philosophiques impliquées par la réflexion sur l’objet technique, comme celles de finalité, de totalité ou encore la question de l’hylémorphisme, il est utile de retravailler Aristote, Physique I et II ainsi que  Kant, Critique de la faculté de juger, 2ème partie.

Il y a bien entendu des indications précieuses tout au long du livre I du Capital, de Marx, et dans les textes préparatoires à la critique de l’économie politique (Grundrisse).

Cette liste se veut à la fois limitative et sélective : d’autres textes sont  à connaître mais cette première approche ici proposée permet constituer une problématique sûre et rigoureuse, et de préparer l’exploitation du cours qui sera proposé à la rentrée.

Premiers sujets de devoir : agrégation interne et CAPES interne 

Agrégation interne

Explication de texte : l’esprit.

-      Aristote : Ethique à Nicomaque, Vrin, traduction Tricot : X, 7, du début du paragraphe jusqu’à « car nous ne nous adonnons à une vie active qu’en vue d’atteindre le loisir, et ne faisons la guerre qu’afin de vivre en paix ».

-      Descartes : Principes de la philosophie, I, art. 8 et 9.

-      Descartes : Traité des Passions, I,  art. 17, 18 et  19.

-      Spinoza : Ethique, II, proposition 13, scolie.

-      Locke : Essai sur l’entendement humain, II, chapitre 23, § 28.

-      Leibniz : Monadologie, du § 11 au § 16, jusqu’à « …enveloppe une variété dans l’objet. »

-     Berkeley : Principes de la connaissance humaine, § 64, à partir de « Les idées ne sont pas produites n’importe comment… » jusqu’à la fin.

-      Kant : Critique de la raison pure, PUF, p. 320-322, ou, se reporter à la fin de la psychologie rationnelle, dans la dialectique transcendantale, Remarque générale concernant le passage de la psychologie rationnelle à la cosmologie, depuis « La proposition, je pense, ou j’existe pensant… » jusqu’à « …la signification analogique qu’ils ont dans l’usage théorique. »

-      Hegel : Encyclopédie, section l’Esprit, § 381-384 ; la notion de l’esprit. Ne pas traiter la remarque qui vient après le § 384.

-                :  Préface à la phénoménologie de l’esprit, dans l’édition GF (Traduction Lefebvre), les §§ 17, 23 et 25, qui peuvent chacun  faire l’objet d’une explication. On s’attachera plus particulièrement au § 23 (traduction Hippolyte), qui se trouve aussi dans l’édition Aubier, p. 21-22, à partir de « Le besoin de représenter l’absolu… automouvement. »

Dissertation philosophique : la technique.

-      La technique n’est-elle qu’un auxiliaire du travail ?

-      Qu’est-ce qu’un progrès technique ?

-      En quel sens la technique nous rend-elle comme maîtres et possesseurs de la nature ?

-      Y a-t-il une rationalité propre à l’invention technique ?

-      La technique est-elle une ruse de la vie ?

-      La technique subvertit-elle l’ordre des choses ?

-      Quel est le critère de réussite d’un objet technique

CAPES interne 

Explications de texte

- Aristote : Ethique à Nicomaque, I, 6, traduction Tricot ; Vrin :  à partir de un peu au-dessus de 1098  a “Le simple fait de vivre est, de toute évidence, une chose que l’homme partage… » jusqu’à la fin du §.

- Descartes : Principes de la philosophie, IV, § 197.

- Kant : Prolégomènes à toute métaphysique future, § 29.

Dissertations

- A quoi reconnaît-on une idée vraie ?

- L’histoire est-elle intelligible ? 

- Le travail : aliénation ou libération ?

- En quoi l’hypothèse de l’inconscient éclaire-t-elle le comportement humain ?

- Qu’est-ce qu’une valeur morale ?

- Quelles fins poursuit la technique ?