Dans le cadre d'une recherche sur "Le numérique et l'entraînement à l'oral d'HdA en 3e", Franck Rolland, professeur au collège Moulin-des-Prés (Paris 13e arr.) et membre du GIPTIC, propose des fiches de présentation d'objets d'étude. Ces objets d'étude sont intégrés dans une préparation multidisciplinaire répartie sur l'année ; ils portent sur la présentation par les élèves d'une vingtaine d’œuvres retenues en raison de leur lien avec l'Histoire du XXe siècle et leurs thématiques : "Arts, États et pouvoir" et "Art et engagement". En 2012-2013, ce travail s'inscrivait dans le cadre national des TRAAM ayant pour thème : "Dire et écrire avec le numérique en Histoire et Géographie". En 2013-2014, il est appliqué pour la deuxième année dans les trois classes de 3e du collège Moulin-des-Prés.
Comment la peinture allégorique et narrative de Chagall rend-elle compte de la persécution des Juifs d’Europe dans l'entre-deux-guerres ?
Allégorie, la guerre civile en Russie, le nazisme, un régime raciste et antisémite, la « Nuit de cristal »
La fiche proposée en lien ci-dessous remplira selon votre choix deux objectifs pédagogiques :
Marc Chagall, peintre d'origine russe et de culture juive, mais installé à Paris depuis 1923, a été le témoin horrifié des persécutions contre les Juifs d'Allemagne et d'Europe de l'Est. Le tableau La Crucifixion blanche, peint en 1938 mais exposé un peu plus tard, lui permet de rappeler et de dénoncer ces persécutions.
Pour l'enseignant, la figure centrale de ce tableau permet de reprendre avec les élèves des éléments de culture religieuse dans un cadre syncrétique : la figure chrétienne du crucifié est accompagnée d'objets rituels caractéristiques du judaïsme comme le châle ou le chandelier.
De part et d'autre, deux scènes narratives renvoient, à gauche, aux persécutions subies par les Juifs d'une ville de Russie au temps de la guerre civile (violences reliées au drapeau rouge), à droite à la profanation par un homme en chemise brune d'une synagogue surmontée d'un drapeau allemand.
Au pied du crucifié, les Juifs qui s'enfuient sont les survivants et les témoins de ces persécutions.
Si Chagall prend explicitement position face aux violences des années trente, il n'interviendra pas de façon directe au temps de la Shoah ni au lendemain de la découverte des camps d'extermination. Dans un souci de relier des œuvres proches par l'esprit, l'enseignant pourra rapprocher le tableau de Chagall de l'exposition de Christian Boltanski, Personnes, une installation réalisée en 2010 pour évoquer les victimes invisibles de la Shoah. Voir la ressource pédagogique consacrée à cette oeuvre.