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L’industrie française décroche-t-elle ?, P-N. Giraud & Th. Weil

Coll. Doc’en Poche, Éd. La Documentation française, 190p., Février 2013

L’industrie, en France, a perdu 2 millions d’emplois entre 1980 et 2011. Ce qui reflète le déclin de sa compétitivité qui a, lui-même, favorisé une perte de débouchés, intérieurs et extérieurs ; laquelle a entraîné un déficit commercial (en particulier concernant les échanges de produits manufacturés) et des fermetures d’usines et des délocalisations, donc, dans les deux cas, des pertes d’emplois.

Les auteurs, professeurs à Mines ParisTech précisent d’abord ce qu’est l’industrie aujourd’hui et l’évolution récente qu’elle a connue ; puis, ils pointent l’étendue du « décrochage » français (à la fois en comparant la situation de l’industrie française encore au début de années 2000 à celle observable aujourd’hui et en la comparant à la situation de l’industrie dans un certain nombre de pays développés, européens principalement).

Ils repèrent ensuite les principales faiblesses de l’industrie française : faiblesses structurelles qui sont autant économiques (par exemple, mauvaises spécialisations productives, liens insuffisants avec la recherche et avec les investisseurs…) que sociales (mauvaise articulation entre le système de formation et les besoins en main-d’œuvre des entreprises, climat social tendu rendant difficile les changements organisationnels dans les entreprises…).

Les auteurs montrent ensuite que pouvoir se passer d’une industrie forte, en s’appuyant sur les seuls services, est une illusion ; ce qui oblige la France à ne pas laisser dépérir son tissu industriel et à ne pas se résigner à la dégradation de son solde industriel.

Pour réagir, ils préconisent de s’inspirer des modèles industriels qui marchent (ou qui marchent mieux) : les Etats-Unis, la Chine, l’Allemagne, la Suède, et de procéder à une « adaptation réfléchie et négociée » de notre système industriel. Un sursaut implique des initiatives des entreprises elles-mêmes (montée en gamme, effort de formation de la main- d’œuvre, promotion d’un meilleur dialogue social, pari sur l’innovation, la qualité et la productivité…) et il implique aussi une politique publique de soutien aux entreprises (par la fiscalité, en renégociant certaines règles du commerce mondial, renforcer la coopération européenne…).

Une synthèse excellente, très accessible donc hautement recommandable.