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Pauvreté et inégalités, Problèmes économiques n°3070

Éd. La Documentation française, Juin 2013

La période des Trente glorieuses durant laquelle la pauvreté reculait, dans les pays développés, semble appartenir aujourd’hui à un passé lointain… et, hélas, révolu.

P. de Beer prévient : concernant les effets de la crise sur la pauvreté, en Europe, le pire est à venir, car les politiques d’austérité adoptées à peu près partout sur le Vieux Continent n’ont pas encore fait sentir tous leurs effets négatifs sur la pauvreté et sur les inégalités. Il montre aussi que l’impact de la crise et de ces politiques varient selon les pays (leur régime de protection sociale, l’état des rapports sociaux et les politiques publiques nationales).

Th. Schnee précise que si l’Allemagne est devenue l’une des économies les plus compétitives de la zone euro, elle le paye par une pauvreté et une précarité importantes ; les « lois Hartz » ont flexibilisé le marché du travail en durcissant les conditions d’obtention des allocations chômage et en favorisant la multiplication des « petits boulots », à temps très partiel et/ou temporaires, mal payés de surcroît. Si elle a divisé par 2 son taux de chômage depuis 2005,70% de ses chômeurs vivent en dessous du seuil de pauvreté (contre 45% d’entre eux en moyenne dans l’UE) et elle compte 7,5 millions de travailleurs à temps partiel, payés un maximum de 400 euros par mois.

B. Milanovic fait le constat, sur 20 ans, d’un monde moins pauvre mais plus inégalitaire : les inégalités se creusant tant à l’intérieur des pays qu’entre les pays, même si ces phénomènes sont malaisés à mesurer et/ou à interpréter. Il présente aussi les 2 thèses opposées concernant les effets des inégalités sur la croissance : les uns estimant que l’importance et l’évolution des inégalités importent peu tant que toute la population voit son niveau de vie s’élever, les autres considérant que les inégalités freinent la croissance et qu’à l’inverse une plus grande égalité (des revenus) peut favoriser la croissance.

N. Duvoux rappelle que le système français de protection sociale, construit sur une logique d’assurance, a adopté une logique d’assistance : mais l’adoption de cette logique a bouleversé les représentations sociales de la pauvreté : le ciblage des prestations sur les plus vulnérables est à l’origine d’une stigmatisation des plus pauvres et d’un ressentiment d’une large partie de la population à l’encontre des « assistés ».

D. Clerc se demande comment réduire les inégalités et la pauvreté : il pense que la lutte contre la pauvreté doit aller de pair avec celle contre les inégalités. Reste à déterminer les instruments pour mener ces 2 luttes conjointement ; l’auteur en propose quelques-unes, relevant de la politique fiscale et de la politique sociale.

Une bibliographie complète ce très utile dossier. A noter aussi un article, critique, sur le trading à haute fréquence et un autre sur les jeunes issus de l’immigration face à l’emploi.