Coll. La République des idées, Éd. du Seuil, 336p., Mars 2013

Comme ils l’ont fait dans leurs ouvrages précédents, les auteurs s’appuient sur la géographie, la démographie, l’anthropologie et la sociologie pour interpréter les évolutions sociales et les résistances à celles-ci qui peuvent se manifester.

Dans l’introduction, ils décrivent l’accélération du changement social, entre 1980 et 2010, et proposent de nombreuses cartes pour le visualiser et le territorialiser.

Ils rappellent ensuite les fondements anthropologiques et religieux qui constituent des « mémoires des territoires ». Ils rappellent la « nouvelle inégalité culturelle », résultat paradoxal de l’incontestable élévation du niveau moyen d’éducation, « l’émancipation des femmes », les bouleversements de la famille et le déclin accéléré de l’industrie (« vers la société postindustrielle, trop vite »). Ces évolutions et d’autres (déclin des religions, mutations des classes sociales, montée de la « question immigrée » et des inégalités…) sont confrontées aux différentes « mémoires des territoires » qui façonnent les mentalités et influencent les comportements et les réactions des populations de ces territoires qui seront aussi différents voire opposés selon le territoire.

Les auteurs pointent la « dissociation », observable dans chaque pays, et donc en France, entre l’évolution économique, désormais internationale et la « dynamique des mentalités » qui reste nationale.

Ils examinent enfin les conséquences économiques (ainsi, la montée des inégalités entre ménages mais aussi entre régions), sociales (par exemple, « l’exil des classes populaires ») et politiques (par exemple, ils expliquent la montée du FN mais annoncent son inévitable déclin) de cette « dissociation ».

Une conclusion plutôt optimiste : il existe des raisons d’espérer (taux de suicide très bas, fécondité assez forte, actes de violence en recul…) et de réfuter les pronostics noirs. Le « malaise » serait davantage un ressenti que le reflet d’une société vraiment malade.

Ouvrage original, souvent très stimulant.