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Comment se conduire dans les lieux publics, E. Goffman

Éd. Economica, 306p., Mai 2013

Cette parution est un événement éditorial car ce livre, publié en 1963, n’avait jamais été traduit en français dans sa totalité (seul le 3ème chapitre l’avait été). Il aura donc fallu attendre 50 ans.

Goffman, après avoir étudié les interactions dans des contextes privés, les analyse ici dans l’espace public, dans des situations où deux individus (ou plus) sont assemblés. Il met en évidence et étudie les « règles », souvent non clairement perçues par les acteurs sociaux, qui, pourtant, les contraignent dans un grand nombre de situations qui donnent lieu à de multiples interactions (en particulier, de « relations de face à face »).

Dans ces situations, la seule présence simultanée d’individus, dans un espace public, se traduit par un intense échange mutuel d’informations, lesquelles leur permet d’ajuster leurs comportements aux attentes (exigences ?) de « l’ordre social ».

Il montre également combien cet ajustement est difficile à opérer et combien l’incapacité ou le refus de s’ajuster correctement expose l’individu concerné à des réactions hostiles, voire violentes de « la société ».

L’ordre social sait se rappeler à notre « souvenir » lorsqu’on veut échapper à l’emprise de ses « règles » et « contraintes » et il sait s’adapter pour perdurer.

Goffman s’efforce ainsi de distinguer les différents degrés d’implication des individus dans une situation donnée, dans l’espace public et les conséquences, pour les individus, de l’adoption d’une implication plus ou moins poussée dans un contexte situationnel donné (situations de rencontre, de rassemblement…).

Il s’agit donc d’une microsociologie des relations et interactions sociales qui débouche sur des réflexions profondes sur les rapports de domination que « recouvre » tout ordre social, domination d’autant plus efficace que ses ressorts sont moins visibles par ceux qui la subissent.

Très intéressante postface de D. Cefai (le traducteur de ce livre).

Lecture à réserver cependant à un public « averti », tant la sociologie de Goffman est déroutante par le « feu d’artifice » d’une pensée foisonnante, ses références hétérogènes (sociologiques mais aussi anthropologiques voire littéraires) et par le vocabulaire qu’il emploie, parfois abscons.