« Il ne faut pas chercher le pouvoir des mots dans les mots » disait le sociologue Pierre Bourdieu. Le pouvoir et l’efficacité d’une parole dépendent en effet toujours de la position sociale de celui ou celle qui parle et non des mots en soi. Une femme n’est jamais entendue de la même manière qu’un homme, les revendications d’un ouvrier n’ont que peu de valeur face à celles d’un économiste, une personne blanche sera toujours plus écoutée qu’une personne non- blanche... La prise de parole, qu’elle soit dans des discussions privées, autour d’un café, dans une réunion professionnelle ou en public dans les médias et sur les plateaux de télévision est toujours une arène traversée par de multiples mécanismes de dominations sociales. La vulnérabilité sociale se double en effet d’une vulnérabilité linguistique : être invisible dans la société, c'est avoir une parole dévalorisée, non écoutée et peu reconnue. La fragilité d’une place au sein d’un discours renvoie alors à la fragilité d’une place au sein de la vie sociale. Comment, dès lors, franchir les barrières sociales qui empêchent de se faire entendre dans la vie sociale et professionnelle ? C’est une discussion entre la théorie sociologique et la pratique quotidienne du langage qui sera menée ici pour comprendre comment faire face à une situation de vulnérabilité, celle des pratiques langagières.