1. Faire de la géographie "au ras du sol"
La séance inaugurale du festival inscrite au Programme National du Formation a réuni aux côtés de l'Inspection Générale (Michel HAGNERELLE, Catherine BIAGGI, Laurent CARROUÉ) la nouvelle municipalité et plusieurs grandes figures de la géographie comme Béatrice COLIGNON et Philippe PELLETIER, tout deux directeurs scientifiques du festival. Tous ont lancé un appel à faire de la géographie "de plein air" à la rencontre des "habitants" de la terre.
Elisabeth DORIER, professeur de géographie à l'Université de Provence - Aix-Marseille 1, est intervenue ensuite pour définir le concept "d'habiter", préciser sa place dans les problématiques des chercheurs et dans les fondamentaux de la géographie humaine. Après un rapide rappel des divergences épistémologiques de la géographie et une rapide présentation bibliographique, Elisabeth Rodier propose une définition du concept "habiter" autour de deux grandes idées.
Habiter c'est s'installer et s'organiser. Il s'agit de : 1. S'implanter (human settlement) ou de bouger et de s'ancrer sur un territoire. 2. D'accéder à un domicile (de choisir et organiser un ou des "chez soi". 3. Gérer, organiser ménager et prévoir (avec des stratégies et des pratiques individuelles ou des règles collectives d'occupation et d'usage des lieux, des espaces et des ressources). 4. Créer et entretenir des liens sociaux (c'est à dire cohabiter dans des lieux ou des espaces). Il peut y avoir naturellement plusieurs "modes d'habiter" dans un même espace, et les individus ou groupes mobiles peuvent habiter plusieurs lieux en alternance.
Habiter c'est territorialiser. Le territoire est investi, aménagé, reconfiguré et représenté par les acteurs. La "géographie de l'habiter", c'est, par conséquent, évoquer les manières dont les individus ressentent et se représentent les lieux et les espaces. Les habitants attribuent un statut à un territoire (espace privé, espace public, espace commun, espace sacré), et donnent du sens à leurs territoires (respecter, vénérer, sacraliser, patrimonialiser ...)
E. RODIER invite les professeurs à lancer des enquêtes avec leurs élèves auprès "d'habitants". Il s'agit de "revenir au niveau du sol pour savoir comment les gens vivent", de "faire de la géographie de terrain avec un concept en tête". Elle souligne ensuite la nécessité de croiser les témoignages avec d'autres sources comme les réseaux sociaux, blogs et groupe facebook (avec une nécessaire distance critique en relativisant le point de vue du locuteur), les photographies, les cartes et les documents opérationnels d'aménagement dont la plupart sont aujourd'hui en ligne (Livrets de synthèse et statistiques locales de l'INSEE, SCOT, sites des agences d'urbanisme, PLU ..) ou les diagnostics participatifs (études préalables, enquêtes publiques) qui permettent d'analyser le jeux des acteurs et de repérer les tensions et conflits.
Il convient de jouer sur les échelles (avec des cartes), les temporalités (avec Google Earth par exemple), et sur les perspectives des photographies de paysages en articulant vues verticales, vues obliques et vues au sol afin d'appréhender au mieux les formes du bâti, les aménagements, l'esthétique ou les ambiances visuelles.
Elisabeth RODIER conclut son intervention par quelques exemples qui relèvent d'une géographie de l'habiter, comme l'étude des moustiques en Afrique, l'immigration africaine à Guangzhou ou l'explosion des résidences fermées à Marseille.
Pour terminer la matinée, une table ronde associant des professeurs du secondaire, du supérieur et l'Inspection Générale d'histoire et de géographie était ensuite organisée autour du sujet «Habiter dans les enseignements de géographie du primaire au lycée».
2. Faire de la géographie avec le numérique
Comme chaque année des ateliers TICE de géographie ont été animés par des enseignants venus de nombreuses académies pour présenter des activités pédagogiques riches et variées sur le thème de cette 25ème édition du FIG. Installés dans le bâtiment consacré à la géomatique, ces ateliers se sont déroulés cette année dans l'Espace Nicolas-Copernic situé juste en face de l'hôtel de ville. Une dizaine de professeurs qui exercent en collège, lycée ou lycée professionnel ont ainsi proposé des séquences intégrant l'usage d'outils ou de ressources numériques comme QGis, CmapTools, Géoclip, Moodle, Prezi, Geoportail, Screecast, Google Maps, LibreOffice ... Soulignons qu'Edugéo était particulièrement à l'honneur cette année puisque cet outil de l'Institut Géographique National (IGN) est désormais offert gratuitement à tous les professeurs et leurs élèves au sein du portail Eduthèque.
Ces ateliers ont été pilotés pour la 3ème année par Jean-Louis LEYDET (IA-IPR d'Aix-Marseille) dans le cadre du Plan National de Formation organisé par la DGESCO (direction générale de l'enseignement scolaire), des services de la DNE (Direction du Numérique pour l'Education) et avec le soutien du Réseau Canopé.
Valérie MARCON, membre du GiPTiC d'histoire - géographie de l'académie de Paris a présenté, à partir de l'exemple de Vassieux -en-Vercors, une séquence sur une question du programme de 6ème : "Habiter le monde rural". Les documents communiqués au cours de son intervention et de la table ronde sur la thématique « Faire de la géographie avec le numérique : construire la notion d'habiter » sont disponibles ici.