Cette séquence, prévue pour le niveau de 5e, a pour objet de définir et de prévenir les conduites addictives et leurs conséquences, à partir de l’exemple nuancé de l’addiction aux écrans. Les élèves s’impliquent en rédigeant une charte de prévention destinée aux autres élèves de l’établissement et à leurs parents. Ce travail a été réalisé par Pierre Aulas, professeur TZR à Paris et Jean-Luc Kharitonnoff, professeur au collège Léon-Gambetta (XXe arr.) sous le pilotage de Rachid Azzouz, Véronique Grandpierre et Jacqueline Jalta, IA-IPR. Il a été présenté le mercredi 14 octobre 2015 à l’École Boulle, lors de l’animation consacrée à l’Enseignement moral et civique au collège.
Cycle 4, 5e
Finalité : respecter autrui
Attendus de fin de cycle | |
Prendre conscience du rapport de soi aux autres et savoir accepter des différences en ayant conscience de la dignité et de l’intégrité de la personne humaine | |
Connaissances et compétences | Objets d'enseignement |
Construire le respect de soi Se connaître soi-même et prendre une décision |
La prise de décision individuelle, face ou dans un groupe par la question des addictions, la mise en danger (des liens sont possibles avec le parcours éducatif de santé et l’éducation affective et sexuelle) |
Repères annuels de progression 5e :
En travaillant sur le thème des addictions, en lien avec le parcours éducatif de santé, les élèves prennent conscience de la responsabilité individuelle de chacun.
Enseigner les pratiques addictives pour les prévenir. À travers l’exemple nuancé de l’addiction aux écrans, les élèves apprennent à définir et à reconnaître les addictions, reconnues ou faisant débat, comprennent les risques qu’elles entraînent et identifient les acteurs impliqués de façon parfois contradictoire.
Problématique : à partir de l’exemple de l’usage des écrans, comment définir et prévenir les conduites addictives et leurs conséquences ?
Culture de la sensibilité :
Culture du jugement :
Culture de l'engagement :
Domaine 1 : les langages pour penser et communiquer
Domaine 2 : les méthodes et outils pour comprendre
Domaine 3 : la formation de la personne et du citoyen
Pour introduire la problématique et définir la pratique addictive :
Pour étudier l’exemple des conduites addictives aux écrans et débattre sur les bonnes et les mauvaises pratiques :
Pour la mise en perspective et ouvrir à l’étude des autres pratiques addictives
OU (en fonction du temps ou du profil de la classe)
Durée : 3 heures.
Introduction
Les élèves décrivent une caricature d’Albert qui sert de déclencheur de cours. Elle permet de construire une définition de conduite addictive à la portée des élèves : consommation de substances (ex. : tabac, alcool) ou pratique excessive (ex. : jeux vidéo) conduisant à une dépendance maladive ou nuisible.
Dessin d'Albert, site Intenet d'AGATA
Le professeur pose la problématique : à partir de l’exemple de l’usage des écrans, comment définir et prévenir les conduites addictives et leurs conséquences ?
I. Les conduites addictives aux écrans
En analysant un tableau sur les durées d’utilisation des écrans par des collégiens, les élèves apprennent à distinguer la pratique abusive des écrans de la pratique strictement addictive qui ne concerne qu’une très petite minorité.
A. L’exemple des jeux vidéo
Pour comprendre le processus des pratiques addictives et préparer le travail d’élaboration de la charte, le professeur visionne un court extrait (3'00) d'un film réalisé pour Fédération Addiction. Il présente une typologie des jeux vidéo en fonction du risque d’addiction. Les élèvent relèvent et hiérarchisent les catégories et nuancent les risques liés.
Image extraite du vidéogramme sur les jeux vidéo.
Fédération Addiction Production C'Terrible
B. Du bon usage aux risques de conduites addictives
Cette séance a pour but de faire rédiger une charte de prévention des risques et bonne utilisation des écrans à usage des élèves et de leurs parents. En fonction de l’équipement et des habitudes de l’établissement, cette charte prendra différentes formes (papier, fichier numérique) et destinations : affichage mural, publication sur le site Internet du collège, sur l’ENT de l’établissement, dans le journal du collège, etc.
Cette séance peut être co-animée avec des membres du CESC, des CPE, de l’infirmier/ère, d’un représentant d’une association de lutte et de prévention contre les addictions.
En amont en travail maison, les élèves étudient un dossier documentaire composé :
- d'un texte extrait de l’avis de l’Académie des sciences sur l’enfant et les écrans ;
- d'un montage (durée : 2’50) composé d’extraits de films réalisés pour Fédération Addiction proposant des témoignages (jeunes, parents) et des analyses de professionnels (psychologue, psychiatre, philosophe).
Image extraite du vidéogramme pour
Fédération Addiction Production C'Terrible
À partir de leur propre pratique des écrans et de celle de leur entourage ainsi que du dossier documentaire, les élèves dressent quatre listes : 1. effets positifs, 2. effets négatifs, 3. conseils à donner aux jeunes, 4. conseils à donner aux parents.
En classe, les élèves sont d’abord répartis en petits groupes : ils débattent de leur travail maison et mutualisent leurs réponses dans un tableau à quatre colonnes (une colonne par liste). Chaque groupe travaille prioritairement sur l’une des colonnes (15 minutes).
Échanges dans un groupe et mutualisation des productions du groupe
Collège Léon-Gambetta, Paris XXe, 18 septembre 2015
Puis un groupe soumet au reste de la classe ses propositions sur sa liste 1, puis un autre groupe sur sa liste 2, etc. Chaque proposition est débattue et complétée, sur le fond comme sur la formulation, et validée par le professeur. On aboutit ainsi à la charte finale mutualisée : voir à titre d'exemple le travail réalisé par une classe du collège Léon-Gambetta (Paris, XXe arr.) en septembre 2015.
Élève affichant la proposition de son groupe et débat sur cette proposition
Collège Léon-Gambetta, Paris XXe, 18 septembre 2015
II. Mise en perspective : les différentes pratiques addictives et leur prévention
Cette séance peut être prolongée en SVT pour étudier les mécanismes biologiques de la dépendance aux substances.
A. Addictions et dépendance
On pourra choisir de faire une présentation magistrale ou partir des représentations des élèves. Les élèves classent les pratiques addictives en deux grandes catégories :
- avec substances : alcool, tabac, drogues, notamment cannabis. Le tabagisme est l'addiction la plus répandue chez les jeunes qui constituent la cible numéro 1 des industriels du tabac ;
- sans substance : écrans, pratique pathologique du sport, troubles alimentaires (anorexie et boulimie), sexualité invasive. Cependant seule l'addiction aux jeux d'argent est reconnue comme telle.
En réagissant au visionnage d’un spot publicitaire (0’45) de l’INPES sur la dépendance au tabac, les élèves associent pratiques addictives et privation de liberté.
Image extraite du spot de l'INPES
B. Détecter et intervenir
Sur la dernière image du spot, le logo de l'INPES (Institut national de prévention et d'éducation pour la santé) est l'occasion d'enseigner les aides possibles contre les addictions. Le cercle familial et amical est évoqué. Certaines addictions pouvant être stigmatisantes, il faudra également informer des autres aides : infirmier/ère scolaire par exemple.
Le professeur présente aussi les Consultations Jeunes Consommateurs (CJC) gratuites et anonymes.
C. Acteurs et enjeux
En fonction du temps disponible et du profil de la classe, deux scénarios pédagogiques sont proposés, au choix de l’enseignant. Ils permettent de comprendre les implications socio-économiques et sanitaires ainsi que les intérêts divergents entre les différents acteurs politiques, économiques et sociaux et le rôle de l’État qui doit leur faire face.
- scénario 1 (long) : le « monde du tabac »,
OU
- scénario 2 (court) : la prévention de l'addiction aux jeux d'argent par... la Française des Jeux.
Scénario 1 : Le « monde du tabac »
1. le constat : les données économiques et démographiques du tabac.
Un diaporama d’après une infographie de l’INPES permet de présenter un tableau des bénéfices économiques et des conséquences sanitaires de la consommation de tabac, en France et dans le monde.
Extrait de l’infographie de la campagne de prévention INPES de septembre 2014
Les élèves relèvent le nombre de fumeurs, leur poids économique et leur mortalité.
2. l’indignation : pourquoi le tabac n'est-il pas déjà interdit ?
Pour identifier les différents bénéficiaires de la vente d'un paquet de cigarettes, les élèves lisent un graphique barre : après avoir calculé que le coût de revient est probablement inférieur à cinquante centimes d'euros, ils remarquent l'importance des taxes (81 %) et donc des bénéfices de l’État par rapport aux gains du fabricant et du détaillant.
3. la réflexion : un conflit d’acteurs
Les élèves prennent conscience de la position de l'État et de la puissance publique face aux différents acteurs et groupes de pression économiques (les producteurs et industriels du tabac, les buralistes), sociaux (les fumeurs, les malades, le monde médical, les associations de lutte contre le tabac), politiques (les élus et leurs électeurs fumeurs et non-fumeurs).
Le Comité national contre le tabagisme estime que le coût net du tabagisme s’élève à 47 milliards d’euros, soit 772 euros par citoyen (2005).
Scénario 2 : l’addiction aux jeux d'argent
Le professeur présente brièvement les jeux d'argent en France et la Française Des Jeux (FDJ) dont l'État est le principal acteur. Il s'agit d’étudier quelles stratégies la FDJ met en place sur son site Internet pour lutter contre une possible addiction, alors même qu’elle incite au jeu et produit des revenus importants pour l’État (3 milliards en 2012).
Les élèves relèvent sur la page d'accueil du site de la FDJ les trois moyens pour lutter contre l'addiction : un bandeau noir proposant un numéro d'appel gratuit, un lien « Jeu responsable » vers un site destiné à diagnostiquer la dépendance et prendre contact, un texte réglementaire sur la possibilité pour tous de se faire interdire de jeu pour une durée de « trois ans non réductible ».
En conclusion, les élèves retiennent que, malgré le côté lucratif apparent ou avéré des addictions en fonction des acteurs, l’État cherche à lutter contre les pratiques addictives car elle sont couteuses pour la société. D’où son rôle dans la prévention (informer), l'aide et la guérison (numéros gratuits et anonymes, CJC, politique de santé publique), la dissuasion (taxes, police).
À la fin de la 2e heure, le professeur relève et évalue le travail préparatoire maison et le tableau de chaque groupe. Il tient compte de la prise en compte des arguments de chacun dans le groupe. Une évaluation sommative peut vérifier l'acquisition des connaissances sur les pratiques addictives. Voir la fiche d'évaluation proposée par compétences ou par note.
Plus-values : les outils du TNI facilitent l’ élaboration de la charte par mutualisation. Un élève par groupe peut servir de secrétaire au clavier ou au stylet pour compléter la charte, la modifier, la corriger. Les outils du TNI permettent en travail collaboratif une dynamique collective : visualiser, proposer, modifier (infirmer, confirmer, mieux sélectionner) les propositions des élèves.
L’ENT permet de mettre facilement à disposition les documents numériques pour le travail maison.
Moins-values : quelques élèves n'ont pas accès hors la classe à une connexion Internet pour visualiser les vidéos, mais leur intégration dans les groupes permet de les associer au travail.
Déroulé complet de la séquence.
Pour une approche globale sur les addictions en général :
Pour une approche globale sur les addictions chez les adolescents :
Pour une approche complète et scientifique de la problématique de l'addiction aux écrans chez les jeunes :