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Travail hors la classe : productions audio et vidéo

Camera

Le travail à la maison est toujours source de préoccupation pour un enseignant de mathématiques. Nous sommes en général d’accord sur sa nécessité et son bien-fondé, mais il s’accompagne toujours de questions que l’enseignant doit arbitrer : quelle régularité ? quelle quantité ? comment prendre en charge la correction ? comment motiver les élèves ?

Ayant constaté que le passage à l'écrit posait un certain nombre de difficultés à de nombreux élèves et qu'il pouvait constituer un frein à la mise en valeur de compétences pourtant parfois acquises, nous avons décidé de proposer des travaux un peu différents, utilisant le numérique et laissant une large part à l'expression orale des élèves. 
Évaluer l'oral n'est pas si courant en mathématiques. Les réticences des professeurs de mathématiques s'expliquent en partie par une culture du métier où ces pratiques sont assez périphériques et peu structurées. Elles tiennent également au temps que l'on peut consacrer en classe à ce type d'évaluation. On peut ajouter que, comme l'oral est souvent évalué à des moments différents et à partir de problèmes différents, on peut avoir l'impression de ne pas évaluer tout les élèves de la même façon.

Nous vous proposons dans cet article trois exemples de travaux hors la classe faisant usage du numérique : il s’agit d’enregistrements audio et vidéo réalisés par les élèves. S’il n’est pas question de remplacer les travaux écrits habituels, il s’agit en revanche de varier un peu « les plaisirs », de mobiliser et d'évaluer d'autres compétences et de proposer une différenciation des formes de devoirs donnés aux élèves.

Quels bénéfices a priori ?

Avant toute chose, intéressons-nous aux avantages que présentent les enregistrements audio ou vidéo dans le contexte d’un travail hors la classe :

  • ils permettent de mobiliser connaissances et compétences de façon originale et complémentaire de l'écrit. Un des enjeux du cours de mathématiques est de faire acquérir le vocabulaire mathématique. Nous savons que cela passe par l'apprentissage du sens des mots, mais aussi par la mobilisation de ces mots dans un contexte adapté. Les exercices à trou de début de cours, la mise en forme de comptes rendus écrits adaptés, et les prises de parole de l'enseignant ou d'élèves dans la classe sont les moments du cours où cet aspect est mis en avant ou très présent. Les moments où l'élève se retrouve seul à devoir exprimer ses idées ou développer des arguments sont potentiellement nombreux mais existent pour l'essentiel sous une forme écrite. L'évaluation de l'oral permet alors d'accéder davantage aux façons de dire et de penser l'activité mathématique par l'élève, de procéder à des ajustements ;
  • ils engendrent une plus grande motivation de la part des élèves. D’une part, parce que cela change du travail quotidien et, d’autre part, parce qu’utiliser un outil numérique en travaillant est souvent associé auprès des élèves au jeu et cela rend le travail demandé plus ludique. N’oublions pas non plus que certains élèves ont des difficultés parfois importantes lors du passage à l’écrit. D’ailleurs, combien de fois avons-nous entendu ou nous sommes-nous surpris à dire d’un élève « Participation orale pertinente, mais des difficultés à l’écrit » ? Ce type de travail permet de valoriser les élèves dont on sent que les raisonnements mathématiques sont acquis, sans qu’ils ne soient jamais vraiment verbalisés rigoureusement à l’écrit ;
  • ils permettent d’évaluer d'autres compétences. En effet, en plus d’évaluer certaines compétences mathématiques habituelles, ces travaux permettent d’évaluer la compétence « Communiquer » explicitée dans les programmes de mathématiques du cycle 4 sous la forme suivante : « Expliquer à l’oral ou à l’écrit (sa démarche, son raisonnement, un calcul, un protocole de construction géométrique, un algorithme), comprendre les explications d’un autre et argumenter dans l’échange ». Nous évaluons très souvent les compétences écrites des élèves, mais finalement cela est plus rarement fait pour les aptitudes orales, tout aussi importantes. Évaluer ceci en classe est possible, lors d’une correction au tableau ou d’un exposé par exemple, mais il reste difficile d’évaluer ainsi plusieurs fois dans l’année un même élève. Avec un devoir maison audio ou vidéo, cela devient réalisable ;
  • ils permettent ainsi une meilleure préparation aux épreuves orales qui attendent les élèves dans la suite de leur scolarité. En effet, cette préparation doit se faire dès les premières classes du collège et de façon régulière. En outre, proposer ce type de travaux permet aussi aux élèves les plus timides, ou dont l’expression orale est hésitante, d’oser prendre la parole, sans peur du regard d’autrui, puisque seul l’enseignant sera dépositaire de l’enregistrement ;
  • ils nous assurent un travail fourni par tous. En effet, lorsque la question de l’évaluation à la maison se pose, elle va de pair avec « Les élèves vont-ils s’investir dans le travail ou se contenter pour certains de copier le devoir d’un camarade à la va-vite avant le cours ? » L'oral permet et contraint à exprimer davantage. S'il est facile de copier habilement une trace écrite, il est sans doute plus compliqué de copier un discours oral, à moins de passer par une forme de mémorisation qui fera force d'apprentissage, car écrire tout ce qu'il y aurait à dire est bien trop long.

Quelles contraintes ?

Pour proposer aux élèves ce type de travaux hors la classe, il faut au préalable s’assurer de quelques vérifications et prendre certaines précautions :

  • l’enseignant doit s’assurer que chacun ait un moyen de réaliser le travail : ordinateur, tablette, smartphone… Si ce n’est pas le cas, et en général il ne s’agit que de cas isolés (que l’on veillera à ne pas stigmatiser), il faut s’assurer de la possibilité de se rendre dans un endroit où le travail peut être fait (au CDI, en bibliothèque, chez un camarade…) ou bien envisager un prêt de matériel ;
  • assurément, le professeur doit prévoir un certain délai pour rendre le travail, qui peut être plus long que pour un travail habituel. Mais d’expérience le délai d’une semaine paraît satisfaisant ;
  • l’enseignant doit réfléchir en amont au moyen de récupérer le travail des élèves : dépôt sur un environnement numérique de travail (ENT), envoi par courriel, dépôt sur un espace de stockage de données en ligne… La solution est à proposer en fonction de l’équipement de son établissement scolaire ou de ses habitudes professionnelles. Une mise en garde doit être faite : les fichiers audio ou vidéo peuvent parfois être « volumineux ». Il faut bien tester, avant de lancer le travail avec les élèves, que la solution choisie fonctionne avec des fichiers d’une certaine taille. Il peut notamment y avoir des problèmes de bande passante si on utilise le wifi ;
  • la forme attendue étant différente, les consignes sont à adapter pour guider les élèves dans cette activité nouvelle. Il peut aussi être utile d'expliciter les critères de l'évaluation davantage qu'à l'écrit pour lequel des routines sont bien installées ;
  • le retour d'évaluation, avec le niveau de réussite aux différents critères et les commentaires nécessaires pour que l'élève prenne conscience de ce qu'il doit améliorer, appelle lui aussi des modalités spécifiques. On le fait facilement à l'écrit sur une copie. Il faut prévoir quelque chose à remettre à l'élève qui ne peut se greffer (pour le moment) sur sa copie numérique.

Quels types de travaux ?

Une fois les bénéfices présentés et les contraintes techniques évacuées, on est amené à se demander quel type de travail choisir. Nous vous proposons ici trois exemples de tâches, testées par trois enseignants dans trois collèges différents. De nombreuses autres activités pourraient se prêter avec aisance aux enregistrements audio ou vidéo.

Exemple 1 : Compte rendu oral de la résolution d’une équation via un enregistrement vidéo (niveau 3e)

Travail demandé

Hors la classe im1

Observations

Ce travail a été proposé à des élèves de 3e qui, par ailleurs dans le cadre d’un projet « Classe Inversée », devaient visionner des cours en vidéo. Ainsi, ils pouvaient avoir une idée assez précise de ce qui était attendu dans la résolution commentée d’une équation en vidéo.

Cette tâche présente l’avantage d’être relativement « courte » et les élèves avaient deux semaines (vacances de février) pour la réaliser. Les productions finales avaient une durée variant de 1 à 2 minutes. Cependant, pour la plupart des élèves, plusieurs enregistrements ont été nécessaires et la réalisation du travail leur a pris entre 30 minutes et 1 heure.

Par ailleurs, la « tâche mathématique » avait volontairement été choisie comme relativement simple et maintes fois travaillée en classe. L’objectif étant plutôt d’évaluer les élèves sur leurs compétences orales.

Cette forme d’évaluation « nouvelle » a permis de révéler des compétences ignorées jusqu’alors. Ainsi, certains élèves, très discrets en classe, se sont montrés très à l’aise dans la vidéo. La qualité mathématique du langage utilisé par certains élèves est surprenante.

Par ailleurs, elle a nécessité une réelle organisation du travail pour eux: résolution de l’équation préalable (sur certaines vidéos, on aperçoit la présence de brouillon), appropriation de la méthode, puis restitution.

Les vidéos ont été évaluées selon plusieurs critères : qualités techniques (son et image), qualité de l’expression orale (clarté et niveau de langue), et la précision mathématique (précision des explications et du vocabulaire, utilisation correcte des variables a et m, résolution de l’équation, et conclusion).

 Les travaux se sont révélés très bons dans l’ensemble et il est à noter que les élèves semblent savoir mieux s’autoévaluer (sur la forme du moins) dans ce type de production que dans une production écrite. En effet, beaucoup ont réenregistré la vidéo jusqu’à obtenir un résultat jugé convenable. Il n’est pas sûr qu’il en aurait été de même dans un devoir écrit.

Aucun élève n’a évoqué de problèmes techniques pour réaliser la vidéo, chacun ayant un smartphone à disposition. En revanche, la « remise » de celle-ci au professeur a été plus délicate. En effet, selon le format vidéo utilisé, le fichier obtenu pouvait être très lourd et ne pas être transférable via le réseau interne de l’établissement. Ainsi, des clés USB ont été utilisées, ce qui est un peu fastidieux et peut poser des problèmes de sécurité informatique.     

Un prolongement possible de cette activité serait l’utilisation des travaux des élèves dans le cadre du cours ou de la correction d’exercices.

Exemple 2 : Narration de recherche via un enregistrement audio

Ce travail a été proposé à des classes où l’habitude a été prise de travailler régulièrement sur des tâches complexes en classe (une tâche complexe entre chaque période de vacances). Cela peut être fait à tout niveau du collège. Le travail se déroule de la façon suivante (une séance entière y est consacrée) :

  1. Découverte de la tâche complexe du jour : elle peut prendre la forme d’un grand texte ou de plusieurs documents avec de nombreuses informations à recueillir, ou bien d’une vidéo à visionner, ou encore d’un énoncé très court. Les élèves travaillent seuls pendant une dizaine de minutes, afin que chacun puisse s’approprier le problème et effectuer les premières recherches.
  2. Mise en commun du travail et recherche collective : les élèves sont répartis en groupes de quatre élèves, imposés par l’enseignant, afin d’assurer une certaine hétérogénéité dans chaque îlot de travail. Les élèves partagent leurs premières idées, échangent sur leurs compréhensions respectives de la tâche et se lancent ensemble dans de nouvelles recherches. Très peu d’aides sont proposées par l’enseignant, l’objectif étant que les élèves cherchent par eux-mêmes et s’appuient sur la richesse du groupe. Le travail se poursuit ainsi jusqu’à la fin de la séance.
  3. Poursuite des recherches à la maison et narration de recherche : tous les élèves, même les plus en difficulté, sortent de la séance avec des idées plus ou moins abouties de résolution (idées construites avec le groupe). Chaque élève doit pour la semaine suivante rendre une narration de recherche (ce travail est individuel). L’important est de bien faire comprendre à l’élève que ce qui est attendu de lui est non pas juste la solution au problème, mais bel et bien toutes les étapes de travail et de réflexion qui l’ont amené à sa conclusion finale. Les échecs, idées infructueuses, difficultés rencontrées doivent aussi figurer dans ce travail. L’intérêt de cette tâche est de pousser les élèves à développer leurs idées et cela permet aussi de valoriser les recherches des élèves, leur montrer que le plus important est déjà d’entrer dans un problème, même si la solution finale n’est pas aboutie.

Ces narrations de recherche sont parfois demandées à l’écrit, mais aussi parfois à l’oral, ce qui est détaillé ci-après.

Voici un exemple de consignes qui peut être distribué aux élèves. Notons qu’ici la tâche complexe figurait dans le manuel des élèves ; il était donc inutile de la détailler dans la fiche des consignes. Les élèves disposaient de tablettes prêtées par l’établissement. Au moins pour la première utilisation, il peut être utile de distribuer, comme ci-dessous, une fiche méthode pour enregistrer et rendre le travail, ce qui limite les difficultés techniques et résout d’emblée les réponses qui pourraient être apportées « Je n’ai pas réussi à envoyer le travail… », « Je n’ai pas compris… ».

Hors la classe im3 

Les élèves sont ensuite évalués selon la grille de critères suivante (à adapter en fonction des compétences mathématiques à évaluer dans la tâche). Si l’on souhaite convertir cette évaluation en note chiffrée, ce qui a été fait dans le cas présenté ici, chacune des 5 compétences de la grille a été évaluée à hauteur de 2 points chacune (note totale sur 10). Bien entendu, on peut choisir de faire peser davantage la prestation orale ou bien davantage la présentation des recherches.

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Exemple 3 : Compléter une soustraction de nombres relatifs à trou (niveau 5e)

Objectifs

  • Évaluer la compétence du domaine « les langages pour penser et communiquer » : communiquer, argumenter à l'oral de façon claire et organisée en adaptant son niveau de langue et son discours à la situation.
  • Faire utiliser le vocabulaire mathématique et les propriétés en situation.
  • Permettre à l'élève de dérouler son raisonnement en ayant le temps de se préparer : dire ce qu'il fait, pourquoi il le fait et comment il le fait.
  • Évaluer les productions orales de tous les élèves d'une classe issues d'un même problème.

Travail demandé

Hors la classe im5

Le devoir a été donné à des élèves de 5e qui venaient d'étudier la soustraction des nombres relatifs. L'exercice posé est un classique du genre, mais les élèves ne l'ont pas pratiqué au point d'avoir des mécanismes typiques auxquels se raccrocher. Les productions attendues sont moins normées par un discours du professeur qui serait récurrent que dans le cas de la résolution d'équation. On peut s'attendre à une plus large gamme de procédures, et façons de les exprimer. On peut s'attendre à ce que les mots des élèves soient plus présents.

Observations

  • 23 devoirs sur 27 ont pu être récupérés, soit comme d'habitude.
  • La réalisation des vidéos ne semble avoir posé aucune difficulté aux élèves. C'est le transfert qui a pu en posé pour certains. Plusieurs élèves n'ont pas réussi à déposer leur devoir en utilisant le wifi chez eux, alors qu'au collège ils ont réussi.
  • Les films durent dans leur grande majorité entre 1 min 30 et 2 min. De très rares vidéos ne durent que 30 s ou durent plus de 4 min.
  • Les « copies » des élèves en général et des élèves en difficulté en particulier ont plus de contenu à évaluer. Les élèves ont bien formalisé leurs étapes, ont fait preuve de créativité pour leurs supports écrits, et utilisent le vocabulaire mathématique et des mots plus ordinaires.
  • Les traces écrites sont assez longues et rédigées, beaucoup plus qu'avec les élèves de 3e. Parfois même, de crainte d'oublier quelque chose, tout le discours prévu est écrit et lu. On obtient dans ce cas un écrit très long, bien plus long que ce qu'aurait fait l'élève en temps normal. Cela montre que les modalités d'usage des différents supports, trace écrite filmée, trace écrite aide-mémoire non filmée et discours oral, sont en cours d'acquisition pour les élèves de 5e.
  • Les notes obtenues sont globalement meilleures que celles d'un écrit. Il semblerait donc bien qu'un élève pense à dire bien plus de choses à l'oral qu'à l'écrit.  
  • Les élèves étaient conscients qu'ils allaient être évalués selon des critères précis. Ils ont fait attention à s'exprimer le plus correctement possible. Les erreurs présentes dans leur discours, les lacunes étaient bien plus faciles à pointer que des erreurs présentes dans un écrit. Car à l'oral la pensée se développe de façon plus continue, plus linéaire qu'à l'écrit. Ces devoirs étaient très riches, comme peut l'être une narration de recherche. Un bordereau à remettre aux élèves a été imaginé pour rendre compte de l'évaluation :

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Quels bénéfices a posteriori ?

Le passage à l'écrit nécessite de faire des choix sur ce qu'on va dire, car l'écrire est plus long que le dire, et les élèves ont l'habitude de produire des écrits très condensés. Ils ont l'habitude que l'enseignant évalue leur travail à partir d'une trace écrite assez réduite, mais suffisante pour qu'on puisse reconstituer leur raisonnement. Ce mode de communication repose sur de nombreux implicites et non-dits qui sont acquis au fil du temps et au gré des allers-retours entre l'enseignant et ses élèves. À l'écrit, la question est de savoir ce qu'il est indispensable de dire pour être compris. Cette question relativement anxiogène peut créer des blocages, car il n'existe pas de formule magique pour être sûr de son « coup ». On ne peut se fier qu'à quelques principes généraux, comme le fait de présenter sa démarche ou de faire référence aux propriétés mathématiques. Mais l'énoncé de ces principes laisse de nombreux élèves perplexes. La tentation du mimétisme pur est alors très forte. À l'oral cette question du minimum à dire semble moins crispante, car il est plus facile et rapide de raconter ce qu'on a fait. Dans le cadre de ces devoirs maison, contrairement à l'exercice corrigé au tableau, les élèves avaient le temps de se préparer, de penser à ce qu'ils allaient dire pour compléter ce que leur trace écrite ne disait pas.

Il est rare voire impossible d'écouter autant d'élèves d'une même classe exprimer leurs idées de façon aussi construite. Les résultats sont surprenants, dans le bon sens : des devoirs plus travaillés, un investissement individuel et collectif plus important. Même quand le vocabulaire est mal utilisé, les élèves ont au moins fait l'effort et eu le temps de faire des phrases qui mobilisent ce vocabulaire. Il est très utile pour l'enseignant d'écouter la pensée des élèves se déployer, cela permet de mieux comprendre ce qui se passe dans leur tête, de mieux observer les processus utilisés qui sont parfois des variantes ou des altérations de ceux donnés par l'enseignant. Il y en a aussi, plus rarement, qui sont inventés par les élèves eux-mêmes. C'est un travail qu'on peut difficilement pratiquer de façon exhaustive en cours. Ce type de devoir a donc une vraie plus-value.

En vidéo

 

Article proposé par Olivier Claeren, Fabrice Madkaud et Lucile Rousson du Giptic de mathématiques