Étude de cas. Programme de géographie de terminale, thème 2 - Dynamiques territoriales, coopérations et tensions dans la mondialisation. Des territoires inégalement intégrés dans la mondialisation. - Coopérations, tensions et régulations aux échelles mondiale, régionale et locale.
La séquence de travail repose essentiellement sur la préparation des élèves à l'épreuve de réalisation d'une production graphique en géographique : un croquis (réalisé à partir d'un texte) ou d'une "autre production graphique" (réalisé à partir de consignes ou de "données" fournies avec l’exercice). Dans le cas présent, il s'agit d'un schéma.
Samuel Coulon est professeur au lycée Sophie-Germain (Paris IVe arr.), interlocuteur académique pour le numérique (IAN) auprès de la Direction du numérique pour l'éducation (DNE), membre du GIPTIC et chargé de projets pour Canopé d'Île-de-France.
Étude de cas possible pour la mise en œuvre du Thème 2 – Dynamiques territoriales, coopérations et tensions dans la mondialisation (13-15 heures). Des territoires inégalement intégrés dans la mondialisation. - Coopérations, tensions et régulations aux échelles mondiale, régionale et locale.
Epreuves communes de contrôle continu d'histoire géographie dans les voies générale et technologique, à compter de la session 2021 de l'examen du baccalauréat
ENE1910707N - note de service n° 2019
Classe de 1re |
Classe de terminale |
Lorsque la production graphique est un croquis, ce croquis est réalisé à partir d'un texte élaboré pour l'exercice qui présente une situation géographique. Un fond de carte est fourni.
Le titre et l'organisation du texte indiquent de grandes orientations pour la réalisation du croquis.
Dans le cas d'une autre production graphique, les consignes et les données servant à l'élaboration de cette production sont fournies avec l'exercice (1). |
Lorsque la production graphique est un croquis, ce croquis est réalisé à partir d'un texte élaboré pour l'exercice qui présente une situation géographique. Un fond de carte est fourni.
Le candidat fait preuve d'une plus grande autonomie pour identifier, organiser et hiérarchiser les éléments à représenter et construire la légende.
Dans le cas d'une autre production graphique, les consignes et les données servant à l'élaboration de cette production sont fournies avec l'exercice (1). |
(1) Si le schéma n’est pas explicitement cité dans la note de service, il n’est pas exclu et peut être proposé dans le cadre « d’une autre production graphique ».
Apparu dans les années 1970 dans les projets d’aménagement du territoire des agences gouvernementales, le concept de « corridors de développement » désigne des territoires devenus attractifs pour l’implantation d’activités grâce à la construction d’infrastructures de transports performants. Un simple axe de transport ne peut-être qualifié de corridor de développement. En effet, les corridors ne se limitent pas à leur capacité de relier des pôles, mais participent au développement d’activités de transformation locale et à leur insertion dans la mondialisation. Ils induisent une dynamique de croissance économique, attirent les investissements et voient l’émergence de nouvelles formes de gouvernance et d’intégration spatiale. Conçus dans un contexte d’ouverture des marchés, ils résultent d’initiatives étatiques, de projets supranationaux géostratégiques et/ou s’inscrivent dans des stratégies d’intégration régionales. Si les corridors de transport (ou logistiques) actuels sont pensés comme des outils « politiques d’intégration régionale visant à fluidifier et intensifier les échanges entre les espaces nationaux » (Debrie, 2018) et capables, à terme, d'engager une dynamique de développement, peu d'axes de transport dans le monde répondent aujourd'hui à cette définition (Fau, 2019).
Mise au point de Claude Comtois sur le concept de Corridor
L’intégration est un processus de renforcement des relations entre différents territoires d’un même ensemble géographique. Les dynamiques d’intégrations régionales peuvent être fonctionnelles (se traduisant par des flux) ou institutionnelles, par l’établissement d’organisations régionales de coopération.
Les corridors de développement en Amérique latine : un outil d’intégration et de désenclavement ?
S’approprier les exigences, les notions et les outils de la démarche géographique
Employer les notions et exploiter les outils spécifiques aux disciplines :
Conduire une démarche historique ou géographique et la justifier. Justifier des choix, une interprétation, une production.
Utiliser les outils numériques : Utiliser les outils numériques pour produire des cartes, des graphiques, des présentations.
- Un logiciel de dessin vectoriel
La séquence commence par l'étude du canal de Panama. Il s'agit de faire émerger la problématique en reliant la question du canal au développement économique du pays.
La région du canal s’articule autour de la Zone libre de Colón sur l’Atlantique (plateforme commerciale de réexportation située sur l’Atlantique) et du centre financier international de Panama City (banques, assurances, navigation). Elle génère la moitié du PIB du pays. Devenu paradis fiscal dans les années 1970, le Panama s’est imposé comme le principal centre financier d’Amérique centrale. L'aménagement de plages, la construction de résidences hotelières, la création d’espaces naturels protégés (plus de la moitié du pays), ont permis un fort développement du tourisme dans les espaces plus éloignés du canal et renforçant ainsi l’activité touristique déjà présente à Colón avec les croisières. Si le développement économique du pays est bien réel, une partie de la population demeure encore très pauvre et l'industrie ou l'agriculture restent des secteurs d'activité encore limités. Ce modèle, bien que singulier, suscite beaucoup d'espoir chez les pays voisins, à l'instar du Nicaragua qui tente difficilement de construire son propre canal.
Les corridors de développement en Amérique latine : un outil d’intégration et de désenclavement ?
À partir d’une série de cartes et de photographies, il s’agit de répondre à la problématique et de mettre en exergue les trois points suivants :
1. Connecter des territoires en quête de développement
L’Amérique latine a connu des progrès considérables depuis une vingtaine d’année. Son ouverture économique a contribué à l’insertion du continent dans l’économie mondiale. Riche en ressources renouvelables et non renouvelables qu'elle exporte partout dans le monde, elle a développé une agriculture compétitive et exportatrice. Dans une moindre mesure, le secteur industriel et les services marchands ont connu un développement significatif. Ces progrès sont néanmois inégaux à l'échelle du continent. De vastes territoires souffrent de leur éloignement (Amérique australe), de leur enclavement (Amazonie), et deux États n'ont aucun accès maritimes (Paraguay, Bolivie).
2. Nouveaux acteurs, nouvelles échelles
Dans ce contexte, la réalisation de corridors logistiques portés par des projets nationaux (projet du canal du Nicaragua) ou supranationaux dans le cadre de formes nouvelles de gouvernance sont perçues comme des "promesses de développement".
En Amérique centrale un vaste plan d’équipement de communication terrestre est porté par tous les pays de la région, du Mexique jusqu'en Colombie (projet Mésoamérique). Sous l’acronyme RICAM, le Réseau International de Routes Mésoaméricaines doit relier la route panaméricaine aux plates-formes portuaires multimodales, et faciliter les contrôles douaniers. Plusieurs projets terrestres interocéaniques, des « canaux secs » transisthmiques sont à l’étude ou en cours de réalisation (Guatemala, Salvador-Honduras...).
En Amérique du Sud, dans le cadre de l’UNASUR (qui regroupe tous les pays d’Amérique du Sud, excepté la Guyane française), l’IIRSA (programme d’infrastructures de l’initiative pour l’intégration Régionale Sudaméricaine) a permis la réalisation de nombreux projets afin d’établir une meilleure connexion entre les pays et de réaliser des axes d’intégration bi-océaniques.
Bien que traditionnellement sous l'influence des États-Unis, les pays d'Amérique latine tissent de plus en plus de liens avec la Chine. Cette dernière, devenue le 2e partenaire commercial et principal créancier d’Amérique latine, s’implique dans le développement de projets de corridors. Elle investit massivement dans les infrastructures de Panama et ses entreprises participent actuellement à la réalisation de plusieurs lignes ferroviaires au Brésil, Pérou, Argentine et Vénézuela. Il s’agit pour elle de mettre en application son programme des « nouvelles routes de la soie » qui désormais intègrent le continent américain.
3. Un impact inégal et sélectif sur le développement des territoires
L’impact des corridors de transport sur le développement des territoires reste inégal en Amérique latine. Les « canaux secs » (corridors terrestres entre deux espaces maritimes), ou « ponts terrestres » (axe routier qui relient deux ports) contribuent à des degrés divers au développement des territoires. S’ils participent au développement de territoires productifs connectés aux corridors orientés vers les ports de l’économie mondialisée, les retombées économiques ne concernent le plus souvent que les régions spécialisées dans l’exportation de produits primaires peu transformés (produits agricoles, minerais, hydrocarbures). Sur le modèle de développement néo-extractiviste, les corridors « aspirent » les ressources régionales (effet pompe). Ils participent à l’émergence de nouvelles enclaves productives connectées aux corridors de transport reliés aux ports en lien direct avec les dynamiques de l’économie mondialisée. Les espaces frontaliers bénéficient eux aussi d'investissements considérables. Les programmes d'aménagement y encouragent la construction de pôles logistiques multimodaux et financent de grands projets d'infrastructures (ponts, tunnels). Par ailleurs, l’impact économique ne concerne le plus souvent qu’une petite partie de la population, alors que les conséquences environnementales sont lourdes.
En règle générale, le développement régional est plus fort le long des corridors terrestres et plus faible sur les canaux maritimes. Ces derniers captent les flux marchands du commerce mondial et apparaissent comme des espaces de transit de marchandises. Hormis les ports multimodaux situés aux deux extrémités des corridors maritimes, le développement intérieur est faible (effet tunnel). Les canaux maritimes contribuent néanmoins à l’influence des États qui les contrôlent et participent à leur reconnaissance sur la scène internationale.
La moité des élèves de la classe transpose, sous la forme d’un croquis cartographique, un texte d’une page sur l’étude de cas consacrée aux corridors de développement en Amérique latine (réalisés sur feuille ou à l’aide d’un logiciel de dessin vectoriel). Les autres élèves réalisent un schéma à partir du diaporama utilisé l'heure précédente (diapos 8, 9,13,15,16,17).
Cette activité doit par ailleurs faire réfléchir les élèves sur la spécificité du schéma qui ne doit pas être réduit à la seule simplification du trait ou de l’espace d’un croquis cartographique. Le schéma met davantage en perspective l’organisation d’un territoire, les concepts ou les notions et met en évidence les interrelations spatiales entre les acteurs et les lieux.
Quelques élèves sont appelés à présenter oralement leurs travaux. C'est l'occasion d'évaluer leurs capacités de synthèse et de vérifier la compréhension et la maîtrise du langage cartographique.
Au terme de la séance, les productions graphiques ci-dessous sont proposées comme correction.
1. Un schéma réalisé à partir d'un dossier documentaire (cartes, photos, textes ...) - SVG - PDF
2. Un croquis réalisé à partir d'un texte - SVG - PDF
Vidéos sur le canal de Panama
Sur les corridors de développement