Bandeau

Monde pluriel, B. Lahire

Coll. La couleur des idées, Ed. du Seuil, 393p., Mars 2012

L’auteur part d’un constat difficilement récusable : les sciences sociales, et donc aussi la sociologie, souffriraient d’un éclatement et d’un cloisonnement disciplinaires et même intradisciplinaires, accompagnés d’une hyperspécialisation des chercheurs qui seraient ainsi conduits à étudier des fragments de plus en plus petits de la réalité sociale. Il en résulterait un renfermement de ces recherches et des champs disciplinaires dans lesquels elles s’effectuent mais également un appauvrissement des premières. Le sous-titre « Penser l’unité des sciences sociales » indique bien que l’auteur ne s’en satisfait pas.

Pour, en quelque sorte, rapprocher et décloisonner les différentes recherches en science sociale, il propose d’adopter une démarche commune : étudier les « dispositions » (résultant des expériences socialisatrices passées, lesquelles façonnent la personnalité des individus) ainsi que les « contextes » (correspondant aux domaines d’action à l’intérieur desquels les individus expriment leurs aspirations et leurs compétences) afin de saisir et de comprendre les pratiques. Peu de recherches respecteraient ce protocole méthodologique, se privant alors des moyens pour donner des explications globales pertinentes sur le monde social.

L’auteur ajoute qu’il conviendrait aussi que chaque recherche définisse une échelle d’observation précise et le niveau de réalité étudié.

 Ouvrage dense, riche, subtil, parfois difficile mais profond. Leçon d’épistémologie appliquée aux sciences sociales hautement recommandable.