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Oser le couple, R-M. Charest & J-C. Kaufmann

Ed. Armand Colin, 192p., Octobre 2012

Le soutien (majoritaire, si l’on en croît les sondages) au « mariage pour tous » confirme ce que les deux auteurs affirment d’emblée : « la vie de couple fait toujours rêver » ; le couple satisfait un besoin de douceur, de réconfort et constitue un refuge dans une société parfois brutale.

Mais former un couple ne va pas de soi, dans une société qui n’offrirait plus guère de modèles ni de repères et dans laquelle l’individu est centré sur lui-même et aspire à l’autonomie, à la liberté.

Une « logique individualiste et consumériste » dominante explique que les individus hésitent à s’engager dans une relation de couple : hésitation trahissant la « tension entre le lâcher-prise et la volonté de contrôle » et reflétant aussi parfois la crainte de l’individu d’investir dans un engagement qui peut à tout moment prendre fin (et pas nécessairement de son fait). 

Pour édifier un couple durable, il faut parvenir à une subtile association d’une dose d’autonomie individuelle et d’une dose de dépendance amoureuse, donc n’être ni trop individualiste ni trop fusionnel.

Ce qui n’est pas aisé et peut expliquer… la fréquence des échecs ; mais les auteurs montrent que ceux-ci sont rarement interprétés comme l’impossibilité de réussir une vie de couple et sont plutôt vus comme des échecs ponctuels qui n’empêchent en rien une réussite ultérieure.

Un ouvrage très accessible, dans la veine de la sociologie du quotidien, propre à Kaufmann mais qui, parce qu’il néglige souvent les dispositifs sociaux agissant sur les relations de couple (conditions socioéconomiques d’existence, trajectoires et positions sociales des partenaires…), pourra déconcerter ou décevoir le sociologue « puriste ».