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L’utopie, N.Elias

Coll. Laboratoire des sciences sociales, Éd. La Découverte, 152p., Avril 2014

Ce livre réunit trois textes de Norbert Elias (1897-1990) qui développent une même analyse sociologique de (ou plutôt des) utopie(s). Le premier texte, nettement plus long que les deux autres (« La critique de l’Etat chez Thomas More ») s’inscrit dans un travail collectif et interdisciplinaire ; le deuxième (« A quoi servent les utopies scientifiques et littéraires pour l’avenir ? ») et le troisième (« Thomas More et l’utopie ») sont issus de conférences qu’Elias a prononcées.

A partir d’une définition précise et originale de l’utopie (« représentation imaginaire d’une société…contenant des propositions de solutions à des problèmes non résolus…porteuses de changements…souhaités ou redoutés »), l’auteur s’emploie à caractériser celle-ci en insistant sur son inscription dans l’Histoire d’une société et sur sa plasticité (pouvant être à la fois positive et négative, ni pure illusion ni pleine réalité…).

L’utopie devient, en tant que manifestation des représentations collectives, une composante du social et donc un objet d’études légitime de la sociologie, tout en étant à la croisée de la science (sociale) et de la littérature.

Dans ces textes, N. Elias réévalue le rôle de l’imagination, interroge notre rapport au « réel » et réfute l’inéluctabilité du devenir historique en suggérant que le réalisable peut aussi être du côté de l’utopie et en proposant de nouvelles catégories d’action.

Un ouvrage qui confirme la place à part de ce sociologue.