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Préparer les élèves à l'oral du baccalauréat de philosophie

Un article d'Edith Deléage-Perstunski. 2000

Préparer les élèves à l’épreuve orale de philosophie du baccalauréat en favorisant la mise en place d’une communauté philosophique au sein de l’établissement

 

1.L'enseignement de la philosophie en France est étroitement lié à l'État moderne républicain. Victor Cousin, philosophe, devenu membre du conseil royal de l'instruction publique, a mis en place - en 1830 - cet enseignement, dans tous les lycées. En tant que président du jury d'agrégation, il a eu l'occasion de marquer durablement cet enseignement. D'une part, il a imposé cet enseignement dans tout lycée, d'autre part, en défenseur de la laïcité, il en a fait un enseignement indépendant de toutes les églises, un enseignement non clérical.

Supprimé en 1853, cet enseignement sera rétabli en 1864, par Victor Duruy, et ne disparaîtra plus. C'est là la double spécificité française de l'enseignement de la philosophie qui implique qu'il soit institué dans toutes les séries conduisant au baccalauréat et qu'il soit orienté par le "sapere aude !", qu'il soit un enseignement proposé par des maîtres "majeurs", un enseignement du "oser penser par soi-même", libre de toute tutelle.

Le programme actuel, mis en place en 1973, légèrement modifié en 1983 et en 1994, est un programme de notions (par exemple, la conscience…autrui…le temps… la liberté…) et de thèmes (par exemple, théorie et expérience, nature et culture). Jusqu'en 1973, les programmes comportaient une liste d'auteurs.
Depuis 1973, une liste de 33 auteurs philosophiques est proposée aux collègues qui choisissent les œuvres les plus appropriées à leur enseignement et les plus adaptées à leurs élèves. L'enseignant de philosophie au lycée a l'entière liberté philosophique de l'ordre dans lequel il aborde les notions, des regroupements qu'il opère entre elles, des problématiques qu'il met en œuvre et des auteurs qu'il mettra à contribution.
De sorte que pour préparer les élèves à l'épreuve orale de philosophie au baccalauréat, les enseignants peuvent :

• d'une part choisir l'œuvre ou les œuvres dont ils proposeront "l'étude suivie"
- selon des modalités diverses - à leurs élèves,
• d'autre part choisir "la question au choix" sur laquelle ils organiseront la réflexion avec leurs élèves.

2.Pour "l'étude suivie d'une œuvre"

Il est possible - et nous l'avons expérimenté avec satisfaction - de juxtaposer l'étude suivie d'une œuvre en classe entière (pendant un laps de temps à déterminer) avec l'étude suivie d'une œuvre sous forme individualisée! (Il s'agit alors de proposer aux élèves de faire une "fiche de lecture" sur une œuvre d'un auteur qu'ils choisiront eux-mêmes entre 3 ou 4 œuvres, dans une période différente de celle de l'étude suivie en classe entière, puis, chaque collègue, en fonction des préoccupations et des compétences de chacun, propose une étude suivie au groupe d'élèves ayant choisi l'œuvre dont il est le "spécialiste" provisoire.

3.Pour la "question au choix"

Est proposé - et cela contribue à produire une amitié philosophique entre les collègues de philosophie de l'établissement - à tous les élèves de terminale (ou à quelques classes) de "choisir" une question philosophique à étudier avec celui des enseignants qui propose d'effectuer - sur celle-là - un travail de recherche.
Citons par exemple, les "questions au choix" proposées par les quatre enseignants de philosophie du lycée Paul Valéry :

en 1991 :              
• Inconscient et psychanalyse

• Approches du bouddhisme
• Les quatre naissances de l'art moderne
• L'éthique et la vie

 

Et en 1993 :
• La matière
• Le Bien et le Mal
• La paix
• L'idée de Dieu dans la Bible.

Les élèves font plusieurs choix ; les enseignants les répartissent dans les "groupes d'études" de manière à ce que les effectifs soient à peu près équivalents. Et le travail d'étude et de réflexion se poursuit ainsi avec le plaisir d'appartenir - pour un temps - à une communauté d'amis philosophes soucieux de traiter ensemble un problème philosophique choisi.