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La peur du déclassement, une sociologie des récessions

E.Maurin.

Ed. du Seuil. Sept. 09.

Le point de départ de l’auteur est un constat : les Français ont peur du « déclassement », lequel renvoie à une rupture porteuse de régression de leur position sociale, de dégradation de leur statut. Pourtant, cette peur ne lui paraît pas vraiment fondée : en effet, chiffres et comparaisons dans le temps à l’appui, il montre que les diplômes ne se dévalorisent pas vraiment malgré une diffusion croissante de ceux-ci dans la population ; il montre aussi que l’ascenseur social fonctionne toujours : par exemple, les enfants des différents milieux sociaux ont vu leurs chances d’accéder aux emplois les plus qualifiés croître et cette croissance a été plus forte pour les jeunes issus des classes populaires et moyennes que pour ceux issus des classes supérieures. Il précise ainsi que « tant du point de vue de l’exposition au chômage d’insertion que de l’accès aux emplois très qualifiés en début de carrière, tous les milieux sociaux ont vu la situation de leurs enfants s’améliorer par rapport au début des années 1980, avec même un rattrapage pour les milieux modestes dont les perspectives ont progressé plus que les autres ». Des inégalités, parfois fortes, persistent entre les milieux sociaux mais elles se sont réduites ces 20 et même 30 dernières années. Comment alors s’explique cette peur ? Elle viendrait du fonctionnement de notre « société à statut » dans laquelle coexisteraient une population bénéficiant d’un statut protecteur et une autre exposée aux risques de perte de l’emploi, d’obtention d’un emploi précaire et/ou mal payé, risques qui auraient tendance à augmenter, surtout en période de difficultés économiques. Et cette peur a tendance à gagner la population (encore ?) « protégée » par un statut, suscitant un « syndicalisme de résistance », défendant des « acquis sociaux » et opposé à tout changement qui les menace. Ouvrage controversé mais intéressant et utilisable en SES, en Terminale voire en Première.

Ouvrages de sciences économiques.