Rencontre avec Karim Friha

Karim Friha, illustrateur et auteur de la série "Le réveil du zelphire" est venu rencontrer les élèves de 4ème A dans le cadre du projet de livre numérique

Ce mardi, les élèves de 4ème A ont pu rencontrer Karim Friha, illustrateur. 

Avant la rencontre, nous avions fait circuler dans la classe plusieurs exemplaires de la série "Le réveil du zelphire", prêtés par l'association Lecture Jeunesse et le réseau des bibliothèques de Paris. Karim Friha a pu prendre connaissance de l'histoire fantastique imaginée par les élèves.

Karim Friha a présenté la manière dont il travaillait et s'est prêté au jeu des questions / réponses.

Karom Friha 1

Karim Friha 2

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Son parcours

Après un Bac S et des études de mathématiques, Karim Friha a choisi de se consacrer à sa passion : le dessin "il fallait que je dessine, c'était plus fort que moi" et "si j'avais fait autre chose, j'aurais été malheureux".

Il a commencé à travailler dans les magazines pour enfants comme "J'aime lire". Il a également travaillé sur des dessins animés avant de créer ses propres BD. Il n'a jamais pris de cours de dessin et au début, il s'est exercé en imitant le style d'autres dessinateurs. 

Son conseil : "pour écrire, il faut d'abord lire".  

Ses lectures personnelles : des comics, moins de BD et de mangas qu'auparavant, et beaucoup de romans (c'est un fan de Stephen King). 

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Comment fabrique-t-on une BD ?

Au départ, Karim Friha a une idée de thème. Pour "Le réveil du zelphire" par exemple, c'était le 19ème siècle en France, car même si l'histoire est fantastique, elle est ancrée dans le réel. Pour "La flamme et l'orage", Karim Friha voulait traiter des inégalités et du combat contre l'obscurantisme. 

Une fois son sujet en tête, il prend un crayon et un carnet, s'installe dans un endroit qu'il aime bien (un café par exemple) et jette toutes ses idées comme pour une dissertation ou une rédaction. C'est la partie "bouillonnante".

Après, il faut s'approprier les personnages. Le personnage doit "exister" pour que le lecteur soit impliqué. Il faut lui créer une personnalité et un passé. Sa façon de parler et de se comporter dépendra de son origine sociale, de son passé etc. Il est important de bien connaitre l'histoire de son personnage pour le rendre plus crédible, vivant. Il faut se demander : "Pourquoi le personnage fait-il cela ?" / "Que veut-il?". Karim Friha prend l'exemple de Nathalie Wang, l'héroïne imaginée par les élèves. Cette dernière est très "caractérisée". Il s'agit d'une working girl. Elle est issue des beaux quartiers. 

Bien souvent, comme Nathalie Wang, le personnage principal n'est pas très sympathique. Mais il va vivre une expérience qui le changera. Il apprend quelque chose (c'est le cas d'Ulysse ou Harry Potter). Il va d'un point A à un point B. 

Ensuite, vient l'étape du scénario. C'est le découpage de l'histoire, la "charpente" (on peut comparer ça à la "trame narrative" sur laquelle les élèves ont beaucoup travaillé). 

Le dessin arrive tout à la fin. Karim Friha travaille à l'encre de chine. La couleur est faite sur Photoshop. Sa prochaine BD sera réalisée entièrement sur ordinateur, au moyen d'un écran sur lequel on peut dessiner directement (mieux qu'une palette graphique).   

Le texte est ajouté à la fin. Lorsqu'il dessine les cases, Karim Friha sait ce qui doit être dit, même s'il ne sait pas encore exactement comment cela va être formulé. 

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Et l'inspiration ? D'où vient-elle ? 

Pour Karim Friha, l'inspiration "c'est juste des connections que l'on fait dans sa tête entre un article lu dans un journal le matin, un tableau vu au musée l'après-midi, et un film de SF vu le soir." Les idées viennent "au coin d'une rue". Le plus dur n'est pas d'avoir des idées, mais de choisir.

L'imagination "c'est un muscle qui se travaille : plus il s'entraîne et plus il se développe", il faut être curieux et "s'ouvrir aux autres expressions".   

Les idées qu'il faut abandonner...

Invité à s'exprimer sur son expérience de cette année, un élève regrette que l'on ait dû abandonner certaines idées. Karim Friha explique alors qu'on ne peut pas toujours placer toutes les idées, même si elles sont excellentes. 

Son conseil : "Si vous pouvez supprimer une scène ou un personnage sans que ça change l'histoire, alors faites-le". 

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Le choix du titre et de la couverture

Le choix du titre et de la couverture peuvent parfois poser problème : "soit ça vient tout de suite, soit c'est très dur". Les critiques sont parfois sévères : "Ne vous fiez pas à la couverture ratée...".  

La couverture dépend de ce que l'on veut raconter. La forme doit correspondre au fond. S'il s'agit d'un thriller, la couverture sera énigmatique.

La couverture va reprendre deux ou trois idées qui vont synthétiser l'histoire. En la voyant, le lecteur doit avoir un ressenti de l'histoire.  

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Est-ce qu'on gagne bien sa vie en dessinant des BD ?

Les élèves n'ont bien sûr pas manqué de poser cette inévitable question à Karim Friha. Ce dernier leur a expliqué que la BD était un travail assez long (il consacre en moyenne 2 à 3 jours par page). Il est donc obligé de travailler sur autre chose en parallèle. Il a ainsi travaillé sur des dessins animés comme "César et Capucine", "Troll de Troy", "Le chat du rabin", ou "aya de Yopougon".

Le travail sur des dessins animés est un travail d'équipe. Il y a beaucoup d'intervenants, de producteurs. Les dessinateurs sont des exécutants. Dans la BD, on est son propre maître. Le rapport avec le public est aussi plus direct.

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Pour clôre cette rencontre, Karim Friha s'est prêté à une petite séance de dédicaces

la flamme et l'orage

dédicaces

dédicaces 2

dédicace 3

Petite photo souvenir :

souvenir