Philippe Roi, mâitre formateur à l'école Romainville, nous détaille ici la démarche mise en oeuvre et les bénéfices qu'il a pu observer chez ses élèves.
Une aventure pas comme les autres d’une durée de quatre mois !
Les élèves ont tout d’abord étudié différents types d’abécédaires pour comprendre leur fonctionnement. Pour cela nous avons été aidés par la mère d’une de nos élèves, bibliothécaire. Elle en a mis plusieurs à notre disposition. Les élèves les ont lus et consultés fréquemment.
Ensuite, les élèves ont proposé des mots pour chaque lettre et ils ont voté à la majorité. Ils ont utilisé un dictionnaire pour certaines lettres. Les lettres w, x, y et z ont été particulièrement compliquées.
J’ai proposé aux élèves un tableau à double entrée avec les mots de l’abécédaire et les prénoms des élèves afin que ceux-ci puissent réaliser l’avancée du projet. Chacun avait le droit de participer à autant de mots qu’il voulait. Il a été compliqué d’en faire beaucoup. Un élève avait le droit de ne proposer son aide que pour un mot. Dans les faits et au vu de l’avancée du projet, tous ont fait preuve de bonne volonté et de générosité. A la question : «Qui peut aider pour ce mot ? », les mains se sont levées, de plus en plus au fil des jours.
Au niveau de l’organisation, les groupes ont été constitués afin de créer cet abécédaire. Quand un élève était pris par une recherche, un autre arrivait à la rescousse ! Certains élèves ont pris le temps de la réflexion avant de s’inscrire ; d’autres se sont inscrits à beaucoup de mots ; quelques-uns ont abandonné en cours de route des lettres afin de se consacrer pleinement à la réalisation d’une en particulier qui leur tenait particulièrement à cœur.
De mon point de vue, les élèves ont été extraordinaires. Il y a eu un avant et un après création de l’abécédaire. Ils ont collaboré jusqu’au bout afin de le rendre dans les temps. Les groupes ont été la plupart du temps mixtes. Pendant les moments difficiles, il a fallu trouver des stratégies pour se laisser la parole chacun son tour, pour proposer des idées, les voir acceptées ou refusées tout en gardant sa bonne humeur. L’ambiance de classe s’en est trouvée améliorée. On s’enquérait souvent de l’écriture d’un article, regrettant que celui-ci ne fût pas terminé. On demandait de l’aide à ses copains afin d’aller plus vite et de mieux faire.
L’important a été de participer à la création de cet abécédaire que je qualifierai de fantastique. La lettre W pour le mot wagon représente bien le chemin parcouru par la classe en général et les individus en particuliers. Un projet mené par tous les élèves. Nous étions tous dans le wagon du vivre ensemble afin de comprendre, d’apprendre et de grandir…ensemble !
Le compte à rebours sur le calendrier a permis de visualiser les jours qu’il nous restait avant de rendre le projet tout ceci dans une bonne humeur générale. Des fous rires…parfois et du bonheur…toujours !
Pour autant, l’aventure ne s’arrête pas là. Afin de faire partager ce beau projet, la classe a décidé de le présenter aux parents lors d’une soirée spéciale abécédaire mais également aux autres classes de l’école. Les élèves auront donc l’occasion d’utiliser des compétences langagières concernant la communication : comment présenter un projet ? Avec quel vocabulaire ? Comment intéresser son auditoire ? Ainsi, des binômes d’élèves présenteront leur travail et répondront aux différentes questions des adultes et des enfants.
Une aide active a été fournie par les professeurs de la ville de Paris en éducation musicale et en arts visuels notamment sur les techniques de la prise de vues pour le stop-motion et la prise de photographies. Différentes techniques ont donc été utilisées pour la création de cet abécédaire. La classe a voulu proposer des techniques la plupart du temps différentes.
A l’heure où le vivre ensemble est questionné et parfois maltraité, l’une des réponses viendra sans nul doute du travail et des expériences que les adultes de demain, nos enfants, feront à l’école, ensemble !
Comme le disent si bien les Trois mousquetaires et contrairement à la légende : tous pour un et un pour tous !
Bonne lecture.
Philippe Roi.