Les contes et la parité - Le vase

Le Vase

Il était une fois un jeune garçon qui vivait avec sa mère. Sa mère allait travailler aux champs ce qui lui apportait un maigre revenu pour vivre tous les deux. Quant à lui, il volait : du pain à la boulangerie, de quoi faire une soupe au marché et, quand il le pouvait un poisson ou un poulet.

 Mais un jour, lors de la grande foire, organisée par le roi, le jeune garçon déroba une belle bague rouge qu’il comptait offrir à sa mère. Il fut surpris en flagrant délit. Essayant de s’échapper en courant, il n’alla pas loin et fut arrêté et emmené devant le roi. Sa majesté écouta le récit émouvant de la vie quotidienne de ce jeune homme. Et comme il était bon, il prit cette décision : si le jeune homme arrivait à combattre et réussissait un exploit incroyable choisi par le roi, il pourrait être pardonné. Mais s’il échouait, il devrait rester le reste de sa vie au fond d’un cachot pour ne jamais ressortir.

 Le jeune homme accepta sur le champ. Même s’il avait donné une réponse très rapide et qu’il semblait confiant, il avait très peur de ce qui l’attendait. Soudain, dans une poussière d’étincelles, une petite fée pas plus grande qu’une main humaine s’approcha de lui et lui tendit une longue et magnifique épée, qui était sensée lui donner la victoire. Le jeune garçon qui n’avait même pas de cheval à sa disposition, regretta tout à coup la décision qu’il avait prise, mais pensant à sa mère et au cachot sombre et sale qui l’attendait, il se ressaisit et serra d’une poigne ferme sa belle épée.

 L’épreuve donnée par le roi était de dérober aux trois sorcières les plus monstrueuses de la région, le vase qui les rendait immortelles. Voler, il savait faire, mais pas à des êtres surnaturels et encore moins des vases rendant immortel. Mais il n’avait pas le choix !

 Arrivée à la lisière des marécages qui abritaient la chaumière des sorcières, le jeune homme réfléchit un instant à une solution pour combattre les créatures. Tout le monde savait que deux des trois sorcières immobilisaient sur place tous les gens qui croisaient leurs regards. Mais la troisième, la plus jeune, ne pouvait que cracher du feu. Alors saisissant son épée, il s’aventura dans le marécage. Pataugeant dans l’eau boueuse des marais sombres et brumeux, il s’approcha avec lenteur d’une faible lueur jaunâtre qui devait surement venir du repère des sorcières. Arrivant devant la petite et vieille bâtisse cachée par d’énormes palétuviers, le jeune homme s’avança, guidé par la lumière de la pleine lune. Quand soudain un cri jaillit des marécages, ce qui fit s’envoler des gros corbeaux noirs croassant lugubrement. Une lumière blanche s’échappa de la cheminée, de la porte et des fenêtres de la petite demeure. Le jeune garçon ne comprit pas ce qu’il se passait, accéléra le pas pour se cacher tout près de la fenêtre et ce qu’il vit le terrorisa : une des trois femmes faisait sortir de ses yeux de la lumière blanche qui avait jailli quelques minutes plus tôt. Elle paralysait de la tête aux pieds un pauvre homme qui avait dû se perdre dans les marais. Pétrifié de peur, le jeune garçon serra son épée, et se dit qu’il n’aurait aucune chance contre ces monstres. A ce moment, la petite fée, celle qui lui avait donné l’épée apparut et lui souffla des conseils à l’oreille.

 Prenant son courage à deux mains, il cassa la fenêtre avec son arme et se rua à l’intérieur crevant les yeux des deux ainées. Mais la plus jeune malgré son âge ne se lassa pas faire et cracha du feu. Il en sortait de sa bouche, de ses narines, de ses oreilles. Pendant un temps horriblement long, le jeune garçon et la sorcière s’affrontèrent. Soudain une idée traversa son esprit. Voyant le fameux coffre que la fée lui avait indiqué et dans lequel le vase se trouvait, il courut jusqu’à lui et l’ouvrit. Triste de devoir casser un aussi bel objet, il s’en empara et le brisa comme l’être magique lui avait conseillé. Et comme par enchantement, les trois sorcières disparurent. Au grand étonnement du garçon, les bouts de vase s’étaient reconstitués et formaient le beau récipient doré qu’on lui avait demandé de dérober. Ainsi, le sortilège rompu, l’homme qui avait été pétrifié remercia et accompagna le garçon chez le roi où il fut accueilli comme un héros.

 Comme il l’avait promis, le roi pardonna le jeune homme et le maria même à sa fille. La mère, fière de son fils emménagea au château où elle fut traitée comme une reine. Quant à lui, il vécut heureux et eut beaucoup d’enfants.

 

 

Esther B., 6B