Migrants'scène: atelier d'écriture avec Leïla Anis

Leïla Anis est la comédienne que nous avons vu jouer dans la pièce les Monstrueuses à la Maison des Métallos. Elle est venue au lycée pour animer un atelier d'écriture. L'objectif de cet atelier était de raconter un moment précis du voyage ou de l'arrivée des migrants sur lesquels nous avions rédigé le portrait journalistique.
Nous avons d'abord travaillé sur les sens. Elle nous a appris à exprimer avec des mots ce que nous percevons avec nos sens : la vue, le toucher, l’ouïe ... Puis, petit à petit, nous nous sommes mis dans la peau des migrants interviewés et essayé d'imaginer un moment de leur voyage ou de leur arrivée en France. Chacun d'entre nous a choisi un court instant et a rédigé un court texte. Voici notre travail:

​L’aéroport est vide il me semble
Valise lourde trop lourde
Fatiguée par le réveil matinal
 6h00 du matin
La faim fait gargouiller mon estomac
Le froid me gèle les mains
Mon cœur bat  la chamade
Je me retrouve face à mon destin
Les mains moites, le stress au maximum
Je m’avance vers mon avenir
Contact avec un des passagers
Charmante personne, il est père de famille
Il sent le musc, il me demande l’heure
Il rentre en France tout comme moi
Enfin, presque moi je ne retourne pas en France j’y vais pour la première fois
Une goutte de transpiration coule sur mon front
Le chewing-gum dans la bouche n’a plus le goût de la menthe
La seconde classe de l’avion n’est pas confortable
Près de moi, le hublot, évasion le temps du vol
Pieds qui tremblent, émotions chamboulées
Au revoir le Cameroun. Bonjour la France

 Félicia

​-------------------------------------------------------

​En bas de chez moi, je descends
Premier matin d’hiver ici
Bruits de voitures incessants
Cette odeur d’essence me donne des nausées
Grands immeubles interminables
Un frisson inhabituel envahit mon corps
Sans doute le stress de cette nouvelle vie qui m’attend
Visages inconnus, pieds qui tremblent, mains moites
Il fait froid, j’ai les oreilles glacées
Là je me sens ailleurs, mon nouveau chez moi.

​Hadiatou

​-------------------------------------------------------
​Après des heures de trajet,
Sors enfin de cet avion…
Mal à me lever, mes jambes me grattent.
Escalier bruyant.
Cherche du regard ma grande sœur.
Ne la vois pas encore
Elle est si belle.
Cœur qui  bat vite.
Fourmis dans les jambes.
Hâte de la serrer contre moi !
Angoissée par nos retrouvailles.
Mains qui deviennent moites.
Je tremble !
Enfin je la vois.
Je cours vers elle.

​Louisette

​-----------------------------------------------

​Après des heures de trajet,
Sors enfin de cet avion…
Mal à me lever, mes jambes me grattent.
Escalier bruyant.
Cherche du regard ma grande sœur.
Ne la vois pas encore
Elle est si belle.
Cœur qui  bat vite.
Fourmis dans les jambes.
Hâte de la serrer contre moi !
Angoissée par nos retrouvailles.
Mains qui deviennent moites.
Je tremble !
Enfin je la vois.
Je cours vers elle.

​Louisette

​-----------------------------------------------------

Dans une rue, Paris, c’est hiver
 Une nuit noire, froide et sombre.
Voitures qui passent.
Arrivé devant le grand immeuble.
Ma fille sert fort ma main.
Peur et stress, porte ouverte, long couloir.
Plus de stress, plus de peur.
Seconde porte ouverte.
Grands plafonds, murs blancs, grandes fenêtres.
Réconfort et corps qui se relâche.
Chez moi.   

​Luis

​------------------------------------

​Après huit heures de vol, enfin là.
Il fait froid!
Les gens ont l’air pressés.                 
Odeur de pain et de viennoiseries.
Voix féminine qui vient du haut parleur.
 De toute manière pas important.
Cherche du regard ma grande sœur.
Là !
 Pas changée, peut être quelques kilos en plus.
Je tremble. Le froid? L’appréhension ?
Vue qui se trouble, larmes qui montent et battements du cœur qui s’accélère.
Lâcher mes affaires et courir vers elle.

Lohan

​--------------------------------------------------

Assise dans ce taxi, ma famille réunie.
Froid,  mon mari le voit et dit au chauffeur de mettre le chauffage .
Blottis contre le siège qui se réchauffe .
Le taxi roule sur quelque chose de bizarre, mes pieds vibrent .
Fermer les yeux, me reposer, écouter les goûtes qui s'abattent sur la vitre.
Poser  ma tête sur son épaule, ressentir la chaleur de son corps.
Attraper son bras et resserrer mon étreinte , cœur apaisée, il m'a promis qu'on ne se séparera jamais.

Boye

​-----------------------------------------------------

​A l’aéroport, embarquement,  je fais la queue
L’angoisse m’étouffe
Forte odeur de café
19 heures, Paris Charles de Gaulle
La fraicheur de la ville me frappe au visage
Vingt longues minutes me séparent de ma tante
Elle se trouve là, au loin, cherchant quelqu’un du regard
Nos regards enfin croisés
La joie me pénètre.

​Chayanne

​--------------------------------------------

​Peur
Angoisse
C’est ce que je ressens
Dans mon nez, l’odeur du sang et de la mort
Des hommes
Beaucoup d’hommes
 Ils frappent, ils violent
Femmes et enfants en pleurs
Peine ?
Pitié ?
Ils n’en ont pas
A cet instant, je regrettais d’être dans ce lieu.

​Océane

​--------------------------------------------------------------

​20H30 Paris  face à l’aéroport  Charles de Gaulle
Debout dans le froid attendent  un  taxi
Stressé, fatigué je garde le sourire
Enfin dans le taxi
 Derrière le conducteur,  le trajet débute
Mains  et pieds  gelées
Émerveillé j’admire ces nouveaux paysages

​Fatima

​-------------------------------------------------

​Contact de  mes pieds sur le quai. Arrivée en France.
Mes parents m'accompagnent. Sensation d'inconnu.
Accélération de mon cœur. J'observe.
Beaucoup de monde, lumières, bruits, odeurs.
Poids de mes valises, de l'angoisse. Corps engourdi et glacé.
Je cherche. Premier contact avec un français, je ne comprend rien.
Je dois apprendre la langue française.
Un immeuble, haut et large. Sentiment d'excitation face à cette nouveauté.
Je m'avance. J'entre. Un hall sombre, des boites aux lettres.
Une porte, ouverte. Je la passe, mes valises à la main.
Je vais habiter au troisième étage de cet immeuble.
Là, une fenêtre, je m'approche.
En bas, un parc, des enfants, des parents.
Je me plais ici.

​Naïka

​------------------------------------------------

​Je suis debout,  fatiguée, en plein doute.
Le courant d'air me glace la chair.
Personne de nous ne parle.
L'environnement pollué ne me permet  pas d'apercevoir le paysage.
Seul le bruit des voitures est un repère.
Nous franchissons ensemble, perdu, la porte de cette immense aéroport.
la langue n'est pas familière.
La curiosité de découvrir ce pays  est grande mais la peur domine .
Mais  pourquoi  ? Ici vit ma famille.
Le destin.
L'amour.
Ils sont ici.

​Dorina

​--------------------------------------------------------

​Je suis debout,
Devant l'entrée de l'aéroport.
Je regarde autour de moi.
Mais qui sont ces gens?
Je ne connais personne.
Ces gens portent à la main
Leur valise, les mains de leurs enfants.
J'ai peur,
J'ai peur de faire un pas.
Je ne sais pas quoi faire,
J'avance vers le parking.
Il y a trop de voiture, trop de taxi.
Non! Tous les taxis sont pris.
Je fais quoi maintenant.
Tiens, je vais m'assoir,
En attendant qu'un autre taxi arrive.
20 minutes,
Ça fait 20 minutes que j'attends.
J'ai froid,
J'ai froid à la main,
J'ai les mains gelées.
Oh! Tiens, un taxi arrive.
Je prend le taxi,
Direction Paris, c'est partie.
Que c'est beau Paris,
 C'est différent par rapport à mon pays natal.
J'arrive enfin devant l'hôtel.
Je vois ma belle-sœur de loin,
Ça me soulage énormément,
D'avoir vu quelqu'un que je connais,
Maintenant la vie roule.
Je suis heureuse.

​Niteesha

-------------------------------------------------


​Sortie du train.
6h.
Valises en mains, elles sont moites.
 Le froid et le stress m'envahissent.
Paysages, voix et langage inconnus.
 Une odeur désagréable s'infiltre dans mes narines en entrant dans un taxi.
Ma mère me serre dans ses bras, elle sourit.
Arrivés.
Appréhension, faim, cœur serré, fatigue.
Devant nous un immeuble rose pale.
Au deuxième étage à gauche, mon père ouvre une porte.
Grinçante.
On découvre un petit trois pièces ensoleillé.
Ici on sera bien me dis-je.
Pose les valises au sol, soulagée.

​Lucie

​---------------------------------

​Là, debout devant ces portes coulissantes.
Froid.
Là, dans cet aéroport rempli de personnes.
Tous venus d'Algérie, la peur et l'angoisse se lit dans nos yeux.
Mon père m'attend, la dernière ces portes coulissantes qui nous sépare.
Lui, accoudé à sa voiture au milieu des taxis.
Pour la première fois devant moi les routes française, les grands immeubles.
Froid.
Le reflet de la lumière sur les carrelages blanc, aveuglantes.
Mes jambes tremblent, sans doute la peur de l'inconnu.
Mes dents claquent aux bruits des pas.
La joie se lit sur le visage de mon père, heureux de nous revoir.

​Marina

​-----------------------------------------------

​Je descends du bateau ,
J'ai peur et froid
 Je ne connais pas ce pays
 Je me presse pour aller  chercher ma sœur
 L'angoisse monte , je suis désorientée.
 Je demande mon chemin
Je ne comprends pas ,
Je la vois au loin
Elle ne me voit pas
J'ai des frissons ,
Je la rejoins
La joie se ressent dans tout mon corps
Je tremble.

​Iffic

​---------------------------------------

​Croire que moi, Julien Dominique Lespoir soit ici. Ici en France.
Libre. Froid. Un peu de solitude. Autour de moi, beaucoup de gens. Heureux.
Je sors. Vue splendide étrange. Voitures, routes, foule. Perdu. J’inspire… Étouffement
Ca pue ici, ça pue. Beaucoup de bruits. Perdu. Peur. Le temps passe. Calme.
Je cherche. Je vois un visage familier. C’est ma tante. Elle s’approche de moi.
Heureux de voir un visage familier. Moins seul. Sourir. Je la rejoins. On part. Fatigue…
Je ferme les yeux. Je m’endors.
Secousses. Je me réveille. Perdu. Autour de moi, beaucoup d’arbres. Une ferme. Bruits d’oiseaux. Odeurs. Je contemple.
Apaisé. Détendu. Calme. Heureux

​Cindy

​-----------------------------------------------

​Devant un lycée qui m'est inconnu
Posé sur une rambarde froide
Mon corps chaud s'y affaisse
L'inquiétude mange mon cerveau
La peur,
Mes mains moites s'enlacent
Mon pied tape au rythme d'une trotteuse
Mon regard se pose sur des gens
Teint bronzé, sourires jusqu'aux oreilles, cris de joie
Ils se retrouvent après 2 mois
Un brouhaha qui diminue
Des voitures qui klaxonnent, un tram qui passe
Des vélos qui se suivent, des taches blanches au sol
Premier jour, lycée, Paris

​Sarah

​--------------------------------------

​Devant un lycée qui m'est inconnu
Posé sur une rambarde froide
Mon corps chaud s'y affaisse
L'inquiétude mange mon cerveau
La peur,
Mes mains moites s'enlacent
Mon pied tape au rythme d'une trotteuse
Mon regard se pose sur des gens
Teint bronzé, sourires jusqu'aux oreilles, cris de joie
Ils se retrouvent après 2 mois
Un brouhaha qui diminue
Des voitures qui klaxonnent, un tram qui passe
Des vélos qui se suivent, des taches blanches au sol
Premier jour, lycée, Paris

​Rebecca

​-----------------------------------

​Debout dans cette salle blanche, illuminée, ça sent la javel.
Une odeur de croissant.
Un courant d’air frais.
Fatiguée à cause du voyage, mal aux pieds, au dos.
Stressée à l’idée de revoir ma mère.
Main moite, une boule au ventre.
Le temps interminable.
Je regarde l’horloge.
Des gens derrière cette porte vitrée.
Je regarde au loin une silhouette.
Un visage familier ou inconnu.
De l’émotion, les larmes aux yeux.
Ma valise à la main.
Main tremblante.
Je me dirige vers elle.
Je suis heureuse.

​Wendy

-----------------------------

​14 H
Cité du Ponant , Toulon
Batiment 3 étage 6
Seul avec ma femme
Main dans la main au milieu de cette pièce vide
Les murs blancs
Le lustre qui pend
La lumière qui passe par la fenêtre
L’odeur de la peinture fraiche
C’est donc ici que nous allons vivre ?
Construire une famille ?
M’installer ?
J’ai peur
Mais j’ai espoir .


​Sabrine