Opération Renvoyé spécial

Le jeudi 21 mars, nous avons rencontré Sameer Al-Doumy, photoreporter syrien réfugié en France. Il nous a parlé de son vécu en Syrie et de son exil vers la France.
Mme Alchami, enseignante de langue arabe au lycée, et Isra Rezoug, élève de 1ère ST2SC, ont assuré la traduction. Un grand merci à toutes les deux.

​Le début du conflit
Sameer nous a expliqué que le conflit syrien dure depuis 2011 (Printemps arabe). Il a commencé lorsque trois enfants syriens ont écrit sur un mur "c'est bientôt ton tour docteur" en parlant de Bachar Al Assad. Après cela ces trois enfants ont été torturés, on leur a retiré des membres de leurs corps (ongles..); puis ils ont été retrouvés morts. Sameer avait 14 ans et voulait devenir dentiste: il croyait que sa vie était tracée. Mais suite à cet abominable acte, des manifestations ont eu lieu: c'est ainsi qu'est né le cycle funérailles-manif-funérailles qui est devenu un conflit national et la guerre qui existe aujourd'hui. Nous avons appris que ce conflit touche toute la population et le territoire, même les civils ne sont pas épargnés ce qui nous a extrêmement touchés et sensibilisés.

Le siège de Douma
Suite aux batailles de 2011 et 2012 Bachar El-Assad installe un siège à Douma la ville la plus rebelle, encerclant ainsi les habitants. Cet encerclement dure depuis 2012 et empêche les habitants de quitter la zone et d'avoir tout contact avec l'extérieur. Ainsi le siège domine entièrement les habitants et leur mode de vie: ils n'ont pas accès à des ressources élémentaires et fondamentales (eau, électricité, gaz, alimentation ...). A la pénurie se sont ajoutés les bombardements. Cet enfermement quotidien et les bombardements ont fait naître une vie souterraine.

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Les habitants ont creusé sous terre pour se protéger des bombardements. Sous terre une vraie vie s'est créée. Ce désir de vouloir se protéger a mené à un rassemblement souterrain avec des commerces, des écoles, un centre hospitalier (avec du matériel provenant des hôpitaux bombardés), un cimetière et même un terrain de jeux pour les enfants. Cependant la malnutrition reste présente. La présence du siège et les bombardements empêchent les habitants de pouvoir cultiver les champs de blé, les amenant même à des solutions extrêmes. Ainsi pour pouvoir se nourrir, les habitants ont dû être ingénieux et inventer des moyens de survie. En effet le seul produit auquel les habitants avaient accès c’était le fourrage des animaux. Ainsi pour pouvoir se nourrir les habitants se sont servis du fourrage pour faire du pain. Ce pain avait une odeur nauséabonde et un goût infecte mais il était consommé après plusieurs jours de dénutrition. On peut ainsi voir le désespoir de ces habitants.
​En avril 2018, Bachar El-Assad utilise des armes chimiques contre la population, ce qui est formellement interdit par les lois internationales.
Pendant la présence du siège, nous avons pu constater l'atteinte aux droits fondamentaux de la population: droit de s'alimenter, droit de se déplacer,  droit de s'exprimer, droit de vivre convenablement, droit à l'éducation.

Le métier de photojournaliste
Le photojournaliste est un journaliste à part entière. Il n’est pas seulement photographe, parfois il écrit également les textes pour ses articles ou ses reportages, souvent il est attaché à un rédacteur qui écrira l’article. Son appareil joue le même rôle que le micro ou la caméra de télévision et lui permet de collecter l’information sur le terrain, que ce soit à côté de chez lui ou à l’autre bout du monde. Le photojournalisme informe le public en montrant le quotidien de la guerre par des images.
 La manière de pratiquer de photojournaliste n'est cependant pas la même que celle d'un journaliste. Un photojournaliste se met en danger en temps de guerre, il se doit donc d'être discret. Pour se protéger Sameer utilise un pseudonyme. Transmettre les informations peut s'avérer dangereux et difficile par manque d'électricité, de prendre des photos dans le pays ou tout simplement par coupure de connexion d'internet. Cependant, il n'est pas évident de se rendre dans un pays en guerre: les frontières sont difficiles à accéder ou les lieux sont bouclés. Le photojournaliste peut voir sa vie menacée à chaque instant. Sameer Al Doumy est un photographe syrien qui a connu toutes ces difficultés. Il a connu la guerre en Syrie alors qu'il était encore enfant et a commencé à prendre des photos pour témoigner de la situation. Il a publié ses photos sur internet et a été recruté par l'AFP et s'est donc mis en danger lui et sa famille quand il a été repéré par le régime syrien qui a mis son nom sur une liste noire. Il a pris des photos sous les bombardements et a finalement été obligé de fuir son pays.
​ ​En 2016, son travail a été récompensé par le prestigieux prix World Press Photo.
Il pense que ses photos sont un témoignage pour l'Histoire : https://sameeraldoumy.com/ .

Comment et pourquoi Sameer a fuit le pays ?
20190321 111545La guerre en Syrie durant trop longtemps Sameer Al Doumey a voulu fuir afin d'y échapper fin 2017. Les journalistes étaient devenus des cibles. Etant "photographe de la guerre", sa famille et lui même étaient sur liste noire, il a alors tenté de traverser la frontière turco-syrienne. Malheureusement les soldats turcs ont tiré sur Sameer et les autres syriens. C'est seulement après 7 tentatives qu'il réussi à entrer en Turquie. Il s'est alors rendu compte que la vie en Turquie était aussi difficile. Il était considéré comme un "étranger" là-bas, il était sans droits,il se sentait stigmatisé. Il a alors décidé de partir du pays vers l'Occident. Il est allé en France où il a obtenu le statut de réfugie grâce à l'aide de l'Agence France Presse (AFP) pour qui il travaille. Il a été placé en famille d'accueil. Il a alors décidé de continuer son travail de photo-journaliste en prenant en photo les parisiens et les manifestations de "gilets jaune. Il a expliqué que sa famille et lui même sont encore en contact malgré qu'ils soient tous dispersés dans le monde. D'après lui, le devoir d'un réfugié est de témoigner sur ce qui se passe réellement en Syrie car avec les médias il est de plus en plus difficile d'obtenir des informations objectives.
​Etant réfugié en France, il n'a pas le droit de revenir dans son pays d'origine.


L'importance de la liberté d'expression et le rôle des journalistes
Avec cette rencontre on s'est rendu compte de la réelle importance du métier de journaliste notamment celle du photo reporter. Grâce aux photos que Sameer a effectuées nous avons pu en apprendre davantage sur ce qui ce passe en Syrie. En effet, ces journalistes dont Sameer fit partie risquent leur vie dans le but de nous informer et sans eux nous ne serions pas au courant de l'actualité. Les journalistes sont les garants de la liberté d'expression même si on parfois on peut être en désaccord avec eux.
Nous vivons dans un pays ayant une large liberté d'expression, il est difficile d'imaginer que dans certains pays la liberté d'expression est restreinte voire inexistante. Beaucoup pensent qu'on a trop de liberté d'expression en France mais lorsqu'on voit que dans des pays étrangers comme la Syrie, la Chine, la Russie... il n'y en a pas du tout, on se dit qu'il vaut mieux en avoir beaucoup que pas assez car il est important de  pouvoir s'exprimer sans pour autant avoir de répercussions.

 

Pour préparer la rencontre avec Sameer A Doumy, nous avons mené des recherches sur la liberté de presse dans le monde et sur la situation actuelle de la Syrie. Les voici sur cette présentation.