Rencontre avec un journaliste syrien

Shiyar Khaleal est un journaliste syrien. Il a fait ses études à l’université de Damas et est arrivé en France au printemps 2016. Il est venu en tant que réfugié politique.

dsc00273-3 Sous la dictature de Bachar Al Assad, les journalistes tout comme les civils n’ont aucune liberté. Les journalistes ne peuvent pas publier leurs articles. Il a été obligé d’exercer un travail secret (accompagné d’autres journalistes) dans le but de montrer ce qui se passait là-bas. Il a filmé des manifestations où l’on voit chrétiens et musulmans défiler ensemble dans les rues des villes syriennes. Les opposants ont été obligés de s’organiser et de s’armer pour se défendre afin de lutter pour la liberté d’expression.

Quelque temps après la création de leur réseau social, lui et son équipe de journalistes ont été arrêtés par une patrouille armée. Sa première réaction a été de rire car il s’y attendait. Ils ont tous été conduits à l’extérieur du café où ils étaient réunis puis mis dans des véhicules.

Considérés comme des terroristes, ils ont été placés dans un centre de détention où ils ont été interrogés. Une seule fille les intéressait: elle a d’ailleurs été frappée et insultée.

Chaque journaliste était à genoux et on lui demandait pour qui il travaillait. Shiyar Khaleal a dit qu’il travaillait pour Al Akhdar Ibrahimi, (émissaire de l’ONU à l’époque en Syrie) pour cela il a été frappé avec un bâton pendant une demi heure, chaque journaliste devait avouer quelque chose. Ils ont ensuite été emmenés dans un sous-sol où se trouvaient déjà 110 détenus: personnes de tout âge, adultes et enfants confondus.

DSC00006 Entretemps, un très grand nombre d’islamistes appartenant à de grands mouvements terroristes ont été libérés de prison. Le disque dur de l’ordinateur de Khalil a été confisqué puis une fois les vidéos découvertes, le journaliste a été conduit dans un autre centre de détention où il a été de nouveau torturé (avec des cigarettes). Myriam, journaliste syrienne de 20 ans a été aussi enfermée puis Shiyar Khaleal a été contraint de dire qu’il travaillait pour Daesh. Un jugement a été prononcé contre lui. Il n’avait pas de quoi manger et environ une personne mourait par jour. En prison, il a dessiné à l’aide d’un dentifrice, d’un crayon et des coquilles d’œuf. Son ami qui travaillait pour Sky News a été exécuté.

Amnesty International est une organisation non gouvernementale internationale qui défend les droits de l’homme et le respect de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Cette organisation travaille notamment pour la libération des prisonniers d’opinion, le droit à la liberté d’expression, l’abolition de la peine de mort et de la torture et l’arrêt des crimes politiques, mais aussi pour le respect de l’ensemble des droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels.

C’est grâce au travail d’Amnesty International que la situation de Shiyar Khaleal s’est débloquée: il y avait des preuves qui montraient que Shiyar Khaleal avait été torturé en prison et qu’il avait été forcé de faire des aveux. Les médias internationaux exerçaient beaucoup de pression. Il a finalement été renvoyé à la prison d’Adra et a été présenté devant un tribunal antiterroriste. Deux avocats connus et spécialisés des droits humains étaient chargés de sa défense, Lakhdar Brahimi aurait plaidé en faveur de sa libération.

Shiyar a été libéré le 28 mai 2015 et est parti directement pour la Turquie. Mais il a ensuite décidé d’aller en France où il a été accueilli à La Maison des journalistes où il réside encore.
Il reçoit encore des menaces de la part du régime syrien pour avoir défendu les citoyens syriens et les droits de l’Homme.

MELISSA , pour la classe média