Sortie au cinéma

Le jeudi 15/12/16, les élèves du lycée Emile Dubois ont assisté à la projection du film Le ciel attendra réalisé par Marie-Castille Mention-Schaar au cinéma UGC.

DSCN8986 Ce film nous montre deux filles converties à l’islam et qui veulent se radicaliser en allant en Syrie pour « gagner le paradis » ; c’est donc un film qui traite de la radicalisation mais aussi de l’embrigadement des femmes. Sonia, qui a 17 ans, a été sauvée en s’évanouissant juste avant de prendre son avion. Quant à Mélanie, 16 ans qui est tombée amoureuse d’un « prince » sur internet, elle arrive à aller en Syrie. Sa mère est à sa recherche pendant tout le film…A la fin du film on voit que Sonia est libre, elle regarde le ciel à travers la fenêtre de sa voiture. Cela nous montre qu’elle essayera de vivre autrement, comme le titre du film l’indique « le ciel attendra ».

Nous avons ensuite participé à un débat sur ce film. Les participants étaient la réalisatrice du film, un professeur de droit qui est aussi membre d’une association, et son élève Abdoulaye venu de Corbeil. Durant ce débat, les élèves avaient le droit de poser des questions aux participants. La réalisatrice nous a dit qu’elle avait fait ce film seulement avec des filles car ce sont les plus sensible à ce sujet. De plus, elle a rencontré une trentaines de filles revenues de Syrie. Elle se posait beaucoup de questions sur les filles qui partaient. Ce film était donc pour elle un début de réponse. Les participants nous ont posé des questions pour connaître notre avis mais aussi pour nous inciter à réagir à propos de ce film. Quelques élèves ont raconté leurs histoires personnelles sur la radicalisation…

Pour finir, ce film a pour but de nous faire réagir face à la radicalisation, on ne doit pas laisser des personnes se radicaliser, on doit les aider, leur donner des conseils. De plus, il ne faut pas donner notre confiance aux personnes qui viennent nous parler sur les réseaux sociaux car ils ne sont finalement que des inconnus. Il faut en parler avec nos proches si cela nous arrive.

Nada Sharaf, Sirine.B, Inès Mebtoul

 

Compte-rendu du film « Le ciel attendra »

Synopsis : Mélanie, jeune violoncelliste, rêve d’un prince « arabe ». Sonia vit entre deux cultures qui souhaite mourir en martyr pour sauver sa famille. A travers ce film, on voit l’évolution de ces différents profils.

DSCN9011Plusieurs personnes se sont présentées après le film:
Une personne qui travaillait au Rectorat nous a présenté le numéro vert : 0 800 005 696. Elles nous a expliqué que c’est un agent spécialisé de la police qui prend l’appel et qui pose différentes questions sur la personne qui se serait radicalisée (absence à l’école, propos tenus, tenue vestimentaire, changements d’attitudes, etc.) Et, s’il y a un changement, il y a différents centres avec des médecins et des psychiatres qui font un travail d’accompagnement : Centre d’Évreux, Maison de Solenn, »Serge Effet ».

Ils ont déjà reçu 12 000 appels (dont 50% sont des mères de familles)

40-50% de filles signalées et on remarque qu’il y a de plus en plus de filles qui partent.
En général, les garçons qui partent en Syrie ont plus de 18 ans.

La tranche d’âge la plus touchée est entre 25 et 35 ans. Ces personnes viennent de tout les milieux et peuvent être des collégiens, des lycéens ou encore des étudiants.
Ce travail de prévention est mené avec des aumôniers et des mouvements scouts afin d’envisager la religion le plus pacifiquement possible et par choix individuel.
C’est un long travail d’accompagnement.

Conséquences : 10% de filles converties qui restent là bas ont à la charge des enfants qui vont devenir de futurs "combattants", ou bien elles essaient d’aider aux combats. Parfois certaines filles sont renvoyées de Syrie car les hommes ne peuvent plus s’occuper d’elles: elles se retrouvent livrées à elles-mêmes.

Question posée par les intervenants : Pourquoi la France et pas ailleurs ?
L’État islamique prend partout. Il n’y a pas de lieu prédestiné ou rêvé pour eux. Ils essaient d’embrigader partout dans le monde, le projet est de créer un pays. Le film est inspiré d’histoires vraies.

 

Ce qui est transmis dans ce film :

Les filles ne veulent plus être des « poules pondeuses » et veulent combattre comme les garçons. Elles veulent changer le monde.
Ce film permet d’aborder la question de la religion : on voit bien qu’il y a une différence entre devenir musulman par choix et se radicaliser.
Il permet de voir différentes situations dans lesquelles les parents voient leur enfant évoluer.
Les différentes prises en charge possibles. Et, pour les familles touchées, que faire?
Les différentes manières dont une personne peut être radicalisée.
On relève également la qualité du film qui transmet une image équilibrée de l’Islam sans faire d’amalgame.

Une élève évoque l’importance de vérifier ses sources d’informations et souligne qu’il faut lire le Coran et se méfier de ce que les autres nous disent.

 

Questions posées à la réalisatrice :

Q : Une suite ? Que se passe-t-il après ?
R : Une suite sera trop difficile à tourner et je ne souhaite pas mettre en danger les acteurs.
Q : Quel est l e message cherché ? Et pourquoi la présence de Dounia Bouzar ?
R : Daesh ne représente pas l’islam. On voit bien la scène qui distingue la pratique de l’islam de Jamila (l’amie voilée) et Mélanie. La présence de Dounia Bouzar est importante car elle nous fait comprendre que le problème de la radicalisation n’est pas simple et que les psychologues qui travaillent sur ce sujet ne trouvent pas tous la même réponse.
Q : Existe t-il un portrait robot d’une personne embrigadée?
R : C’est l’invention de chacun, c’est basé sur un mensonge. Par exemple, Mélanie a changé à cause de la mort de sa grand-mère. Et c’est à partir de cette base que commence l’embrigadement. Les djihadistes jouent avec l’imaginaire, les chansons sont douces, les images sont belles….
Q : Rapport entre le film et le titre ?
R : Le cinéma n’a pas de vérité: il y a plusieurs interprétations, et c’est là que c’est magique ! Mais le titre est personnel. Il signifie que la vie a besoin d’être vécue avant d’aller au paradis. Nous n’avons pas besoin de penser tous pareil, chacun interprète le titre comme il le veut.
DSCN8997 Q : Les témoignages sont-ils vrais ?
R : Pendant 3 mois, j’ai suivi l’équipe de Dounia Bouzar et des filles étant à différentes étapes de la déradicalisation. Parmi elles, il y avait une fille avec qui j’étais particulièrement proche et qui m’aidait à travailler avec les acteurs pour mieux représenter les scènes: elle était une des seules à être revenue de Syrie. Lorsque j’ai diffusé le film, j’ai demandé à ces jeunes filles ce qu’elles en pensaient. Elles se sont toutes reconnues et m’on dit « C’est mon histoire ! C’est ce qui m’est arrivé ! »
Q : Combien de temps avez-vous pris pour tourner et d’où vous est venue l’idée ?
R : J’ai pris moins de 7 semaines pour tourner. J’ai lu différents articles d’adolescents qui étaient partis en Syrie, et j’ai décidé de rencontrer les familles car j’avais envie de comprendre, de savoir pourquoi ils étaient partis. La rencontre avec les différentes filles m’a beaucoup aidé.
Q : J’ai remarqué que la petite sœur de Sonia porte le voile durant une scène, pourquoi ?
R : Les personnes qui sont radicalisées font souffir leur famille/frères/sœurs et créent des tensions. La petite sœur de Sonia cherche à attirer l’attention. Mais c’est aussi un miroir pour elle et cela crée un choc pour Sonia.
Q : Dans le film, on dit beaucoup de choses, il y a beaucoup d’information. Mais dans une scène avec les parents de Mélanie, l’un des policiers reste sans réponse, pourquoi ?
R : Les familles que j’ai rencontrées se sentent seules et ne trouvent pas les réponses sur les raisons qui ont poussé leurs enfants à patir. Il y a beaucoup de familles dans le désarroi. C’est donc un constat.

Q : Avez-vous été contactée par les pouvoirs publics ?
R : Apparemment tous les politiques et services publics concernés ont vu le film (étonnement dans la salle). Il y a peut-être un petit changement mais ce n’est pas énorme. Depuis 2014, l’Etat a mis en place des accompagnements (numéro vert) et des recherches sur ce problème sont financées par les pouvoirs publics.
Q : Combien de temps de décalage y a-t-il entre le point de vue de Mélanie et celui de sa mère ?
R : C’était l’année d’après.
Q : Comment les acteurs se sont imprégnés de leur rôle ?
R : Ce sont des acteurs, ils font leur métier et donc c’est leur travail. Et nous étions également aidés par les filles qui s’étaient anciennement radicalisées. Et je sais que l’actrice qui faisait Sonia (Noémie Merlant) s’est beaucoup préparée. Les acteurs se parlent entre eux et je fais également mon travail de réalisatrice pour les guider.

 

Louise Lin avec la collaboration d’Adèle Maugé