Décrypter les théories du complot 

Les classes de 4°1, 4°4, 3°1 et 3°2 ont chacune mené un projet d’éducation à l’image et aux médias, les ayant fait prendre connaissance des techniques du langage et de l’image propres aux théories du complot. En s’inspirant d’un travail réalisé en 2016 à Bondy, les élèves ont alors créé une vidéo conspirationniste, pour mieux en dénoncer les pièges du complotisme et y sensibiliser leurs auditoires.

 

Lutter contre les théories du complot et éduquer aux outils d’analyse critique des médias constituent l’un des axes du projet d’établissement, en voie de finalisation, du Collège Jean-François Oeben.

 

Via un projet de classe, les 4°1 et 4, les 3° 1 et 2 y ont consacré une dizaine d’heures chacune, en septembre. Le défi pédagogique se voulait simple dans l’énoncé, mais ambitieux en termes de réalisation : il s’agissait de s’inspirer d’un travail mené au Lycée Madeleine-Vionnet, de Bondy, en 2016. Sakina Benazzouz, professeure de Lettres-Histoire, avait proposé à ses élèves de seconde Gestion / Administration de créer une vidéo permettant de sensibiliser aux théories du complot, en mettant à jours les techniques utilisées par les complotismes pour diffuser leurs messages.

 

Le projet coordonné par Madame Benazzouz, bénéficiait d’une expertise technique et cinématographique avec William Laboury à la direction d’atelier ainsi qu’une direction de projet encadrée par Marie Doyon et Hugo Fonseca pour le BAL / La fabrique du regard, association à but non lucratif fondée en 2010 par Raymond Depardon (photographe, réalisateur et scénariste) et Diane Dufour (ancienne directrice de Magnum Photos, notamment).

 

La difficulté du projet résidait donc, pour ces quatre classes, dans l’absence d’accompagnement expert. Leur travail n’en est pas moins particulièrement intéressant, démontrant que l’édification d’un discours complotiste est accessible à n’importe quelle personne, qu’elle soit convaincue de son message car dépourvue des méthodes d’analyse critique nécessaires à en déjouer les biais, soit qu’elle soit sciemment engagée dans une falsification intentionnellement manipulatrice. Détournement d’articles (citations extraites de leur contexte), falsifications d’images via de simples logiciels de retouches, voire création complète de faux documents, ne sont que quelques-uns des ressorts du complotisme, révélés par les élèves, dans le sillage du projet novateur et pionnier de 2016.

 

Au-delà des quelques imperfections techniques, les travaux des classes de 4°1 et 4, 3°1 et 2 ont les mérites de l’engagement civique, de l’acquisition d’une culture de la rhétorique et de l’image, ainsi que de la pédagogie entre pairs.

 

Loïc Munier, histoire-géographie et EMC