Prévention de la violence par le jeu de rôle à l’école maternelle ( janvier 2011)

Serge Tisseron (psychiatre, psychanalyste, directeur de recherches à Paris Ouest Nanterre) propose le "jeu des trois figures".

  • Il affirme que pratiqué chaque semaine, il permet aux enfants de prendre du recul par rapport à l’impact des images sur eux, réduit les violences scolaires et en développe la tendance à faire appel à l’adulte pour résoudre les conflits.
  • Il est l’auteur de nombreux ouvrages, notamment sur les rapports des enfants avec la télévision ou les jeux vidéo.

Pour accéder à des présentations de Serge Tisseron :

Présentation rapide :

La démarche se décline en 7 consignes pour une séance qui dure environ 50 minutes. Comme on le constatera, l’enseignant n’est pas mis dans une position de psy ; il reste dans son rôle d’éducateur. De même les enfants ne participent pas pour dépasser des traumatismes mais bien pour apprendre à jouer, à faire semblant, à vivre ensemble...

  1. On va jouer comme au théâtre. La règle d’or est de faire semblant
    • on ne se fait jamais mal,
    • on fait semblant de taper, d’embrasser,...
    • dès qu’un enfant signale avoir mal, ou que les gestes prennent trop de réalité, l’enseignant arrêtera le jeu.
  2. Qu’est ce que vous avez vu à la télé qui vous a impressionné et dont vous auriez envie de parler ?
    • on part de la télé car tous la voient et cela évite d’aborder les situations familiales ou autres événements réellement vécus.
    • partir des images qui ont impressionné, en parler, jouer avec elles,... permet également de détoxifier ces images.
  3. Construisons un scénario simple. On ne perd pas trop de temps à le construire :
    • les scénarios doivent rester courts, ils reprennent 5 ou 6 actions et les paroles qui l’accompagnent.
    • l’enseignant suscite l’identification des trois figures : l’agresseur, la victime et le redresseur de torts.
    • que les rôles soient bien typés, dramatisés, voire exagérés va aider au jeu.
    • on notera que le redresseur de torts n’est pas un second agresseur, plus fort que le premier c’est un régulateur qui va, indirectement, introduire l’idée que les conflits se résolvent mieux si on fait appel à une instance de régulation extérieure, une autorité.
  4. Le scénario doit comporter des actions et des paroles. L’enseignant n’invitera pas les enfants à improviser car ceux-ci risquent d’être envahis par des problèmes qui les préoccupent. C’est la raison pour laquelle tout doit être prévu à l’avance, les actions et les paroles qui les accompagnent.
  5. Les enfants volontaires jouent alternativement tous les rôles.
    • l’enseignant demande aux enfants de se désigner seulement lorsque tout est fixé et a résumé scénario et règles du jeu.
    • le jeu se joue donc plusieurs fois ; si le scénario n’est pas respecté, le jeu est arrêté.
  6. On ne force personne à jouer, on ne propose à personne de jouer, il s’agit bien de volontariat. Le simple fait d’assister aux jeux est déjà une participation.
  7. L’enseignant n’émet aucun commentaire et ce tout au long de la démarche : il veillera plutôt à encourager les enfants d’autant plus qu’ils sont en difficulté pour jouer. Les enfants ne sont pas questionnés sur leur ressenti car on risque de les entrainer sur des pistes intimes qui ne concernent pas l’école.