
EXIL INTERIEUR
Lise Meitner, physicienne juive, collabore avec Otto Hahn à Berlin depuis 1907. Cependant, dès 1933, sa situation devient précaire. Lise choisit pourtant de rester jusqu’en 1938, quand elle est obligée de fuir. Elle rencontre Otto à Copenhague. Il lui raconte ses dernières expériences. Elle propose alors avec son neveu le mécanisme de fission nucléaire qui libère une énergie faramineuse. Mais Hahn seul se voit décerner le prix Nobel en 1944. 
PRIX NO'BELL
Jocelyn Bell fait sa thèse en astrophysique, à Cambridge, sous la direction d’Anthony Hewish, à la fin des années soixante. Elle est brillante, mais souffre du « syndrome de l’imposteur ». Elle le confie à sa colocataire et amie, Janet, étudiante en théologie. Elle découvre les «pulsars», mais peine à convaincre son patron de l’intérêt de ses observations. Pourtant c’est à lui seul que le comité Nobel attribuera la paternité de cette découverte en 1974.
« Longtemps, les femmes scientifiques ont été invisibilisées, même si elles avaient fait des découvertes majeures, qui ont parfois changé la face du monde. Privées des récompenses et de la reconnaissance réservées à leurs collègues masculins, elles ont été oubliées, évacuées de l’histoire des sciences. »
Cette série souhaite leur rendre justice, en racontant leurs histoires. Ces histoires, qui donnent lieu, chacune, à un épisode de la série, ont eu lieu à des époques, dans des pays et des contextes différents. Et pourtant, le scénario est presque toujours le même : une femme fait une découverte de grande valeur, en collaboration ou en compétition avec un ou plusieurs hommes ; ces hommes se battent pour être reconnus à leur juste valeur, les femmes sont oubliées, voire mises à l’écart, et elles pardonnent… Une même phrase revient dans chaque pièce : « Nous vivons dans un monde où les hommes s’entre-tuent et où les femmes pardonnent. » Les sociétés où ont évolué ces femmes sont finalement très semblables : l’unité de la scénographie viendra le souligner. Les hommes qui ont croisé le chemin de ces femmes ne sont pas particulièrement mauvais, ils sont simplement englués, comme les femmes elles-mêmes, dans un système qui met ces dernières systématiquement à l’écart. Certes, Lise Meitner avait le malheur d’être juive, à Berlin, sous le régime nazi, Jocelyn Bell n’était qu’une étudiante au moment de sa découverte et Rosalind Franklin est morte avant que soit décerné le prix Nobel pour la mise au jour de la structure de l’ADN. On peut s’accrocher à ces détails pour justifier, au cas par cas, leur mise à l’écart : la série nous montre, au contraire, qu’il faut en chercher la cause dans l’organisation sociale. »
Elisabeth Bouchaud