Monsieur Beneyton commença par répondre aux questions des élèves, puis il parla librement de certaines de ses peintures.

Julien Beneyton fit les beaux arts et reçut à l'unanimité les félicitations du jury. Pourtant, il se mit à peindre relativement tard, ne voulant pas du tout devenir peintre étant jeune. Il fait des études pour être graphiste, mais abandonne finalement une carrière de graphiste ou d’agent dans une boîte de publicité.

D’ailleurs, il n'estime pas le métier d'artiste comme un véritable métier, car il ne perçoit pas un revenu tous les mois, n'a pas d'horaires fixes et aucun véritable salaire ne lui est reversé. Peindre c’est sa vie : « je suis un peintre et je ne sais pas faire autre chose » et il ajoute : « Si je ne peignais pas, je serais quand même malheureux. »

Il peint dans le but d’être au plus près de la réalité, il ajoute qu’il « aime montrer ce qui ne va pas bien, mais pas de manière caricaturale ». Il peint en grande partie des personnes dans la rue, mais il dit ne pas avoir une démarche caritative. Il va à leur rencontre, il va leur parler et il leur offre toujours une copie de la peinture finale. Il prend toujours ses modèles en photographie mais pour son oeuvre "La discrète", il n'a pas pu. L’histoire de ce tableau est d’ailleurs assez touchante. Dans le quartier de Château Rouge, tous les soirs, en rentrant chez lui, il croisait cette femme et ils s'échangeaient des "bonsoir". Il finit par se dire qu'il fallait qu'il la peigne mais elle disparut avant même qu'il ne puisse lui demander, il ne put donc jamais la retrouver.

Il a beaucoup peint des rappeurs mais pour ses tableaux plus récents, (le tableau "La discrète" a été peint en 2000), il a voyagé en Mauritanie, au Maroc, à Amsterdam et aux Etats-Unis. Il a aussi représenté ses amis d'enfance et a produit une série de tableaux sur des éleveurs bovins. Techniquement, il se dit inspiré par les peintres de la Renaissance.

Ce peintre ne voit que les défauts de son travail, il ne le trouve jamais bon. Quand il peint, il ne ressent pas grand-chose, mais il a un rapport affectif à ses œuvres : « Au début, ça me faisait mal de vendre mes tableaux, comme si des morceaux de ma vie partaient », précise-t-il. Depuis quelques années, il se met à travailler par projets, en faisant plusieurs tableaux plus ou moins grands sur le même thème. En ce moment, il travaille sur la boxe où il retrouve des similitudes avec le métier d'artiste.

Après deux heures dans le préau du collège, nous sommes repartis heureux d’avoir rencontré un tel artiste.

Bahia, 4^ème C

Pour voir les photos de cette rencontre, cliquez ici