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Historique

              Historique de la rue des Panoyaux

 

 

 

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1889 Tout Paris - rue des Panoyaux

 

La rue des Panoyaux commence 130 boulevard de Ménilmontant et finit par un escalier qui mène rue des
Platrières.Elle appartenait à l'ancienne commune de Belleville, rattachée à Paris en 1860. 
Longtemps, la rue des Platrières ne fut qu'un sentier traversant un vignoble dit "le pas-noyaux", ses raisins étant réputés sans pépins.
En 1837, ce sentier devint une rue entre le boulevard de Ménilmontant et la rue des Amandiers.
En 1863, cette rue fut prolongée sous le nom de Chaudron (probablement patronyme d'un notable de Belleville).C'est en 1868 que l'ensemble prit le nom de rue des Panoyaux. 

 
D'après Jacques HILLAIRET, "dictionnaire des rues de Paris" edition 1985

 
 

                  Les pierres à plâtre ou la fin des Panoyaux

 

Ce vignoble du Panoyau, contourné à l'est par le chemin des Amandiers, était particulièrement convoité par les bourgeois de Paris. L'un d'eux, Jean de Cordes, avocat au Parlement, y possédait une portion de vigne qu'il faisait valoir, en 1548, moyennant 10 livres tournois par arpent, qu'il versait à son jardinier Nicolas le Cointe.

Ce dernier devait produire au moins 300 provins par an et par arpent, pour 'droit de bouge' et s'il en faisait d'avantage, il recevait 4 sols parisis pour cent provins(1).

Parmi plusieurs autres personnages illustres habitant cette région, "résidentielle ", à l'époque, nous voyons le garde des sceaux, messire Philippe Hurault, comte de Cheverny (1528-1599), seigneur de la Roquette depuis 1575. Il possédait une grande étendue de terre et de vignes au Bas-Belleville et il avait obtenu, pour son manoir de la Roquette, une concession d'eau prise sur l'aqueduc de Belleville, au Regard de la Roquette, qui renferme encore ses armoiries(38, rue de la Mare). La conduite souterraine, qui alimentait sa fontaine, longeait en partie le chemin des Amandiers.

Séduits par les charmes agrestes de cette région, les pères jésuites avaient acquis, au début du 17e siècle, à lest du chemin des Amandiers, au Mont-Louis", près de la Folie Régnault, des terres où ils édifièrent une maison de campagne, qui devint par la suite, la résidence du Père-Lachaise, confesseur de Louis XIV. (2)

Parmi les vignes du Panoyau et des alentours, des carriers extrayaient de la pierre à plâtre depuis le 13e siècle. Primitivement, ils étaient astreints à remettre en vignes les terres ainsi exploitées après quelques années, ce qui permit la coexistence de ces deux activités pendant plus d'un siècle. Mais le plâtre qui s'écoulait facilement vers Paris tout proche, était d'un si bon rapport que les carriers prient peu à peu définitivement possession du sol et même du sous-sol au détriment des vignes. On comptait par exemple, en 1470, entre Popincourt et la Folie-Régnault, 16 arpents de carrière dans une propriété de 21 arpents, primitivement plantés en vignes.

Lorsque l'exploitation souterraine du gypse se généralisa(aux 16e et 17e siècle), le transport du plâtre, dont la production s'amplifiait, ne put continuer à dos d'âne et de mulet. Il fallut faire appel aux chevaux et aux voitures. On voit par exemple, un plâtrier, habitant la basse Courtille, proche du chemin des Amandiers, louer en 1700, à un charpentier parisien, "quatre chevaux bidets entiers, dont un blanc, un gris blanc, un noir, un sous-poil souris, desquels le preneur se servira en son négoce de marchandise de plâtre, comme de bêtes de sommes et non d'attelages, moyennant 15 sols par cheval et par jour…. En outre, le premier s'oblige de nourrir et loger les dits chevaux, à ses frais, et les entretenir de fers et de brides, tant qu'il s'en servira, même les jours de dimanche, quoiqu'il ne pourra les faire travailler. Et si un des chevaux devient malade, blessé ou mort, par la faute du preneur, il s'oblige à dédommager le bailleur, en cas de mort, il paiera pour chaque cheval 20 livres, et en cas de blessure, aux dires d'experts…"

Notons, au passage, qu'à cette époque, un ouvrier agricole gagnait environ 8 sols par jour, en sus de sa nourriture, soit environ la moitié de ce que gagnait un cheval. Quant aux ouvriers carriers, qui n'étaient pas nourris, et qui chômaient en hiver, ils formaient la majeure partie des "pauvres de la paroisse" de Belleville.

D'après Emmanuel Jacomin

"75-20" septembre 1979.
 

(1)- Un arpent équivaut à 3419 m2. Le sol ou sou était la vingtième partie de la livre ; il se subdivisait en deniers. Un sol parisis valait 15 deniers, un sol tournois 12.

(2)- Les provins étaient des branches d'arbre, surtout des vignes, couchées en terre afin qu'elles produisent de nouveaux fruits.