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Rencontre avec Emmanuelle Souffi, journaliste

Ce mardi 29 mai, les élèves de 4ème B on rencontré Emmanuelle Souffi. Journaliste au JDD, elle travaille également pour le magazine Femme actuelle et intervient sur les chaînes de télévision Cnews et Public Sénat.  

Emmanuelle a présenté le métier de journaliste et a répondu aux questions des élèves sur les médias. 

Elle a commencé par nous expliquer qu'aujourd'hui, les journalistes travaillaient surtout dans un bureau et passaient beaucoup de temps au téléphone. En effet, envoyer un journaliste à l'autre bout du monde coûte cher. 

Par ailleurs, les journalistes sont spécialisés dans un domaine. Dans le cas d'Emmanuelle, il s'agit de toutes les questions sociales (grève SNCF, chômage, emploi, syndicats, conditions de travail dans les entreprises...).  

Comment le journaliste trouve t-il ses idées ? La question des sources

"En regardant la télévision ?" répond une élève. "Non, c'est plutôt l'inverse" corrige Emmanuelle. 

Un journaliste trouve ses idées :

  • sur le terrain (par exemple, il arrive qu'au cours d'un reportage ou d'une interview, un autre sujet lui vienne à l'esprit) 
  • dans les dépêches d'agence (ex : AFP). Les dépêches sont très factuelles. 

On ne va consulter les réseaux sociaux (ou alors seulement certains comptes émanant de sources fiables). Il faut se méfier de ce qui circule sur les réseaux sociaux (ex : on peut réutiliser de vieilles photos dans un autre contexte et les faire passer pour des photos récentes ou retoucher des photos, problème des "fake news"...).

La qualité première d'un journaliste est la rigueurIl faut recouper l'information. Il faut toujours avoir plusieurs sources d'information. Pour cela, les journalistes ont un gros carnet d'adresses (Emmanuelle a près de 4000 contacts dans son téléphone pour pouvoir à tout moment vérifier une information). Plus on a d'expérience et plus on a un gros carnet d'adresses. Emmanuelle nous explique que la semaine dernière, à 23h30, elle a dû contacter le rapporteur d'un texte à l'assemblée nationale parce qu'elle n'était pas sûre de la date de présentation d'un texte en commission mixte paritaire

Nous avons aussi évoqué la question des journaux gratuits et payants et des questions matérielles. Emmanuelle a fait circuler un exemplaire du JDD, et une élève a été surprise du format (plus grand qu'un journal gratuit, pas facile à lire car il faut le déplier) et de l'absence d'agraphes pour relier les pages entre elles. Puis nous avons évoqué la question des coûts (le prix du papier a augmenté et il y a eu une répercussion sur le prix des journaux) et des délais très courts (4h pour imprimer et distribuer les journaux). 

Combien gagne un journaliste ? 

Nous n'avons pas échappé à la traditionnelle question : "Combien gagne un journaliste ?". 

Au bout de 20 ans de carrière, un journaliste gagne relativement bien sa vie mais il faut relativiser :

  • la durée des études est très longue : aujourd'hui un journaliste est titulaire d'un Bac+5. Il a fait Sciences Po, deux années de master, une école de journalisme. Puis il a fait des stages (où il est payé 400 euros par mois). Deux ans plus tard, il peut espérer trouver un emploi plus stable et toucher entre 1800 et 1900 euros. 
  • un journaliste ne fait pas 35 heures hebdomadaires, mais plus de 40 par semaine. 

Conditions de travail

Nous avons demandé à Emmanuelle quand aurait lieu sa prochaine intervention à la télévision, mais elle n'a pas pu nous répondre: "on m'appelle à midi pour venir à 17h". Elle regrette de devoir travailler ainsi dans l'urgence car il faut se préparer un minimum avant d'apparaître dans une émission. En effet, il faut faire attention à l'image de soi et du journal qu'on véhicule. Il ne faut pas se décrédibiliser.   

 Les différents médias

Emmanuelle n'a jamais travaillé pour la radio, mais aimerait beaucoup le faire, et suivra une formation très prochainement pour pouvoir aussi intervenir à travers ce média. Un journaliste doit être polyvalent. 

Travailler pour la presse écrite est plus "exigeant" que pour la télévision car "on entre plus au fond des choses".  

Même au sein d'un même média d'information, le travail diffère. Ainsi, on n'écrit pas de la même façon pour Le JDD ou Femme actuelle car les lecteurs sont différents.  

L'avenir des différents médias

La presse va mal. "Je ne vieillirai pas dans mon métier" nous dit Emmanuelle. Même les chaînes de télévision traditionnelles voient leur audience baisser. Elles se demandent comment attirer les jeunes et les fidéliser devant un écran. Les nouvelles générations n'achèteront pas de journal papier. 

Emmanuelle demande aux élèves comment ils s'informent. Certains lisent parfois des journaux gratuits, une élève regarde le JT de France 2. Un élève mentionne "Google Actu." Emmanuelle précise que l'information n'est pas fabriquée par Google car Google n'est qu'"un agrégateur de contenu." Google récupère et "exploite" des articles écrits par des journalistes. 

La fiabilité de l'information 

Parfois, la presse s'emballe, les journalistes ne prennent pas le temps de vérifier la véracité d'une information dans leur course au scoop. Ainsi, lors des défilés du 1er mai, on a dit qu'un jeune serait tombé dans le coma. Mais le quotidien Libération a contre-enquêté et prouvé que cette histoire avait été inventée.

Les principales qualités d'un journaliste sont la rigueur et l'honnêteté. 

La diffamation, le secret des sources...

Une élève a demandé à Emmanuelle si elle avait déjà déformé des propos. Elle a répondu qu'une fois, elle avait publié quelque chose alors que la personne aurait souhaité que ce ne soit pas divulgué (mais elle ne le lui avait pas dit). 

Souvent lorsqu'un journaliste recueille des propos, il demande s'il s'agit de "on" ou "off" (est-ce quon publie ? ou non ? est-ce confidentiel ou non ?). Parfois, il faut changer un nom pour protéger la personne. 

Un autre élève a demandé à Emmanuelle si elle a déjà été poursuivie pour diffamation. Elle nous a dit que c'était arrivé une fois, mais l'action a été abandonnée faute de preuves. Elle avait fait une grosse enquête sur une entreprise (détournement de fonds..). Elle avait recueilli des témoignages de membres du personnel (dont elle n'avait pas divulgué l'identité). 

La liberté d'expression 

La rencontre s'est terminée sur la nécessité du travail du journaliste (grâce aux journalistes, on est informé de ce qu'il se passe en Turquie ou en Irak par exemple). On a cité l'exemple du président turc Erdogan qui a réagi violemment à la Une du journal Le Point. Le journal a été brûlé, des affiches arrachées. Le président Emmanuel Macron a réagi et dénoncé une atteinte à la liberté d'expression.  

Retour sur cette rencontre : Ce que les élèves ont retenu du métier de journaliste

"Le métier de journaliste n'est pas forcément comme on le croit, les journalistes ne voyagent pas souvent mais téléphonent beaucoup" / "Un journaliste est la plupart du temps une source fiable, il s'implique beaucoup pour vérifier si une information est vraie ou fausse. C'est un peu Sherlock Holmes"

"Le métier de journaliste c'est du travail et il faut au moins un bac +5"

"Le travail de journaliste est très difficile car le temps pour écrire un article sur une actualité est très court"  

"Le métier de journaliste n'est pas vraiment ce que je pensais, je croyais qu'on voyageait souvent et qu'on partait sur le terrain. J'ai retenu que dans certains cas nous pouvions avoir des problèmes avec la Justice."

"La journaliste aime son métier car il est polyvalent, on peut être journaliste radio, presse, télé." 

"Ce que j'ai retenu du travail de journaliste c'est qu'il faut toujours avoir de bonnes informations et parfois masquer l'identité de ceux qui nous donnent l'information" / "on peut recevoir des plaintes des personnes qui ne sont pas contentes du texte qu'on a écrit."

"J'ai retenu qu'il fallait être rigoureux et honnête dans son métier."

 "La journaliste travaille beaucoup :même le week-end et la nuit, 6 jours sur 7 , plus de 48 heures par semaine"

Ce qu'ils ont pensé de cette séance

"J'ai bien aimé car ça nous change des cours de d'habitude, et on pouvait directement interagir avec la journaliste". 

"Cette rencontre était intéressante car c'est bien de savoir les conditions de travail d'un journaliste."

"C'était bien, presque tout le monde a posé des questions et participé."

"J'ai trouvé ça gentil que la journaliste se déplace pour nous."

"Cette séance était très bien car ça nous a appris à connaître des choses qu'on ne savait pas."

"Je pense que pour être journaliste, il faut être patient, touche-à-tout et respectueux."