Le colosse

Le colosse : une oeuvre d'art dans notre collège

Pour la troisième année consécutive le Collège Paul Verlaine a la faveur d’accueillir dans ses locaux, une nouvelle œuvre d’art appartenant aux collections du Fond Municipal d’Art Contemporain (FMAC) de la ville de Paris. Elle est exposée depuis décembre 2018 sur le site Bercy, dans la salle d’Arts-Plastiques (Salle 30).

L’œuvre est intitulée Le Colosse; elle mesure 150 x 120 cm, est datée de 1995 et est réalisée à l’acrylique sur toile. L’artiste-peintre Alicia Paz, née en 1967 au Mexique, habite et développe actuellement son art à Londres.

L’artiste se nourrit d’images en tout genre, les recycle, les mêle, les met en dialogue et en tension visuelle.

L’œuvre présentée montre un «lapin Duracell», nettement agrandi par rapport à sa taille habituelle. On le voit repeindre, à l’aide d’un rouleau, dans un monochrome bleu roi ou cobalt, le fameux et emblématique Colosse, attribué par erreur à l’artiste espagnol Francisco Goya (1746-1828). Celui-ci serait sans doute l’œuvre d’un de ses assistants, Ascensio Julia (1760-1832), peint entre les années 1808 et 1812, et conservé dans les collections du Prado, à Madrid.

L’œuvre d’Alicia Paz met en scène à la fois une image sérieuse et tragique rapportant les évènements de la résistance espagnole lors de l’invasion de la péninsule ibérique par les armées Napoléoniennes, et une image burlesque et parodique totalement décalée appartenant à la culture populaire et publicitaire des années 80.

L’image met en tension et en disjonction, une image appartenant à la culture majeure et à la peinture savante, et une image appartenant à la culture mineure et au monde publicitaire mettant en vedette la mascotte de la marque «Duracell».

La peinture exposée joue sur ce métissage culturel. Elle produit un brouillage des codes iconiques et place le jeu pictural dans cette hybridité. La peinture fait un « arrêt sur image », interrompant les mouvements de troupes napoléoniennes et les gesticulations du fameux jouet, le lapin rose kitsch, figure emblématique des pouvoirs de la pile alcaline «energizer».

Le tableau se fait à cet égard, «territoire de fiction», espace d’artifice et de feinte, interrogeant le réel et la vraisemblance, les temporalités et les espaces des images, la référence et la citation en art.

Tous les élèves du site Bercy peuvent dès à présent voir cette œuvre picturale. Ils peuvent l’observer, en regarder l’ordonnancement, l’organisation, les nuances, les touches picturales volontairement brossées.

Un travail d’observation et d’analyse plus fine sera conduit avec toutes les classes.

 Le travail pédagogique mené avec les élèves :

 Mon objectif est de sensibiliser tous les élèves de l’établissement :

  • à la matérialité concrète de l’œuvre, aux effets sensibles que comporte l’œuvre (aplats, transparences, couches fines de couleurs se superposant, qualité des teintes et des nuances), répartition des masses obscures et claires ;  
  • à la démarche intellectuelle et artistique d’Alicia Paz et au problème soulevé par la «référence en art» ;
  • enfin, à la présence réelle de l’œuvre, son accrochage et sa présentation.

Une manière somme toute, de sensibiliser tous les élèves à l’Art, de leur en donner le goût, et aussi d’en envisager les questionnements qu’inévitablement il soulève.

Toutefois, un travail plus approfondi de pratique artistique sera mené avec les classes de 3ème. 

En effet, il sera demander aux élèves de 3ème, dans le même esprit que celui de la démarche artistique d’Alicia Paz, de proposer l’œuvre d’un artiste qu’ils apprécient et aiment et dans laquelle, ils feront apparaître un personnage ou un objet universellement connu, appartenant aux mondes de la bande dessinée ou de la publicité. Une manière de faire dialoguer le monde de l’art et le monde de la bande dessinée ou de la publicité, dont on sait aujourd’hui, combien les frontières sont ouvertes et fortement poreuses. Pensons ici, par parenthèse, à La Laitière (1658) de Johannes Vermeer (1632-1675) abondamment utilisée par la marque «Nestlé».

Les élèves de 3ème pourront ainsi s’interroger sur le statut des images, les questionner, les recycler, les parodier, les détourner, en un mot les copier et les créer.

Les élèves pourront à cet égard raconter une histoire, produire à l’instar d’Alicia Paz une fiction, inventer un titre à leur production. Le travail pourra en outre être réalisé en deux ou trois dimensions, faire appel à des mises en scènes et de présentations, des techniques traditionnelles et/ou numériques et contemporaines. L’enjeu étant d’être créatif et de s’adonner à la joie de créer.

La qualité de la production et du propos se fera dans le choix des images convoquées, dans la pertinence de leur mise en scène et de leur mise en dialogue.

Enfin, une exposition des travaux d’élèves sera présentée en fin d’année lors de la journée «Portes Ouvertes 2019». Et les productions les plus élaborées et plus abouties seront exposées sur le site de l’établissement.

 P. REGISTO, Professeur d’Arts-Plastiques