Qui est Jean-François ŒBEN ?

Qui est Jean-François ŒBEN ?

              Au cœur du XIIème arrondissement de Paris, entre Bastille et Nation, à quelques encablures du Faubourg Saint Antoine se dresse une façade courbe : celle du collège Jean-François ŒBEN, telle une mise en abyme de son espace circulaire intérieur.

        Cet établissement scolaire doit son nom à un célèbre ébéniste du XVIIIème  siècle. Johann Franziscus ŒBEN est né en Allemagne autour de 1720, il francisa son prénom en arrivant à Paris, ville où il passa la plus grande partie de sa vie. Sous la direction de prestigieux aînés, tels Charles-Joseph BOULLE des galeries du Louvre, il apprit à travailler le bois et à fabriquer du mobilier de luxe. Plus tard près du Faubourg Saint Antoine, dans un quartier qui comptait alors quelques cinq cents menuisiers et quatre cents ébénistes, Oeben se spécialisa dans la confection de meubles à systèmes autrement appelés « meubles à transformations ».

      Ainsi se fit-il remarquer par la cour royale et, en 1754, il fut engagé comme ébéniste du Roi – parmi beaucoup d'autres mais cela lui conféra, d'emblée, une reconnaissance importante et une certaine aisance financière. Pour Louis XV, il débuta la réalisation du « bureau à cylindre », achevé après sa mort par son disciple Riesener. Le bureau à cylindre qu'il imagina s'ouvrait sur le devant à l'aide d'une clef qui déverrouillait les tiroirs et laissait apparaître, après relèvement du système cylindrique ovale, un secrétaire superbement marqueté en bois de sycomore, de violette et d'acajou. Ce bureau devint en 1769, dès après sa livraison, le coffre-fort garant des secrets du Roi dans le Cabinet Doré du Château de Versailles. On l'y admire d'ailleurs toujours à cet endroit.

       A quelques pas de l'endroit où Jean-François ŒBEN ouvrit son premier atelier, se dresse aujourd'hui le collège qui porte son nom. Édifice moderne, le bâtiment a été conçu par l'architecte Jean-Paul DESCHAMPS. Celui-ci a su penser une infrastructure répondant aux exigences d'un lieu d'éducation tout en l'associant avec harmonie à son contexte urbain.

      A l'intérieur, les innovations architecturales sont également présentes : les salles de cours sont distribuées sur deux espaces circulaires, les aires récréatives sont sur deux niveaux, l'une en rez de haut,  l'autre au premier étage et les différentes pièces, salles de cours et de restauration, bureaux, CDI, etc. s'ouvrent au-dehors grâce à de larges baies vitrées. L'établissement, qui était auparavant rattaché à la cité scolaire ARAGO, a donc, dans ces murs, trouvé son autonomie.

        Il a ouvert ses portes aux élèves en 1995 ; les élèves ont eu tôt fait de s'approprier ce bâti pour en faire un lieu de vie et d'éducation.

 

Bibliographie :

Boutemy André, "Jean-François ŒBEN méconnu", in Gazette des Beaux Arts, Paris, 1964, pp 207-224

Raymond Pierre, Chefs d'œuvre des marqueteurs, Tome III, Henri Vial, Dourdan, 1999

Stratmann Rosemarie, Jean-François ŒBEN, 1721-1763, Paris, l'Amateur, 2002 (disponible au CDI)