Coordonnées

École élémentaire
9, rue Jomard
75019 PARIS

tél : 01 40 36 40 18
fax : 01 40 36 29 63


Les écoles-Rouvillain-rue-Jomard-e-cole PS

Sur les traces des origines de l'école Jomard

Pour retrouver des traces de l'école Jomard avant 1955,

Il faut se rendre aux Archives départementales de Paris,18 Bd Sérurier, 75019 Paris - 01 53 72 41 23.

Tous les renseignements pour y rendre se trouve sur le site : http://archives.paris.fr/

Les dates:

En 1843 : le terrain du 7-9 rue Jomard devient propriété communale.

De 1866 à 1887 : la présence de 2 écoles communales de filles et de garçons, est attestée, 6 Place de Bitche (le bâtiment de l'actuelle école maternelle Jomard).

En 1895 : l'architecte Jean-Alfred Leroux construit deux bâtiments de trois étages pour abriter deux écoles primaires laïques de garçons et de filles.

Pour retrouver l'histoire du collège Mozart: https://fr.wikipedia.org/wiki/Coll%C3%A8ge_Mozart

Sur l'architecture des écoles parisiennes de 1870 à nos jours, lire les travaux de recherches d'Anne-Marie Câtelet et particulièrement, son livre "Paris à l'école qui a eu cette idée folle",  paris à l'école...

https://www.pavillon-arsenal.com/fr/edition-e-boutique/collections/19-x-30/9167-paris-a-lecole.html

Voir aussi l'article : https://www.cairn.info/revue-histoire-urbaine-2001-1-page-205.htm

Les registres d'inscription aux archives:

Les registres d'inscription des élèves de l'école ont été déposés aux Archives départementales en 2007.

Ils couvrent la période de 1874 à 1955.

Avec les registres d'inscription se trouvent les répertoires alphabétiques des élèves et les registres de réception et de distribution des fournitures scolaires.

Les références sont : 2675W pour l'école des filles (d'abord 6 Place de Bitche puis au 9 Jomard) et référence 2672W pour l'école des garçons et cours complémentaire (d'abord au 9 rue Jomard puis au 7).

L'école de garçons du 7 rue Jomard devient le collège Mozart dans les années 60, le 01/05/1965 exactement.

Ces registres d'inscription nous renseignent sur la physionomie, les activités et la population du quartier.

Ils sont traversés par l'Histoire. L'histoire de l'école, de l'éducation et de l'enfance à travers les observations écrites à la plume à côté de chaque nom. L'histoire tragique des deux conflits mondiaux du 20ème siècle. Ils nous livrent le douloureux et insoutenable destin de certains des élèves de l'école entre 1940 et 1944:

  • Noms des anciens métiers : marinier, marinière, marchand de choux, cultivateur, scieur, tripier, monteur de chaussures, employé Felix Potin, docker, chiffonnier, fort des Halles, bobinière, vendeur à la sauvette, opérateur de cinéma, figurante, garde républicain, garçon de café, gardien de la Paix, bonne, femme de chambre, ouvrière TSF, tailleur, ébéniste, scieur, gazier, tourneur, bonne à tout faire, soudeur, fumiste, machiniste, soudeur, encaisseur, accordéoniste aveugle, égoutier, chimiste, employé PTT, porteur aux Pompes funèbres, transporteur, marchande des 4 saisons, marchande de bonbons, cimentier, manutentionnaire, chauffeur, manoeuvre, charbonnier, commis, livreur, tailleur, marchand de vin,  garçon de courses, bobineuse, casseuse de sucre, négociant en choux, gantier...
  • Des métiers plus connus de nos jours : instituteur, charcutier, brocanteur, chocolatier, entrepreneur, directeur d'usine, pompier, plombier électricien, photographe, commerçant, bijoutier, boucher, peintre, employé SNCF, boulanger, employé de métro, restaurateur, garçon de café, ingénieur, maçon, dessinateur, musicien, cafetier, nourrice, facteur de piano, cultivateur, vétérinaire, facteur, cordonnier, ...
  • Des observations qui vont revivre ce quartier populaire et industriel tout au long du canal: Guilbert : "petit marinier de passage, repart avec son bateau", Guy "parti à la campagne, n'est pas revenu en raison des difficultés et des dangers de l'existence dans les centres urbains", Marguerite, "marinier, amarré Quai de Seine, "marinier dont les enfants ne restent que quelques jours", "marinier au bord du 13 Vertus", "marinière, très polie, très douce, savait lire, écrire, compter", "négociant en choux à Verdun", "marinier à bord du Cacatoès", travaille "aux Canaux"...
  • Des observations terrifiantes permettant de voir défiler l'histoire de l'éducation, de la société et de l'enfance de la fin du 19ème aux années 1930. L'histoire des filles au 9 Jomard. Emma (1893)* "excellente se destine à être enseignante". "Enfant décédé".  "va au Lycée Lamartine" ou "au Lycée Jules Ferry  avec une bourse entière". Lucienne (1906)* "insupportable sous tous rapports, d'une brutalité révoltante avec ses compagnes, nature hirsute au physique comme au moral, incivilisée et incivilisable. Entrée à l'école libre". Marie "arrêtée à la suite d'une affaire de vol - a été mise dans une maison de correction. Simone (1904)* "mal tenue, brutale, malpropre, inexacte, résultats nuls". On peut lire : "De ces élèves qui exercent une mauvaise influence sur ses compagnes", "de caractère faible", "de conduite mauvaise", "de caractère faux", "intelligence nulle", "pas de travail", "pas de progrès", "élève paresseuse, n'aime pas l'étude", "intelligente mais molle", "conduite mauvaise", "enfant de mauvaise tenue", "caractère sournois", "intelligente mais d'une nervosité maladive". Georgette "intelligence nulle, a quitté l'école sans savoir lire". Huguette "prétentieuse, caractère difficile, intelligence moyenne, peu appliquée, devait aller au lycée". Geneviève "excellente petite fille, venue de Verdun (en 1918), y est retournée", "enfant anormale", "enfant douce et soumise mais d'une intelligence médiocre manquait continullement la classe pour garder ses frères et soeurs". L'histoire des garçons au 7 Jomard. Et la même violence dans les annotations des directeurs. Le registre du 7 contient d'ailleurs beaucoup plus d'informations même après 1920. Il y a celui "qui fait dans sa culotte et attend d'avoir 14 ans pour filer". Marcel (31)*, de "mauvaise conduite à l'école, cassait les carreaux, aucune observation ne le touche, se sauve de la cantine, vole les goûters de ses camarades... et puis avec une encre d'une autre couleur : menacé par les mesures antisémites quitte l'école pour la province, toujours instable". "accepté à l'essai suite à son exclusion de l'école de la rue de l'Ourcq". "Le plus bel exemplaire de paresse qu'on puisse imaginer." Les mères ne sont pas épargnées: Edmond (années 30)*, "le père était prisonnier et la mère menait une vie peu régulière. Rien n'a pu lui faire obéir à la loi sur l'obligation scolaire". "Sa mère (elle-même bizarre, vie étrange) dit : "il est un peu cinglé, je crois" (mère séparée, figurante de cinéma)"...
  • Et ces dizaines d'annotations dramatiques qui apparaissent :
    • à partir de 1914 : des orphelines et des veuves de guerre, les pères mobilisés, prisonniés,  les réfugiées de l'Aisne, Marie qui "vient de Belgique".
    • Entre les 2 guerres, l'arrivée de nombreuses familles de Pologne, d'Italie, d'Espagne.
    • la chute des effectifs à partir de 40 : le 02/09/40 : une centaine d'inscriptions, rentrées 41 et 42: 110/90, rentrée 43: 40. On observe une chute vertigineuse de l'effectif global de 42 à 44 et des nationalités presque exclusivement françaises. Sur ce sujet, lire le livre "Des milliers de places vides" écrit par un directeur d'école parisien qui s'est interrogé sur le message dramatique délivré par les registres d'inscriptions des écoles. Retrouvez la présentation de ce livre : https://www.ac-paris.fr/serail/jcms/s2_2439850/fr/des-milliers-de-places-vides-alain-wagneur-actes-sud
    • En 1940, l'école accueille pour 2 ans des enfants venus de l'école Barbanègre occupée par l'armée allemande.
    • A partir de 39, la colonne observations se remplit de points d'interrogation sur le devenir des enfants. On trouve encore: "père mobilisé, part à la campagne avec sa mère", "arrivé de zone libre"
    • Avec l'arrivée de la 2nd guerre mondiale, le registre de l'école des filles du 9 Jomard devient silencieux. Bizarrement il n'y a plus d'observations à partir du 1er oct 40. Un changement de direction en 40. La nouvelle directrice restera en poste d'octobre 40 à octobre 42. Quelle tragédie derrière ce nouveau changement? Une autre directrice restera, silencieuse d'octobre 42 à octobre 46.
    • Le directeur du 7 Jomard est déplacé d'office puis mis à la retraite au 01/10/1940. Le directeur de l'école Barbanègre (fermée) assure l'interim puis un instituteur de l'école. Un nouveau directeur est nommé de 42 à 45. Il part à l'école 35 Milton au 01/01/1946. Dans le registre du 7 Jomard, école des garçons on peut lire: En 43, Henri "part en évacuation, reste à la campagne, revient en 47". Isidore (32)* "parti en 42, caché durant la guerre 42-44. Il revient en 44". Maurice "parti en raison des persécutions à l'égard des Israélites et revenu en 44. Il fait une bonne année scolaire, trop jeune pour le CEP. Reçu en 5ème au CC commercial." Alain (30)*, rentré octobre 40, sorti le 21/01/1942, n'a pas reparu à l'école en 42". Samuel (30)* "bonne impression pendant son passage de quelques mois". Maurice (30)* rentré en octobre 1940 sorti en janvier 44... "par suite des mesures de police concernant les Israëlites, a cessé de fréquenter l'école" Avec une encre d'une autre couleur, En mars 45 vient voir ses maîtres, se présente bien, propre, soigné, poli. Est à la campagne, fait un peu de culture chez un tonnelier qui lui apprend le métier". Pierre (33)*, absent toute l'année de 42/43, revient à la rentrée 43, part en évacuation au printemps 44, ne revient pas". Benjamin (32), rentré 01/10/1940 sorti en juin 42 "par suite des mesures de police touchant les Israélites ne s'est pas présenté à la rentrée d'oct 42". Maurice(27)*, rentré le 01/10/1940, sorti en janvier 42, n'a pas reparu à l'école cette année scolaire.  Jean-Michel, "rentré en octobre 1940, a quitté l'école le 05/01/1942". Jacques (32)* "rentré en octobre 40, sorti le 21/01/1944. Touché par les mesures de police concernant les Israélites à la suite d'une visite domiciliaire en pleine nuit, n'a pas reparu. revenu en octobre 44. Sort en juillet 45, entrera au collège." Simon (32)* "rentré en octobre 40. Israélite dont la famille a été touchée par les mesures spéciales. N'est pas reparu en octobre 1943. Revenu le 15/10/1944". Raymond (32), "rentré en octobre 40, par suite des mesures concernant les israélites ne s'est pas représenté à la rentrée 1942. Revenu en octobre 44 et sorti en 45". Edouard (33)*, "parti à la campagne en juillet 43, ne s'est pas représenté à la rentrée 43, revenu en octobre 44". Jacques (34), par suite des mesures concernant les Israélites a cessé de fréquenter l'école début 44. Parti sans laisser d'adresse". Juin 43, Claude "en camp de concentration, n'a pas reparu en oct.44 après la libération"... Henri (31), arrivé le 01/10/1940, sorti le 01/10/1940. Simon (32), "Israélite menacé par les mesures de police. Ne se présente pas en octobre 42. Revenu en octobre 44". Nous les retrouvons tous les 2 ci-dessous...

      plaque 7 jomard 

      commémoration 

       

Alors arrêtons-nous devant ces plaques,

dans le hall de l'école élémentaire du 9 Jomard,

et dans celui de l'actuel collège, au 7 Jomard

pour que nous soyons les témoins actifs et vigilants

du destin tragique de ces enfants,

victimes de la barbarie nazie,

qui ont vécu ici,

dans notre quartier, dans nos maisons, dans notre école...

Retrouvez l'histoire de tous ces enfants dans le document ci-dessous...