Cette année l’Atelier a réalisé une série de travaux autour du thème : « Le motif de la fenêtre vu à travers les arts-plastiques et l’histoire de l’art ». Les productions des élèves ayant fréquenté l’atelier sont actuellement exposées sur un grand mur blanc de la salle 30, d’arts-plastiques. De nombreux travaux ont été réalisés par les élèves à partir de techniques diverses, voire mixtes (gouache, acrylique, pastel, crayons noir et de couleurs, collages, papiers collés, photographies, photomontages, techniques numériques etc…). Le motif de la « fenêtre » est présenté et représenté sous des points de vue différents, parfois en relation avec des œuvres existantes d’artistes peintres ou plasticiens. Les productions ont interrogé les grandes notions d’arts plastiques : graphisme, couleur, lumière, opacité, transparence, relief, espace, présentation, échelle et dimensions, en utilisant différents mediums, supports, matières. Les travaux oscillent entre productions intimistes (petits formats) et travaux de plus grande envergure (grands formats). Les élèves ont questionné le motif de la fenêtre dans ses formes, sa plasticité, sa fonctionnalité, sa symbolique. Certains élèves ont voulu s’affranchir de la forme standardisée de la fenêtre rectangulaire, en élargissant le motif de la fenêtre à celui d’un hublot de navire, d’un avion, d’un vaisseau spatial interstellaire, d’une voiture (pare-brise, miroirs de rétroviseur), d’un ordinateur allumé comportant des fenêtres ouvertes. D’autres ont relié la fenêtre avec la porte, la porte-fenêtre, ou la baie vitrée s’ouvrant sur un large paysage. D’autres enfin ont représenté des effets façon vitrail pour illustrer la fenêtre. Certaines productions se sont inspirées de la peinture d’Edward Hopper « Nighthawks » (1942), d’autres de la peinture d’Henri Matisse telle que Intérieur, bocal aux poissons rouges (1914), modifiant les points de vue de l’œuvre. Certains ont interrogé la question de l’image et de la brisure de la représentation au travers des bris de vitre, « Le soir qui tombe » (1964) de René Magritte, de la mise en abyme de la fenêtre dans la fenêtre ou du dialogue entre tableau et fenêtre comme « La condition humaine » (1933) de René Magritte. L’interférence entre fenêtre dans la fenêtre et fenêtre dans le tableau problématise l’image, ainsi que sa représentation. Ces associations contribuent à démultiplier les plans de la représentation ainsi que les espaces illusionnistes de la visibilité. Quelquefois, le travail dialogue également selon les modalités du diptyque ou du triptyque élargissant là encore le « regard du spectateur ». Le motif de la fenêtre a été représenté voire présenté comme une trouée dans un mur, un entre-deux, jouant entre l’intérieur et l’extérieur, l’obscurité et la lumière, le statisme et le mouvement. La fenêtre ne s’ouvre pas seulement sur un réel froid et dépourvu d’âme, mais un espace onirique et poétique exprimant chez les élèves un ailleurs, un imaginaire. Si le motif de la fenêtre a bel et bien été questionné par les élèves du point de vue de l’enseignement des arts-plastiques, la fenêtre en relation avec le cinéma (« Fenêtre sur Cour »), l’architecture (la fenêtre dans l’architecture du Centre Georges Pompidou ou de l’institut du Monde Arabe), l’installation (les œuvres in situ d’un Daniel Buren) n’ont pas été des thèmes abordés, quand bien même la problématique de la fenêtre aurait pu y inviter. Les élèves de l’Atelier ont également pu visiter l’exposition du peintre Anna-Eva Bergman au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, afin d’approcher la texture, les matières épaisses, les feuilles de métal (plomb, aluminium, cuivre, argent, or, aux qualités luminescentes) utilisées par cette artiste peu connue en France. Ils ont également pu voir une exposition plus conceptuelle, intitulée « Mondes parallèles » avec des artistes tels qu’Hubert Kiecol jouant du modèle de la maison architecturale avec des cubes ouverts et fermés en relation avec la fenêtre, ainsi que Marie Bourget qui a travaillé sur la « trahison des images », le miroir ne reflétant plus rien ou les Images réversibles (1990) à partir de la peinture « le Balcon » d’Edouard Manet (1868) conservée au Musée d’Orsay. En somme, cet Atelier a ainsi permis à chacun d’avoir une expérience individuelle, plus riche et plus approfondie des arts-plastiques, dépassant le simple champ du cours obligatoire hebdomadaire. La grande majorité des participants ont réussi à mobiliser leur créativité, leur sensibilité, leur imaginaire. Tous ont manifesté du plaisir à participer à l’atelier. C’est dire alors l’importance que revêtent les ateliers artistiques en général, car complétant le parcours scolaire obligatoire, ils contribuent à une action transformatrice des élèves en leur permettant de se construire et d’évoluer, peutêtre même en servant de déclencheur à leur réussite scolaire… Pierre REGISTO, professeur d'arts plastiques