Cette année-là… ce devait être la Promo (Jean) Rolin, mais notre parrain était en écriture jusqu’en décembre, puis le confinement nous a rattrapés.
Un étrange et poétique hasard a voulu que, dès septembre 2019, les professeurs de Géographie, Philosophie et Lettres s’étaient entendus pour tenter de réfléchir ensemble, dans leur discipline, à la notion d’ Habiter !
A partir de mars, cette idée a pris une singulière et forte signification avec le confinement.

Nous avons été heureux, malgré le chaos autour, de continuer à travailler et réfléchir ensemble, de mars à juin, bien que par écrans interposés… mais même ainsi, il s’est passé de belles choses.

A chaque lieu, deux exposés préparés par les étudiants, pour comprendre des temps forts de l’Histoire et nous inciter à mieux regarder autour de nous.

Place des Vosges : Histoire de Paris, et annonce de La Place royale, pièce baroque de Corneille, qui sera étudiée en mars en cours de Lettres.

Bastille : Histoire de Paris et traces… celles de l’ancien donjon : ville et musée ?

Institut du Monde Arabe : nous avons d’abord été reçus par la responsable culturelle de l’IMA qui nous a expliqué les origines, les statuts et les enjeux de fonctionnement de ce musée.
Les conférenciers nous ont ensuite guidés dans les collections permanentes autour de l’histoire des trois monothéismes, thème annonçant un des cours d’histoire de l’année, « Orient et Occident, aux XIIe et XIIIeme siècles ».

Jardin des Plantes : histoires d’un jardin, statut des serres et du Museum d’Histoire Naturelle. Annonce des réflexions sur les rapports entre science et philosophie, qui seront abordés avec M. Pépin. Et nous faisons connaissance avec un ancien botaniste du musée, devenu en cette rentrée littéraire personnage de roman : Mon ancêtre poisson, de Christine Montalbetti (éditions POL).

… et en fin de journée : retour au Lycée, où des « Anciens » (des 3 dernières promotions) viennent rencontrer les « Modernes » et leur dispenser de précieux conseils…

Chaque année un voyage d’intégration permet une approche transdisciplinaire d’un espace. En combinant des approches géographiques, historiques et littéraires les étudiants abordent de façon stimulante différents territoires.

* Regard géographique 

Le dernier voyage dans le Val de Loire a été l’occasion de travailler sur la sitologie des villes d’Angers, Saumur et Chinon. Nous avons également abordé le rôle du fleuve et son bassin versant en termes d’hydrologie, de climatologie mais également dans les dynamiques de la région. La Loire comme régulateur thermique pour des cultures délicates comme la vigne ou les fleurs mais aussi source d’eau froide pour EDF avec la centrale de Chinon. La visite d’exploitations agricoles permet aussi d’aborder la notion de terroir et d’ouvrir des échanges avec des producteurs locaux. La région est aussi envisagée dans le temps long et permet d'aborder le rôle historique du Val de Loire.

* regard historique

La variété des châteaux admirés (Saumur) ou visités (Angers, Chinon) amenait à des points sur l'architecture militaire et l'habitat seigneurial depuis le XIIe jusqu'au XVe siècle. Mais encore, la visite approfondie du château d'Angers permettait d'évoquer le resplendissant René d'Anjou (le « bon roi René ») et son rôle culturel et politique au cœur du XVe siècle ; celle, commentée, de la forteresse de Chinon a conduit à des précisions sur la seconde partie de la Guerre de Cent ans et, tout naturellement, la geste de Jeanne d'Arc sur les lieux mêmes de sa première et décisive intervention politique (la reconnaissance de sa mission par le « dauphin » Charles VII - 1429). Il est rarement donné, à un professeur comme à ses élèves, notamment en classes préparatoires, de revivre un moment d'histoire dans un cadre aussi prestigieux et splendide.

* regard littéraire

Nous avons commencé notre itinéraire par le sujet de l’Apocalypse, grâce à la visite de l’extraordinaire tapisserie présentée au Château d’Angers.

En amont, nous avons étudié le récit d’Apocalypse dans le Nouveau Testament, afin d’en comprendre les principaux aspects et, dans un premier temps, d’être capables de décrypter la tapisserie.
En aval, nous avons réfléchi aux enjeux des motifs apocalyptiques et des récits dits « post-apocalyptiques", dans la fiction contemporaine, notamment chez Antoine Volodine.