Hommage à Mme Ginette Kolinka au collège Beaumarchais

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À 96 ans, Ginette Kolinka, déportée au camp d’Auschwitz car elle était juive puis rescapée des camps, témoigne depuis plus de vingt ans presque chaque jour devant les élèves des écoles françaises.
Pendant plus de deux heures, les yeux presque clos, elle raconte, en montrant au fil de son récit au présent des photos imprimées.

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Elle raconte le déménagement familial en zone libre en juillet 1942, son arrestation avec son père et son petit frère le 23 mars 1944, leur transfert au camp de transit de Drancy où « la vie n’était pas si dure », la déportation dans le convoi 71 pour le camp d’Auschwitz-Birkenau un mois plus tard, ce temps d’enfermement et de travail où la vie n’est plus que survie entre la faim, les humiliations et les coups, le transfert à Bergen Belsen où elle contracta le typhus et enfin le retour en France, à Paris à l’hôtel Lutetia en juin 1945 puis auprès de sa mère et ses sœurs, mais sans son frère et son père tous deux morts à Auschwitz.

De sa vie ensuite, elle ne dit que peu de choses.
Pendant plus de quarante ans, Ginette Kolinka n’a pas parlé de son passé, ni à sa famille, ni à ses proches. Elle a travaillé sur les marchés, tous les jours et elle a aimé cette vie.
Puis l’envie de parler est venue, peu à peu, après le décès de son mari. Elle a commencé à témoigner, une première fois pour rendre service, puis de plus en plus souvent jusqu’à ne plus faire que ça.

Ne plus vivre que pour ça depuis bientôt vingt-cinq ans et être à ce jour, l’une des dernières témoins et passeuses de la mémoire de Shoah.
Après les nombreuses questions de nos élèves pour Madame Kolinka, vint le temps de la cérémonie et de l’hommage. En présence de sa famille proche, invitée surprise, les élèves ont chanté pour elle (et avec elle) sa chanson préférée du groupe de rock Téléphone, dont son fils Richard Kolinka était le batteur, une chanson par ailleurs toujours si actuelle: Je rêvais d’un autre monde.

 
C’est ensuite dans un silence solennel que Madame Kolinka est sortie du gymnase au milieu d’une haie d’honneur formée par les élèves et les membres du collège présents, un silence bientôt transformé en une pluie d’applaudissements; après quelques pas de danse, Madame Kolinka exprime sa grande émotion, partagée par tous.

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À mi-parcours, elle s’arrête quelques précieuses minutes pour interpréter pour nos élèves le chant des marais: « Ô terres enfin libres/ où nous pourrons revivre/ Aimer, aimer. »

 
Les applaudissements l’accompagnent enfin jusque dans le hall du collège, devant le drap qui recouvre la plaque posée la veille en son honneur.
C’est pour cela que cette année, plus que les autres encore, marquera longtemps nos esprits et nos cœurs.
En effet, Ginette Kolinka est une enfant du quartier : elle est née dans l’appartement familial de la rue Jean-Pierre Timbaud où elle vit encore aujourd’hui. Elle est la mémoire de notre histoire mais elle est aussi la mémoire de notre établissement.

À ce titre, cette année, nous souhaitions la remercier pour sa fidélité et sa parole auprès de nos élèves mais aussi graver dans les murs de notre collège de manière pérenne son nom et son action, en inaugurant, en son honneur et en sa présence, une plaque commémorative.
« Vous êtes ma mémoire », dit Madame Kolinka à nos élèves. « Après moi, vous devrez être les passeurs de mémoire ».

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Sous l’œil ému de plusieurs membres de la communauté éducative, la plaque dorée et élégante a été dévoilée et lue à notre invitée d’honneur avec laquelle nous avons ensuite partagé symboliquement quelques bulles de champagne.

Le témoignage de Mme Ginette Kolinka a inspiré un texte à Mme Chiara Mezzalama, parent d'élève du collège et écrivaine.

MERCI Madame Kolinka pour la leçon et la force de vie dont vous nous gratifiez chaque fois depuis trois ans, et à très bientôt.