Sortie à la Cartoucherie

Visite de La Cartoucherie, avec Vincent, comédien du Théâtre du Soleil par les élèves de 3D accompagnés par leur professeur de Lettres, Madame Baliki.

Visite de La  Cartoucherie, avec Vincent, comédien du Théâtre du Soleil

• De la boue…

• 14 limaces…

• 20 minutes de marche…

• Des chaussures pleines de boue…

Sur le long chemin de la Cartoucherie, nous avons marché 20 minutes sur les feuilles, la boue ainsi que les flaques d’eau. Nous avons fait connaissance avec de nombreuses limaces, ma foi sympathiques. Pour en finir avec tout ça, nous avons coupé par le bois. On a marché, on a rencontré des policiers sur des chevaux, on leur a demandé le chemin, on a marché encore, et encore…

mapemondeEt là ! Nous avons aperçu un portail bleu : enfin, nous étions arrivés : nous pouvions pénétrer dans le sanctuaire d’Ariane Mnouchkine : En face de nous, un jardin IMMENSE avec le Théâtre du Soleil, le Théâtre de l’Aquarium, le Théâtre de la Tempête et le Théâtre de l’Epée de Bois, l’atelier de danse de Carolyn Carlson. Il y a aussi un centre équestre, une petite école et un centre de loisirs pour les enfants des comédiens de la Cartoucherie.

Nous sommes accueillis par Vincent, un comédien de la troupe du Théâtre du Soleil, qui considère cet endroit comme sa maison. Il nous explique pourquoi cet endroit s’appelle  La cartoucherie : c’est en 1874 que cet atelier de poudre est construit : il s’agit d’une usine militaire qui fabrique de la poudre et des cartouches qui serviront à la première guerre mondiale, 1914-1918. Occupée par les Allemands lors de la seconde guerre mondiale, elle sera abandonnée avant de devenir durant la guerre d’Algérie un Centre d’Identification de Vincennes, centre de rétention destiné aux natifs d’Afrique du Nord et plus spécialement aux Algériens. Le Théâtre du Soleil s’y installera en 1970… C’est le début de leur fabuleuse aventure….

Après cela nous avons fait plus ample connaissance avec ce fabuleux endroit … 

La costumerie

Nous entrons dans la costumerie. A peine Vincent a-t-il commencé le récit descriptif des lieux qu‘un « atchoum » vient l’interrompre. C’est alors qu’il nous présente Annie (cachée derrière une table en train de nettoyer des tiroirs), une des costumières (enrhumée) de la troupe. Cela fait 25 ans qu’elle travaille en ces lieux. Une chance que tout le monde n’a pas, car elle a accès aux plus beaux, originaux et rares tissus (qui sont au fond de la grande salle, empilés sur des étagères par centaines) de France, du monde entier même. Des tissus venant de tous les pays des quatre coins du globe terrestre : du Japon, de Chine, d’Inde, d’Indonésie, de Corée, etc., du monde oriental quoi. Ses tissus ne sont, pour la plupart, plus fabriqués. Il y en a même qui étaient utilisés pour les habits des hommes ecclésiastiques (archevêques et autres). Après cela Vincent nous ouvre deux placards où sont rangés des costumes japonais, kimonos, akamas (pantalons-jupes large noir) et autres. C’est dans cette grande salle que Vincent nous décrit le mode de vie des gens qui travaillent aux théâtres de la cartoucherie c’est aussi à ce moment-là qu’il nous parle du masquelier que nous n’avons pas eu la chance de rencontrer, classé « monument historique » par les Japonais. Je devrais plutôt dire classé « trésor national vivant ».

La  salle de répétition

Nous rentrons tout doucement dans la salle de répétition, grande salle de près de 80m2.  Vincent allume les lumières et là...!

On découvre une trentaine de tentes orange et une tente verte : celles-ci  servent à héberger les Cambodgiens, venus spécialement pour le spectacle « L’histoire terrible mais inachevée de Nordoom Sihanouk, Roi du Cambodge » d’Hélène Cixous. Ceux-ci étaient donc tous logés dans la même pièce, la salle de répétition. Les plus jeunes sont âgés de 14-15 ans.

Cette salle sert pour les répétitions mais également pour les réunions de chaque début de journée. En effet, chaque matin, le ‘staff’ et les comédiens se réunissent  dans cette pièce et évoquent les problèmes du quotidien. Comédiens, ils ont en charge les locaux de la Cartoucherie, ils s’occupent des réparations, du nettoyage…Puis ils échangent leurs ‘visions’ autour de propositions théâtrales : en effet, les comédiens ne parlent pas d’idées intellectuelles mais de visions, ce qu’ils peuvent apercevoir dans leurs imaginations. Puis ils commencent le travail de répétitions après avoir été maquillés et costumés.

Les journées de répétition durent 5 à 6 heures par jour et augmentent au fur et à mesure des mois allant jusqu'à 23h voire 1h du matin quand il le faut à quelques jours de la représentation qui reste à l’affiche jusqu’à 1 an. Être comédien n’est donc pas de tout repos… Les comédiens travaillent 6 à 7 jours par semaine en temps de spectacle !

Le hall et la salle de représentation sont deux salles à ne pas manquer ; les décors y sont exceptionnels. Chaque détail a été réalisé en fonction du spectacle qu’il représente : l’Asie est à l’honneur avec des dizaines de bouddhas, peints sur les murs de couleur ocre.

Pour la petite anecdote, on raconte qu’un mystérieux personnage a fait son apparition, une tête de bouddha alors que Danielle, une des peintres, étalait l’enduit sur les murs.

Les comédiens n’ont rien à craindre, celle-ci a été interprétée comme une apparition divine, un signe de chance.

Alors, légende ou réalité ?  En tout cas, le présage n’a pu être que bénéfique à en juger par la pêche d’enfer de la troupe !

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les loges ne sont pas des coulisses réservées uniquement aux comédiens. Le théâtre du soleil est une famille, et elle permet ainsi aux spectateurs d’accéder aux loges et de créer un lien plus familier entre les acteurs et le public.

Cette petite pièce est aussi bien décorée que les précédentes : les couleurs, les formes, les peintures (système solaire, décors extraits des livres de Jules Verne)… D’ailleurs, ces nombreux détails ont suscité des crises obsessionnelles chez Nun : l’accord bleu et rouge, le système solaire avaient de quoi l’énerver !

Nous avons ensuite découvert la scène. Vincent nous a proposé de nous présenter chacun notre tour. Un peu hésitant, nous avons tous joué le jeu en criant notre prénom, à part deux ou trois élèves qui sont restés derrière le rideau, sans doute le trac de leur première entrée sur scène !                                                                                                                             

 Sur le retour...

Après avoir quitté la Cartoucherie, nous avons à nouveau  pris un petit sentier plein de boue : nous avons retrouvé les limaces, les escargots, les marrons, les glands, les feuilles mortes… Bref c'était un marécage. Avec l'aide de nos petits pieds, nous avons réussi à atteindre le métro.
Sur ce sentier bien humide, nous pûmes apercevoir une fleur dévoilant ses pétales au rayon du soleil.
Nous étions  portés par le doux parfum du bois humide.
Petit conseil pour les prochains venus : venez avec des bottes et ne portez surtout pas de blanc !