Voilà un nouvel ouvrage dont le contenu correspond parfaitement au titre de la collection ! L’auteur, architecte, urbaniste et psychologue du travail, porte un regard très original, et très critique, sur un certain nombre de réalités quotidiennes. Son objectif est de nous « apprendre à lire l’espace, en analysant ses agencements, ses fonctionnements et leurs significations », à décoder notre environnement familier, à observer les usages qu’il suscite ou encourage, ou qu’il prohibe. Cette attention particulière portée à l’espace se justifiant  par le fait qu’en constituant le cadre de nos vies, il nous impose des façons de penser, de sentir et d’agir, souvent sans même qu’on y prête attention.  Dans la 1^ère partie, elle s’intéresse aux espaces « de mobilité » (les routes et rues, les ronds-points et places) ainsi qu’aux « bulles dupliquées à l’infini » que sont les zones commerciales, les centres commerciaux, souvent à la périphérie des villes. Dans la 2^ème partie, elle étudie la mise en scène des « espaces de consommation » et montre que ceux-ci fonctionnent avec, pour objectif (dissimulé), d’étourdir et de séduire le consommateur et les subterfuges utilisés sont ici pointés. La 3^ème partie se penche sur la « passion de la transparence » qui a saisi la société moderne : elle induit une lutte contre le caché, l’opaque dont découlent de nouveaux modes de contrôle sur les individus. Efin, la dernière partie explore la « mise en scène de soi », qui passe par l’exposition à la caméra et à l’écran d’ordinateur et qui favorise l’apprentissage des espaces sans contacts physiques ; dès lors, il n’est plus certain que l’habitation constitue le dernier refuge de l’intimité. Livre étonnant et stimulant.