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Le jour d’après…, R. Reich

Ed. Vuibert, Février 2011

L’auteur, keynésien revendiqué et ancien secrétaire au travail de B. Clinton, montre d’abord que la crise de 2008 trouve son origine dans les excès, bien connus, de la finance ; mais l’originalité de son propos est de démontrer, en s’appuyant sur un parallèle judicieux entre cette crise et la Grande Dépression des années 1930, que la cause profonde, structurelle de cette crise est à rechercher dans la répartition inégalitaire des revenus (aux Etats-Unis).

Cette crise serait donc une crise autant sociale qu’économique et financière. En 1928 comme en 2007, plus de 23% du revenu total allait au 1% de contribuables les plus aisés (contre environ 10% des années 1950 aux années 1970). Or, quand s’observe une excessive concentration des revenus, « la demande globale tend à stagner car les plus riches ne dépensent pas tout ce qu’ils gagnent…, ils thésaurisent leur épargne, la consacrent à une spéculation effrénée ou …l’investissent à l’étranger ». Et le pouvoir d’achat disponible pour la consommation est alors insuffisant pour absorber tout ce que le pays peut produire comme biens et services. D’où une croissance économique durablement bridée.

Et, parallèlement, l’enrichissement des plus riches a contribué à alimenter une spéculation déraisonnable (boursière et immobilière), sans doute encouragée encore par une large distribution de crédits à taux très bas par les banques.

L’auteur met aussi en cause la mondialisation et l’automatisation dans le creusement des inégalités salariales et dans l’appauvrissement des classes moyennes, lesquelles ont tenté de maintenir leur niveau de vie en s’endettant…

Pour lui, il faut réinventer le « pacte fondateur » qui avait permis de sortir le pays de la Grande Dépression et, pour ce faire, mettre un terme à cette dérive inégalitaire qui dure depuis au moins trois décennies. Il suggère quelques pistes pour sortir de cette situation, en particulier une réforme radicale de la fiscalité, afin de la rendre plus juste (et plus écologiste) et une priorité donnée à l’éducation et à la formation, pour rehausser le niveau de qualification (et de rémunération) de la main-d’œuvre la moins favorisée et redonner à l’appareil productif des avantages comparatifs dans les échanges internationaux.

Livre très lisible, y compris par des élèves et étudiants. A recommander.